Op Oloop narre 19 heures 10 minutes de la vie habituellement millimétrée d'un statisticien finnois exilé à Buenos Aires qui part en vrille. Bouffées délirantes, accès de rage ou d'abattement, coma, perte complète de self-control, logorrhée, manie, fureur, apathie... le statisticien e d'instant en instant par tous les états et toutes les couleurs, souvent de manière impromptue, imprévisible et... difficile à suivre. Avec l'habitude, on en vient cependant peu à peu, à distinguer des motifs, des problématiques, des questionnements que l'on pourra librement choisir de retenir, ou de laisser de côté. Un peu à la manière de ce qui se produit dans les repas animés entre amis, comme celui qui occupe une bonne moitié du roman, durant lesquels les conversations s'entrecroisent, les interlocuteurs suivant une sorte de fil qui les relie temporairement à un voisin, puis à un autre et un autre encore, les premiers développant le sujet abandonné par certains avec d'autres, tous tissant ainsi ensemble une espèce de toile fractale ultra complexe, dont l'aspect global est impossible à appréhender, alors qu'il est aisé de suivre un seul de ses fils.
Finalement, Op Oloop m'a fait l'effet étrange d'un livre que l'on pourrait relire dix fois sans jamais y trouver la même chose. Ce qui m'a semblé aussi déroutant qu'intéressant.