30 derniers (très) mauvais films vus
Liste mouvante des 30 derniers films qui m'ont déçu, révolté et/ou attristé, pour des raisons extrêmement différentes. Autant d'avertissements...
↑ "Pollice Verso" (extrait), Jean-Léon Gérôme, 1872 ↑
La "bonne" liste, pour équilibrer ...
30 films
créée il y a plus de 11 ans · modifiée il y a 1 jourCours, Lola, cours (1998)
Lola rennt
1 h 17 min. Sortie : 7 avril 1999 (). Thriller, Action, Policier
Film de Tom Tykwer
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Abominable navet qui donne l'impression qu'un millénaire de cinéma s'est écoulé depuis sa sortie en 1998 tellement cette chose a vieilli. Très mal vieilli. Un film qui avait marqué son époque au travers de ses nombreux partis pris (des effets de style en pagaille, de l'esbroufe, du tape-à-l'œil : c'est très violent) mais qui avec le recul et la froideur d'un visionnage a posteriori se révèle d'une indigence effroyable. On dirait une copie de Besson de caniveau, avec cette pauvre actrice allemande (Franka Potente) habillée et coiffée comme un ersatz de Milla Jovovich dans "Le Cinquième Élément" (Bessonade grand cru 1997, l'année juste avant) et cette mise en scène qui abuse de tous les effets racoleurs à sa disposition — et il y en a une sacrée pelletée. Rien que le synopsis : "Une seule personne peut sauver Manni. Lola, qui veut sauver l'homme de sa vie, s'élance dans les rues de Berlin pour trouver cent mille marks." Tout est dit. C'est stupide, puéril, moche, et surtout terriblement nul. On peut supposer que quand on apprécie ce genre de cinéma on trouve cela audacieux, incroyablement dynamique, et incroyablement profond (ben oui, à chaque fois le destin se déplie différemment, la multiplicité des futurs possibles, tout ça tout ça). Ah bon sang mais quelle horreur, ne serait-ce que ces séquences en accéléré où la vie d'un personnage tout à fait secondaire est révélée, et ce trois fois tant qu'à y être, puisque le principe du film est de raconter trois fois la même histoire en montrant que la modification de certains paramètres apparemment mineurs ont des conséquences drastiques sur le déroulement de l'action... L'effet papillon, etc. Absolument aucun intérêt dans la répétition de ces histoires et dans l'alternative offerte, c'est uniquement de l'instantané, du gros spectacle creux qui tache avec des personnages tous plus grotesques les uns que les autres sur fond de musique techno. Ça aussi, tout comme "Brooklyn Boogie", c'est un marqueur de son époque et presque la même, mais alors ce style-là est vraiment est écœurant.
Dead Bang (1989)
1 h 42 min. Sortie : 21 juin 1989 (). Action, Policier
Film de John Frankenheimer
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Le gros segment des années 1980 et 1990 de la filmographie de John Frankenheimer n'est pas resté dans les annales et on comprend rapidement pourquoi à chaque nouvelle confrontation... Bon sang de que c'est laid et nul. Chose étonnante, je découvre ici Don Johnson dans cette décennie et dans le rôle d'un gentil (ce qui n'augure rien de bon concernant la série "Miami Vice" de 1984) après l'avoir vu dans le très récent "Rebel Ridge" de Jeremy Saulnier, dans lequel il incarnait un bad guy avec infiniment plus de talent. Les dégâts du mauvais goût des 80s, c'est vraiment terrible.
"Dead Bang" ne fait vraiment pas honneur au réalisateur de "Seconds" ou "Seven Days in May" : c'est un film d'action archi bourrin, archi mal filmé, archi mal interprété. La première scène montre un méchant ultra méchant tuer un caissier dans sa supérette puis un flic devant sa voiture, on dirait vraiment un très mauvais téléfilm de seconde zone, et on comprend assez vite qu'il faudra s'armer de patience pour la suite. Johnson compose son personnage à la truelle, inspecteur de police alcoolique et mal dans sa peau suite à son divorce, endetté et au bord de la dépression, bref, un gars au bout du rouleau dont on souligne 15 fois au marqueur à quel point sa vie personnelle est un immense merdier. De fil en aiguille, avec des séquences toutes plus improbables les unes que les autres (genre, pouf je consulte sur mon minitel les sorties récentes de gangsters et ça matche !), il découvre l'existence d'un groupe de fous furieux suprémacistes qui militent pour une "Amérique pure". Drôle de résonance avec notre époque contemporaine où fluctue un racisme débridé, certes, mais ça ne suffit pas pour accoucher d'un bon film. Il ne suffit pas de pointer du doigt des barbares néonazis armés jusqu'aux dents pour que cette caution antiraciste un peu faiblarde génère automatiquement un bon scénario... Et ici, ça tache beaucoup.
