L’étude de ce conflit permet une compréhension plus éclairée des dynamiques aujourd’hui à l’œuvre au Moyen-Orient. Les conséquences en sont toujours perceptibles. Présageant des futures guerres à venir et des évolutions du parti Baath, la guerre Iran – Irak a aussi largement contribué à l’institutionnalisation du pouvoir révolutionnaire à Téhéran, qui s’est servi du conflit pour mobiliser les ressources du nationalisme iranien au service de la République islamique. Exemple s’il en est d’un conflit multiscalaire, la guerre Iran-Irak a tissé nombre d’équilibres géostratégiques régionaux encore à l’œuvre. Sur le plan international, le conflit a mis en exergue l’implication devenue pérenne des puissances occidentales dans la région en lien avec à la sécurisation des approvisionnements énergétiques dans le golfe Persique. En témoigne l’épineux dossier de la libération des otages français au Liban, la guerre Iran – Irak a également servi d’incubateur du terrorisme au Proche-Orient.
Excellent connaisseur de la guerre, l’ouvrage de Pierre Razoux est extrêmement complet et fait référence. Très dense en faits, l’ouvrage gagnerait parfois à inclure davantage d’éléments de réflexion théorique sur le rôle de la construction de ce conflit par les différents acteurs. Certains articles mettent en avant la prépondérance de l’identité dans la constitution de l’altérité et du conflit, gardons-nous d’oublier que : « Wars begin in the minds of men » . La guerre Iran – Irak est un exemple particulièrement représentatif du processus social, politique et économique instable que constitue le frontalier. Elle rappelle également dans quelle mesure la frontière est intrinsèquement liée à l’identité et inévitablement au conflit.