Le livre raconte l'histoire des Merry Prankster qui sillonnent les Etats -Unis dans un bus recouvert de dayglow, tout en se défonçant à l'acide. Ils sont menés par le célèbre Ken Kesey (One Flew Over the Cuckoo's Nest), charismatique leader qui veut leur faire vivre une expérience de déement de soi, à travers drogue et méditation, et qui tente d'établir une société sans ordre établi, chacun étant de vivre intensément "ce qu'il est". Au volant du bus, Neal Cassady, le grand copain de Kerouac et Ginsberg, héros de On the Road. Au final, bien sûr, la société des Pranksters n'a rien de révolutionnaire, ils adulent leur chef Kesey et ressemblent plus à de fanatiques et lobotomisés membres d'une secte qu'à des hommes libres.
Au programme défonce, trips mystiques et provocation de l'Amérique bien pensante. Le lecteur se trouve plongé au coeur d'une époque à laquelle régnait une autre philosophie qui semble un peu désuète aujourd'hui. Mais c'est justement ce qui est intéressant, j'aime beaucoup de manière générale les 50's, 60's et 70's qui sont des décénies de libération des pensées et des moeurs, de découvertes, de lutte contre le conservatisme.
Ce livre ne m'a pas déplu car je suis toujours intéressée par ce qui touche à la beat generation ou aux hippies qui ont suivi, mais il n'apporte pas grand chose au niveau littéraire. Ce n'était d'ailleurs pas son but, Tom Wolfe, journaliste à l'époque, y relate juste de manière plus ou moins objective les événements auxquels il a assisté en suivant la petite bande. Il est intéressant, mais rien à voir avec un Kerouac, qui par exemple dans "The Dharma Bums" raconte un peu le même genre d'expérience, mais de l'intérieur. Wolfe décrit ce qu'il voit, Kerouac ce qu'il pense, ce qu'il ressent.. En lisant le premier, les beatniks nous semblent une bande de camés abrutis, en lisant le second, ils nous semblent des philosophes cherchant à bâtir une nouvelle société, une alternative plus "roots", rejetant la consommation et la morale et se basant sur la nature, le sexe et la drogue. Avec Kerouac, qui décrit la philosophie se cachant derrière un tel mode de vie, je me prend à rêver à une autre société et je veux partir vivre toute nue dans une cabane au fond des bois à écouter la nature. Avec Wolfe, je me dis qu'ils étaient vraiment à l'ouest à l'époque.
En conclusion, le livre est intéressant, mais trop factuel, il ne conduit à aucune réflexion et au niveau littéraire, il ne présente aucune innovation, tant sur la forme que sur le style. L'âme de l'époque est perdue, mais on découvre ce qui s'y est é.