Notamment une scène de course poursuite qui se termine... par un vomi sur le suspect. Mais il y a aussi une improbable scène chez le psy où il se fout de sa gueule parce qu'il ressemble à Woody Allen (juste après il l'étrangle et le menace de mort s'il ne le laisse pas continuer son travail, un chouette type quoi, à l'opposé des fachos qu'il combat). Et des dialogues tout aussi improbable, du genre "Is there anyone who’d be afraid to go through a door with me?". Et aussi, un petit twist de dernière minute qu'on a déjà vu depuis le tout début, concernant l'identité du tueur.
Charlie Countryman (2013)
The Necessary Death of Charlie Countryman
1 h 48 min. Sortie : 14 mai 2014 (). Comédie, Drame, Romance
Film de Fredrik Bond
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Scénario bidon et effets putassiers au programme de cet improbable mélange de romcom sirupeuse, de mafia envahissante, de dépaysement à l'est (en Roumanie, en l'occurrence), et de faux thriller tout mou. C'est l'histoire de Shia LaBeouf tout triste suite à la mort de sa mère (injection gratos de sentimentalisme écœurant) qui nous fait sa célèbre tête de chien triste et qui s'en va en Europe pour se changer les idées, sur la base d'une discussion avec sa mère post mortem. Là-bas, il rencontre une fille — Evan Rachel Wood — dont il tombe follement amoureux (forcément), mais qui se trouve reliée à un gros parrain de la drogue (forcément) sous les traits de Mads Mikkelsen, point de départ d'une relation pleine de rebondissements. Ça se veut sensuel, rythmé, arty, je suppose, et même si ce n'est pas éreintant pendant 2 heures on n'est pas surpris que Fredrik Bond vienne du monde de la pub honnêtement.
C'est à peu près ça "The Necessary Death of Charlie Countryman", un Américain qui débarque dans une auberge de jeunesse de Bucarest et qui partage son temps entre son coup de foudre pour une inconnue locale pleine d'emmerdes, des boîtes où l'on se vêt peu gérées par des mafieux, et... c'est tout. Le tout est amorcé par un flashback montrant le protagoniste mal en point, mais derrière cette scène et ce titre original faussement tragique on comprend assez vite qu'il ne s'agit que d'un effet de style putassier. Aussi stupide dans sa conception de l'amour, du gangster, de la drogue, et de la violence. Outrancier dans son histoire d'amour autant que dans son esthétique.
Killing Zoe (1993)
1 h 38 min. Sortie : 31 août 1994 (). Thriller, Policier
Film de Roger Avary
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Mais quelle horreur. On dirait un film de Besson qui se serait accouplé avec un ersatz de film de Tarantino, avec pour résultat quelque chose d'aussi improbable que Jean-Hugues Anglade en truand cocaïnomane aux cheveux long qui décide de braquer une banque en tirant partout et en faisant tout sauter. J'en ai les yeux qui saignent encore, et ce d'autant plus qu'une absconse histoire romantique se tisse entre Eric Stoltz (un perceur de coffre anglais censé être expert en la matière) et Julie Delpy (une étudiante prostituée vantée par un taxi) pour apporter une contrepartie à ce naufrage généralisé. Rien ne fait sens là-dedans, le scénario est un condensé d'inepties et de stupidités lâchées en rafales, sur lesquelles Roger Avary vient nous plaquer sa mise en scène outrancière au possible, sûre de ses effets, ne reculant devant aucune vulgarité. C'est vraiment un film qui semble tout droit sorti du cerveau d'un enfant de 10 ans (mes excuses aux enfants de 10 ans) à qui on aurait confié toutes les responsabilités, sans contrepoint. Une tranche de cinéma intensément risible, incroyablement nulle, ionnément ringarde, totalement dépourvu de sens, de but, de bon sens, de bon goût, et qui file à 200 km/h du début grotesque jusqu'à la fin déplorable dans un mouvement hystérique et déplorable. Le genre à faire perdre foi en l'humanité. À ranger pas loin de "Cours, Lola, cours" dans le registre des choses gênantes des années 90.
