Journal de lecture - 2025

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Terminé le 1er janvier.

Ce cahier de poèmes court du voyage en Arménie (1930), qui fut pour Mandelstam une renaissance, à l'arrestation de 1934. C'est une part de son oeuvre moins connue que "Tristia" (1922), recueil qui avait obtenu un succès immédiat et traduisait un face à face virtuose avec la violence du premier XXe siècle, intégré au sein d'une vaste méditation sur les mythes antiques (notamment le personnage de Cassandre).

Ces poèmes sont écrits hors de tout espoir de publication: Mandelstam est en marge de la vie littéraire, parce qu'il refuse de s'inféoder au pouvoir soviétique, dit à qui veut l'entendre sa haine de Staline, sait et accepte que sa parole libre le mène à une mort certaine. Il y est donc plus libre, moins référencé, plus personnel. Il conserve son art de la syncope, mais le contexte est plus moderniste. Il fait face à la banalité quotidienne, satirise la bêtise de la société soviétique des années 30.

On se sent proche de lui, on sent l'épaisseur de son destin, de ce qu'il sent être son approche de la mort et, dans cette approche, la poursuite des visions, de l'inventivité prosodique et thématique.

Il y a une lutte, par la poésie, pour rester digne face à la brutalité des pouvoirs. Mandelstam fait partie de ceux qui l'ont menée avec la force la profonde.

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Terminé le 2 janvier.
Une nouvelle sur un crime homophobe, rédigée selon deux principes : 1° Une seule phrase, longue coulée pour suspendre et renforcer l'incohérence et la brutalité du monde. 2° Le fait de ne pas nommer directement le crime (même procédé que dans "Récitatif" de Toni Morrison, où c'est la couleur de peau qui n'est pas nommée, alors qu'il s'agit d'un texte sur le racisme).
La ligne stylistique peine à se maintenir jusqu'au bout ; on termine sur des notes plus banales que ce que le début laissait espérer.

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Terminé le 3 janvier.
Mis du temps à terminer cette somme.
Évidemment une grande œuvre, matricielle dans sa somme première, et dans ses commentaires qui explicitent une thèse désormais fameuse : les avant-gardes du XXe siècle opèrent un retour vers la poésie originelle. ("Le postmoderne est antéarchaïque", comme le dit si bien Pascal Quignard.)
Parmi les réussites de la composition, il y a le décentrement : les extraits bibliques et shakespeariens sont extraits de leur aspect classique pour devenir des textes premiers parmi d'autres.
Sur la fin, j'ai été un peu lassé par l'obsession sexuelle des choix. C'était l'époque, c'était nécessaire, peut-être.

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Terminé le 4 janvier.
Très peu satisfait de cet ouvrage-ci, qui se satisfait d’hypothèses biographiques pour expliquer les œuvres, en allant rarement dans la matière de leur composition, et en faisant l’ime sur les questions religieuses posées par plusieurs de ses œuvres.

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Terminé le 11 janvier.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/01/12/poesie-du-dimanche-2-laura-vazquez-le-livre-du-large-et-du-long/

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Terminé le 14 janvier.
Au rythme de six pages par soir, j'ai lu l'intégralité d'Harry Potter à ma fille. Depuis l'année dernière, nous sommes dans Le Seigneur des anneaux. Nous finissons aujourd'hui "Les Deux Tours".
L'une des heureuses surprises, c'est que l'histoire avec les Ents est d'une intensité très supérieure dans le livre, par rapport au film (qui a choisi de mettre l'intensité dramatique sur la bataille du gouffre de Helm). La séparation en deux (Frodon, Sam et Gollum occupent une deuxième partie de l'ouvrage) permet de séparer les deux inspirations de l'oeuvre : la fantasy guerrière pour la première partie, la Quête dans la deuxième, avec une catabase digne des meilleures.
La vérité, c'est que je ne m'attendais pas à ce que ce soit si bien.

