Qui veut chevaucher le changement ?

J'ai trouvé ce bouquin un peu par hasard, en flânant sur des stands de bouquinistes. Spinrad, c'est une valeur sûre de la S.F, donc je l'ai acheté d'occase. Et sa lecture m'a confirmé que Spinrad est bien une valeur sûre : intrigue rythmée, écriture pleine de punch. Sauf que là, il ne s'agit pas véritablement de S.F, ce qui pourrait me conduire à affirmer que Spinrad est une valeur sûre de la littérature étasunienne. Enfin, il s'agit quand même de S.F, mais plutôt d'écrivains de S.F. D'un écrivain de S.F.

Je m'explique : arrivé au milieu du bouquin, je me suis souvenu que la scientologie avait été fondée par un écrivain (mineur, je crois) de S.F, un certain Ron L. Hubbard. Et comme il est essentiellement question d'une secte (le Transformationalisme, qui prône l'adaptation permanente de la personnalité aux changements) dans ce livre, qui plus est fondée par un écrivain de S.F, une petite lumière s'est allumée dans mon cerveau embrumé. Et d'aller voir la page Wikipédia consacrée à la scientologie (j'espère que l'I.A de Google ne va pas considérer que je suis attiré par ce genre de truc). Et là, il n'y avait plus aucun doute : trop de ressemblances entre les deux doctrines et les méthodes employées pour recruter des adeptes.

Du coup, ça prend un tout autre éclairage, bien sûr. Et on peut dire que Spinrad a la dent dure, par la voix de son narrateur, Jack Weller, qui se met en tête d'aller récupérer son épouse (totalement lobotomisée mais toujours amoureuse de lui) en infiltrant les transformationalistes et en y gravissant les échelons jusqu'à en accéder au sommet. C'est particulièrement bien pensé, avec un Weller qui oscille sans cesse entre la paranoïa et la lucidité, entre les tentations (une bonne position dans la hiérarchie de la secte présente certains avantages) et le dégout. Ça reste au final une dénonciation sans concession du modèle sectaire, y compris dans sa dimension économique, et - peut-être Spinrad règle-t-il au age un compte avec Hubbard - le grand gourou y est présenté, dans un final délirant, comme un mégalomane parfaitement répugnant, une sorte de figure que l'on pourrait d'ailleurs qualifier de "trumpienne" avant l'heure...

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Marcus31

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