L'Avocat du diable (1993)
Guilty as Sin
1 h 47 min. Sortie : 8 septembre 1993 (). Drame, Policier, Thriller
Film de Sidney Lumet
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Cre le fond de la filmo de Lumet n'est sans doute pas l'idée du siècle, et avec "Guilty as Sin" j'ai réussi à trouver pire que "Strip Search" vu récemment, qui avait quelque part le mérite de ses intentions. Celui-ci est un thriller idiot et beaucoup trop sûr de son programme, qui ne parviendra jamais à rendre crédible, cohérent, ou même intéressant cette histoire vaseuse d'avocate talentueuse contrainte de défendre un gros connard correspondant à la définition du mal, macho toxique au dernier degré.
Un téléfilm écrit à l'arrache du début à la fin, qui enchaîne les séquences improbables, les rebondissements ridicules, les rôles idiots. Y'a rien qui va à ce niveau : Rebecca De Mornay est naze en avocate carriériste qui défend un homme qui la révulse uniquement par fierté, Don Johnson compose un mâle séducteur et destructeur digne d'un très mauvais film d'horreur, et au fond du cadre Stephen Lang, Jack Warden, ou encore Luis Guzmán se débattent sans résultat. Mais le pire du pire c'est très clairement Don Johnson et de loin, sa trajectoire est cousue de fil blanc, son pouvoir semble sans limite, ses moyens de coercition sont débiles et absolument pas crédibles, ses différentes manipulations sont toutes plus risibles les unes que les autres... Entre le charisme et le machiavélisme, il enchaîne les comportements aberrants sans que le film n'assume ce côté horrifique grotesque, en préférant jouer la carte du thriller censé être bien ficelé.
Scénario tout pété, intrigue ordinaire et absurde, dialogues vides, rythme bancal... Le film aurait gagné à travailler la piste du gros malade meurtrier plutôt que d'essayer de nous rendre l'avocate sympathique.
Megalopolis (2024)
2 h 18 min. Sortie : 25 septembre 2024 (). Drame, Science-fiction
Film de Francis Ford Coppola
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Je vois difficilement comment le temps, les décennies pourront donner raison à Coppola et transformer l'expérience abominable de "Megalopolis" en vestige d'un génie incompris dont les aspirations iconoclastes seraient restées inaccessibles à ses contemporains. Coppola n'a pas réalisé un film en 12 ans, avec ce projet dans les tuyaux depuis des dizaines d'années, et il nous fait un gros tapis en le finançant avec ses propres deniers, faute de financeurs ou gage de liberté artistique totale. Bon personnellement, dès la première scène avec Adam Driver en haut de son building qui arrête le temps juste avant de tomber dans le vide sur fond de lumières jaunâtres immondes, j'ai senti une odeur de roussi qui ne m'aura pas quitté pendant plus de deux heures, à mon plus grand regret.
De la bonne volonté, je n'en ai pourtant pas manqué. Mais comment rester serein et volontaire devant un tel étalage de suffisance et de médiocrité (sans procès d'intention)... Dans les termes des ambitions, définies par un parallèle audacieux entre Rome antique et États-Unis modernes, tout se situe au niveau d'une certaine décadence, comme si l'on était à un point critique de notre époque d'où (seulement) deux schémas de civilisation pavaient la route du futur, symbolisés par l'opposition entre Adam Driver et Giancarlo Esposito. L'artiste et le capitaliste, le génie et l'arriviste, le progressiste et le conservateur. Non pas que ces notions n'aient aucun sens dans notre présent, bien au contraire, mais la formulation de ce pseudo dilemme en carton avec l'utopie d'un côté et le réactionnaire de l'autre se fait dans une toile dialectique d'une pauvreté abyssale.
Les pistes et les idées s'amoncellent par paquets de cent chaque minute, c'est proprement exaspérant, usant, reflet d'un côté largement inabouti, comme si l'auteur derrière tout ça se gargarisait de la confusion indigeste ambiante. Pas mal de grotesque aussi quand même, dans les rangs du casting (Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, quelles horreurs) mais surtout dans les décors qui suintent leurs effets numériques atroces, parfaitement ton sur ton avec la laideur des concepts tels qu'ils sont manipulés (l'histoire du nouveau matériau par exemple) sur fond de citations de Marc Aurèle. Espace saturé, tragédie pompière, discours manichéen : je n'ai vu à aucun moment la moindre velléité de construire un tout cohérent, mais plutôt un privilège de nabab en fin de course.
