Si vous êtes branché cinoche, vous connaissez peut-être l'excellente émission Crossed, présentée par Karim Debbache. Dans un de ses épisodes consacré à House of the Dead de Uwe Boll (sorti en 2003), il analyse cet épouvantable navet en affirmant qu'au-delà de sa nullité intergalactique, le film possède toutefois une qualité remarquable, c'est de valoir toutes les écoles de cinéma du monde en compilant en une heure et demie de temps toutes les erreurs qu'il est possible de faire en tournant un film.
Eh bien, Dackan Pja, entre ombre et lumière, c'est exactement la même chose: si vous voulez écrire un livre et que vous évitez toutes les erreurs que contiennent ces 254 pages de papier gaspillé, vous êtes sûrs d'écrire un bon livre.
Ca raconte l'histoire d'un mec trop d4rK, rescapé d'un accident de voiture, qui devient encore plus trop d4rK, avec des fraking yeux de démon démoniaque de l'enfer of the hell tou the d4rKnessxxXXX, qu'a peine tu lui demande pourquoi il porte des lunettes noires dans sa cuisine à 22h, il te terrifie en montrant un œil plein de haine haineuse du Lucifer de la mort qui tue.
Je ne vais pas vous spoiler toute l'histoire, ce serait dommage de er à côté d'un chef d'œuvre pareil. Résumons simplement qu'il poursuit des études à l'université, qu'il est aussi aimable qu'un videur sur les chaussures duquel tu viens de dégobiller, ce qui ne l'empêche pourtant pas de se faire des amis et de se taper le canon de sa résidence, qu'il lui prend l'idée de faire un album de musique dont les paroles des chansons feraient er Slipknot pour un groupe de bal musette chantant l'hymne à la joie dans le cœur des hommes tellement elles sont dépressives et plein, plein, PLEIN de DAAAAAAAAAAAAARKNESSSSS; qu'il tue six personnes devant témoins mais qu'il est relâché sans trop de problèmes, et que le plus invraisemblable reste qu'une suite à ce monument littéraire est prévue.
Ça donne un bouquin plein d'incohérences, de fautes d'orthographe, de répétitions, vendu trop cher et qui raconte une histoire qu'on jurerait tirée d'un skyblog du style "je hais ma vie j'ai connu des horreurs mais tu connais pas ma vie je veux mourir et puis d'abord j'ai un côté sombre en moâââ et puis de TOUTES FACONS LES PARENTS ILS SONT TROP NULS", racontée avec la plume d'un collégien émo-dépressif qui se scarifie avec des ciseaux en écoutant Linkin Park.
J'ai quelques remords d'être aussi critique, parce qu'on sent quand même bien (cela dit, a moins de l'écrire en lettres de sang en police d'écriture taille 879 sur la préface, difficile de rendre ça moins visible) qu'il s'agit d'une vraie vie marquée par des expériences difficiles et romancée, mais à ce point-là, ça ne peut pas constituer une excuse valable.
Trois choix s'offrent à vous, si vous réussissez à vous procurer ce livre: 1/ l'exhiber fièrement sur votre étagère pour pouvoir raconter à vos petits-enfants que oui, vous l'avez lu et vous avez survécu; 2/ l'offrir en cadeau à un ami, mais je vous conseille de le faire à un ami qui possède un solide sens de l'humour, ou 3/ vous en servir pour caler un meuble.