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Terminé le 18 janvier.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/01/19/poesie-du-dimanche-3-dominique-quelen-profil-elegie/

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Terminé le 24 janvier.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/01/26/poesie-du-dimanche-4-esther-tellermann-selon-les-sources/

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Terminé le 28 janvier.
Ce dernier tome poursuit très longtemps sur l'intensité de "La Forêt sombre", à mon avis indéniablement un chef-d'œuvre. L'art du twist est poussé à une grande virtuosité : chaque nouvelle centaine de page nous amène dans un cadre narratif et conceptuel complètement nouveau.
Pas entièrement emballé par la toute fin. Disons, les cent dernières pages : elles ont certes leur beauté et leur sens, mais il semble que Cixin avait ouvert des possibilités immenses, qu'il a choisi de clore brutalement pour terminer sa trilogie. Il n'a visiblement pas voulu laisser une fin ouverte propice aux continuateurs. Comme dans la plupart des univers de ce type, il me prend des envies de fan fictions.
Mais bon, 800 pages de très haute intensité, cela valait tout de même la peine.

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Terminé le 1er février.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/02/02/poesie-du-dimanche-5-stephane-bouquet-un-peuple/

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Terminé le 9 février.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/02/09/poesie-du-dimanche-6-adrienne-rich-le-reve-dun-langage-commun/

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Terminé le 11 février.
Ce petit recueil d'articles a le mérite d'éclairer d'une part l'activité journalistique de Marx, -activité qui fut, en nombre de pages, sa plus productive ; d'autre part, les vues de Marx et Engels sur la colonisation anglais en Asie, dans le cadre de l'actualité telle qu'ils la percevaient avec les informations disponibles ; enfin, il peut servir de porte d'entrée à tout le travail ethnographique qu'entreprit Engels dans une deuxième partie de sa vie.
La critique du colonialisme prend plusieurs formes, dont d'abord celle classique de la dénonciation des massacres commis. Néanmoins, l'analyse devient rapidement économique et sociale : Marx particulièrement analyse la déconstruction des structures économiques et sociales lors de la colonisation de l'Inde, ceci menant à la fois à une appauvrissement de la population indienne, puis à des coûts immenses pour l'Angleterre, qui tente d'implanter de nouvelles structures inappropriées, et tombe dans un gouffre financier. L'analyse des luttes de pouvoir au sein de la Compagnie des Indes puis de cette Compagnie face au pouvoir central anglais, est également salutaire. Avec, chez Marx, l'affirmation qui deviendra classique pour les anticoloniaux d'inspiration marxiste : haine contre la colonisation, absence de tendresse pour les sociétés autoritaires (religieuses/patriarcales) qui l'ont précédée. Cette double pince sera le grand abîme des luttes décoloniales, la grande question : retour en arrière, ou reprise du capitalisme à son propre compte, ou émancipation par l'inspiration marxiste. La faille n'est pas refermée.

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Terminé le 14 février.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/02/16/poesie-du-dimanche-7-intermede-robert-juarroz/

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Terminé le 20 février.'
C’est un chef-d’œuvre. Dans la littérature concentrationnaire, on pense souvent au récit du age au camp ; et d’ailleurs, quand on pense à Primo Levi, on pense d’abord à Si c’est un homme. La Trêve travaille un thème qui me touche particulièrement : le retour du camp. Le chef-d’œuvre du genre est vraisemblablement Mesure de nos jours, le dernier tome de la trilogie de Charlotte Delbo sur Auschwitz, où elle raconte les différents retours de ses camarades survivants, -chaque retour fonctionnant comme une sorte de conte cruel. Mais La Trêve se concentre uniquement sur le voyage de retour : de camp de réfugiés en camp de réfugiés, dans l’anarchie de la Pologne conquise. Peu à peu, le genre dominant devient le roman picaresque : le narrateur arrive dans un camp, fait de nouvelles rencontres, doit se débrouiller pour trouver des vêtements et de la nourriture. Tous les personnages sont exceptionnels : entre le Grec de Salonique avec qui il forme une sorte de duo Quichotte/Pança, puis les Italiens qui, dès qu’ils sont remis du typhus, ne pensent plus qu’à courir la polonaise, les soldats russes bourrés toute la journée, on rit. On rit beaucoup, même, au-milieu des ruines de l’Europe. Désespéré, Primo Levi l’est toujours, dans ce livre, mais le monde est bien trop grotesque pour qu’on puisse ne pas rire, -de cela aussi, on pourrait désespérer, mais on est trop occupés à pouffer. Ce mélange de rire franc et de désespoir profond, c’est la marque de la littérature que j’apprécie le plus, et qu’on trouve souvent chez les auteurs espagnols, mais aussi les quelques hongrois que je connais, et quelques italiens aussi. (Chez les Français, les Allemands et les Anglais, le grotesque est souvent bien lourd, il est désespérant par lui-même, alors que chez les Espagnols le grotesque est franchement drôle, alors qu’il côtoie le désespoir.)

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Terminé le 21 février.
Le théâtre politique a du bon. Shakespeare au Congo a de la gueule. Césaire saisit une complexité, un moment où la violence de l'histoire se prête à la tragédie, avec Lumumba en héros orestien. Il interroge aussi la structure du coup d'État, qui sera un grand thème des récits concernant l'histoire postcoloniale (ou néocoloniale) de l'Afrique.

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Terminé le 25 février.
La cruauté de Toni Morrison pousse parfois bien loin. J'aime sa prose, ses jeux de narration, qui donnent une grande profondeur par exemple à la troisième partie et à l'histoire de Booker, qu'on attendait.

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Terminé le 27 février.
Si je reviens chez Tacite, c’est parce qu’il y a de l’aplomb dans sa phrase. Bien sûr en latin, mais aussi dans n’importe quelle traduction. (J’aime avoir le latin à côté mais, dans cette langue comme dans les autres même quand je les maîtrise bien, je préfère commencer par le français et vérifier ensuite dans l’original, faisant probablement l’inverse du sens logique.) Il y a sa manière cinglante de dresser le portrait, d’un personnage ou d’un peuple. Toute sa recherche consiste à donner des caractères de chefs : mauvais chef, bon chef. Il distribue les points depuis ses hauteurs, d’où il regarde la tourbe des empereurs violents et des peuples médiocres.

Dans La Germanie, deux failles amusantes : sa description des Haries, qu’il considère comme le peuple germain le plus effrayant ; -une note de bas de page indique que ce peuple n’existe pas. La toute fin du livre se termine par l’aura de légende quand on approche de l’actuelle Russie : il y aurait, à ce qu’il a entendu, des guerriers mi-hommes mi-bêtes. La dernière phrase contient son refus de trancher sur leur existence ou non.

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Terminé le 1er mars.
Quelque peu déçu par cet ouvrage : ses promesses ne sont pas suivies d'effet. Le propos s'annonce esthétique, mais débouche sur une rêverie vague, dont il est difficile de saisir les tenants et les aboutissants. Je me suis demandé si c'était moi qui lisais de manière trop inattentive, trop légère, comme cela m'arrive trop souvent en philosophie. Mais plus je me concentrais sur tel ou tel age, et plus tout le semblait obscur.

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Terminé le 2 mars.
Déçu par le livre précédent, je commence "Les Raisons de l'art" de Jacqueline Lichtenstein. Néanmoins, je dois amener mes filles faire du vélo, et donc prendre un livre de poche, qui rentre dans ma veste, pour lire accoudé à une barrière pendant qu'elles font des tours sur les hauteurs sans voitures du village. Je prends donc le premier livre sur la pile, à savoir celui-ci.

Je l'ai lu d'une traite dans la journée, comme on lit un récit haletant. On n'a pas le temps de s'ennuyer : chapitres courts, tout incisif, un voyage dans le connu et le moins connu, toujours sur le mode de l'uchronie. Les petits essais qui composent le livre (douze, plus le prologue et l'épilogue) sont de mieux en mieux : le titre aguicheur et commercial trompe sur le marchandise, je m'attendais à beaucoup moins bien que cela, et en le refermant je ne peux que dire des banalités de type : c'était génial, j'ai adoré, lisez-le.

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Terminé le 5 mars.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/03/09/poesie-du-dimanche-8-bertrand-gaydon-sonnets-de-la-betise-et-de-la-paresse/

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Terminé le 7 mars.
Léon Tolstoï étend le principe zolien du "comment on meurt". (Ivan Illitch lit Zola, on peut donc considérer la référence comme évidente.) Seulement, il y ajoute une dimension qu'on pourrait qualifier d'"existentielle", beaucoup plus nette que dans les nouvelles de Zola. C'est le trouble métaphysique du personnage principal, sur la fin, qui justifie le succès de l'oeuvre, plus que son travail réaliste. C'est, comme le dit Zweig dans son livre sur Tolstoï, la contemplation du néant, du vide, de l'absolue vanité des soufs et de la mort, qui font la nouveauté de cette oeuvre, son vertige terrifiant. Sans doute est-ce un livre désespéré, annonçant la conversion de Tolstoï, -chaque conversion est précédée d'une crise profonde. Ivan Illitch contemple le vide de la vie qu'il a vécue, et nous interroge : toi, lecteur, vis-tu une vie riche de sens ? À ta mort, regretteras-tu de n'avoir pas vécu ?

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Terminé le 8 mars.
Le livre présente un abord engageant. L'autrice reprend son apport théorique majeur : l'analyse des discours, conférences et débats de l'Académie des Beaux-Arts au 17e siècle. Cela lui permet de détruire le mythe d'un classicisme français rigoriste, cet homme de paille inventé par les romantiques (qui avaient affaire à la sclérose des académiciens de leur époque, -mais les classiques étaient des modernes à leur époque).
C'est par la suite que le contenu s'effiloche, notamment dans la quatrième et la cinquième partie. Le livre part en pamphlet, certes parfois réjouissant (dézinguer Heidegger et Derrida est toujours une partie de plaisir), mais n'avançant plus rien de neuf. On attendrait des concepts ou des idées, autre chose qu'un simple scepticisme vis-à-vis de la chose philosophique, mais un contre-discours plus construit. Ce simple scepticisme, issu explicitement de Wittgenstein, se contente de dire que tel ou tel propos philosophique est faux. Elle designe des ime, mais pas vraiment d'horizons ; les premières parties en laissaient entrevoir, les dernières les brouillent. Peut-être est-ce un souci de construction du livre, où le propos profond est mis à l'avant, pour que le lecteur soit rassuré quant au sérieux de l'oeuvre, tandis que le pamphlet énervé arrive sur la fin ? Si on s'arrêtait vers la page 120, on pourrait considérer ce livre comme grand (c'était mon cas) ; quand on arrive au bout, plus tellement.

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Terminé le 8 mars.
Mon intérêt pour la rhétorique est constant depuis le lycée, même si de longs mois se ent sans que je ne lise rien concernant cette discipline. Acheter le volume de Tacite chez Robert Laffont me permet de plonger dans cet opus-ci, que je n'avais jamais lu jusqu'ici. Dialogue simple, riche, d'un intérêt historique et intellectuel certain. Comme dans les bons dialogues de Platon, chaque personnage a un aplomb formidable, pas seulement le "porte-voie" de Tacite, qui défend certes vertement la rhétorique classique.

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Terminé le 10 mars.
Après le Focillon et le Lichtenstein, je me trouve à continuer l'exploration esthétique. Je reviens à Baudelaire parce qu'Anaïs m'a offert un volume des "Écrits sur l'art". Ce premier salon est sans doute le moins connu, c'est celui de l'année suivante qui contient les ages les plus fameux. On y voit Baudelaire plutôt dans la filiation de Diderot, mais affirmant déjà ses positions principales : le fait plutôt que le fini, l'imagination novatrice plutôt que la perfection technique, le mouvement plutôt que l'harmonie, le nouveau plutôt que le déjà-vu. Tout est à l'emporte-pièce, dans un grand tourbillon, -l'art de l'épigramme en prose est toujours agréable, -que Baudelaire emprunte ici le style de Diderot ne change rien à l'affaire, -il n'y a pas à pardonner cet emprunt, car tout est très bien.

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Terminé le 14 mars

Quand je commence la lecture d'un récit de voyage, je compte les pages avant la première généralité banale ou stupide sur l'ensemble d'un peuple. "Avec les fées" de Sylvain Tesson m'offre aujourd'hui le beau score de huit pages. C'est sur les Celtes; on me dira que ça change de ses habituelles saillies racistes contre les musulmans. Cela reste pas terrible.

Le style commercial contemporain. Les phrases courtes. Les phrases nominales. Tout le temps. Que c'est pénible. Un mot technique ou relativement rare par page pour montrer le savoir. Une citation de poète par-ci par-là, une référence à un livre pour combler les lacunes de récit, d'analyse et de description. J'ai l'impression d'avoir déjà lu dix fois ce livre.

On me dira que le style est moins grave que les relents rances. Cependant, j'aime rappeler que les lecteurs conservateurs, qui prétendent souvent aimer les écrivains pour leur style (contrairement, selon eux, aux "gauchistes qui lisent tout sous l'angle politique"), lisent en fait des écrivains au style médiocre, qu'ils aiment en vérité (consciemment ou non) parce que ce sont des écrivains tenant des propos racistes ou misogynes ou autre.

Je ne m'étendrai donc pas sur son incapacité à décrire correctement un paysage. Ni sur ses "pensées" aphoristiques, tantôt gnian-gnian, tantôt de critique superficielle sur la technique. La technique, c'est mal, sauf les caméras qui le suivent partout pour immortaliser le fait qu'il est seul (?) dans la grande nature. le pire est sans doute son incapacité à décrire la moindre personne : les mecs sont baraqués et boivent de la gnôle, les femmes ont des seins, c'est globalement tout ce qu'on retient.

Pourquoi l'avoir lu, alors que j'en ai déja lu plusieurs de lui? Parce que des collègues le donnent en cours; parce que ça a eu son petit succès, aussi, je m'informe; parce que lire de mauvais livres est très instructif.

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Terminé le 15 mars.
Ce recueil d'entretiens est un peu court, on le termine en restant sur sa faim. La postface de Françoise Vergès prend un long temps pour présenter les études postcoloniales, d'une manière assez confuse (le name-dropping est interminable). J'y reviens parce que la scène de rencontre avec Léopold Sédar Senghor, au début du livre, est une des plus puissantes qu'il m'ait été donné de lire. Tout le début de l'entretien, sur la jeunesse et la formation de Césaire, me paraît essentiel. Lui laisser le temps de développer sa pensée politique, plutôt en fin d'ouvrage, était aussi d'un grand intérêt. Mais, vraiment, on aurait aimé une ampleur bien plus grande, quelque chose qui aboutisse à une autobiographie de type "Guerre sans bataille" de Heiner Müller. Il y avait les éléments pour le faire, mais cela reste inabouti.

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Terminé le 16 mars.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/03/16/poesie-du-dimanche-9-xavier-makowski-chasse-tenebres/

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Terminé le 23 mars.
Chroniqué ici : https://anathnosfe.fr/2025/03/23/poesie-du-dimanche-10-christophe-condello-theoreme-de-linachevement/

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Terminé le 23 mars.
Je termine ce quatrième tome très longtemps après le précédent. Il y a ce phénomène que connaissent la plupart de ceux qui lisent Proust sans ressentir l'élan total d'iration : chaque page me transporte, l’œuvre entière m'ennuie. Je continue d'essayer d'aimer Proust, mais en vérité c'est le récit de formation (les deux premiers tomes) qui sont géniaux ; la suite, avec son cortège de dîners mondains, s'enfonce dans les sables mouvants de l'ennui ; la relation avec Albertine, navrante, ne rehausse pas l'attention, au contraire. Oui, tout est bien chez Proust, il faut lire Proust, ça ouvre le rêve ; mais on e nécessairement par des phases de sommeil, où tout s'entremêle. Pourquoi pas ?

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Terminé le 26 mars.
Au rythme de six pages par soir en moyenne, en un an et demi, j'aurais donc lu l'intégralité du Seigneur des Anneaux à ma fille. On a versé notre petite larme.