La Maison au fond du parc (1980)
La Casa sperduta nel parco
1 h 31 min. Sortie : 1980 (). Thriller, Épouvante-Horreur
Film de Ruggero Deodato
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Navet de première catégorie dans le registre de la série B horrifique, slasher décérébré appartenant à la sous-catégorie du rape & revenge qui n'avance même pas honnêtement, c'est-à-dire comme un remake non-avoué de "The Last House on the Left" (Wes Craven, 1972, et d'après mes souvenirs très légers ce n'était déjà pas un chef-d'œuvre), dans lequel David Hess jouait déjà au creux d'une trame narrative franchement très similaire. Le gars a clairement la gueule du métier, il est un peu né pour jouer ce genre de psychopathe, mais c'est quand même le roi de la saucisse en matière d'interprétation, on nage en plein délire de médiocrité.
En 1980 Ruggero Deodato sortait de son "Cannibal Holocaust", très bourrin mais qui avait certains mérites il me semble (à confirmer). Là, on est vraiment dans la fange voyeuriste d'un cinéma qui se prend pour profond et puissant alors qu'on est simplement face à une nullité absolue, une démonstration de bêtise crasse, un téléfilm simili porno qui essaie de nous faire croire qu'il a quelque chose d'intelligent à avancer et à révéler. Mais bon sang que c'est maxi naze... Et ouvertement complaisant dans l'esthétisation constante des scènes de viol, invariablement tournées dans un cadre érotique. Les deux truands sont des gros débilos, garagistes le jour et violeurs la nuit, avec le cerveau et le demeuré, belle paire de crétins. "La Maison au fond du parc" cache très mal son jeu pendant 1h30 et tente de nous faire un all-in dans les dernières minutes : renversement de perspectives, allégorie sur fond de lutte des classes, en réalité c'était les petits bourgeois qui avaient tendu un piège aux prolos dégénérés. Enfin, l'un d'entre eux, mettant à ce titre en danger ses potes, mais bon, c'est un détail à l'échelle de la connerie du scénario.
Dialogues globalement ineptes, perversité inopérante, prétentions du côté du choquant et de l'immoral... Mais uniquement le représentant de ce cinéma d'horreur un peu prétentieux qui déverse un torrent d'immondices en prétendant élever le spectateur.
Hors du temps (2024)
1 h 45 min. Sortie : 19 juin 2024. Comédie dramatique, Romance
Film de Olivier Assayas
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Inable caricature de cinéma d'auteur français qui se plaît à discourir des heures pour ne rien dire tout en racontant sa vie personnelle et en croyant que cela présente un intérêt quelconque pour le reste de l'espèce. Olivier Assayas a é le confinement de 2020 avec son frère Michka et leurs épouses respectives dans une grande maison de campagne familiale, et "Hors du temps" raconte bien péniblement la liste des chamailleries entre les deux hommes — les femmes sont relativement réduites à des occupations d'arrière-plan, yoga, tennis, et interruption pendant des visios. C'est nul, c'est pénible, c'est soporifique. Une voix off absolument atroce (Assayas himself) introduit le contexte, essaie de se faire romanesque, trace sa route à partir d'influences Nouvelle Vague indigentes, bref, rajoute un soupçon de pénibilité dont le reste du film n'avait vraiment pas besoin. Macaigne compose un des personnages parmi les plus crispants que j'ai connus de sa part, un gars complètement névrotique paralysés par les risques liés au covid et sous le jour des mesures préventives : intérêt comique proche du néant. Les tensions qui émergent entre les personnages sont insignifiantes, tout comme les bavardages inconséquents de ces privilégiés. Poussif, inefficace, mal interprété, satisfait de ses citations incessantes, et vraiment pas drôle.
Kraven the Hunter (2024)
2 h 07 min. Sortie : 18 décembre 2024 (). Action, Aventure, Science-fiction
Film de J.C. Chandor
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Toujours la même sempiternelle bouillie, qu'on soit chez Marvel ou chez Spider-Man sans Spider-Man, l'ampleur de la vanité reste d'une remarquable constance. Toujours les mêmes enjeux (soit les États-Unis doivent sauver le monde, soit une histoire de famille avec ses névroses et ses psychothérapies ratées), toujours les mêmes mécaniques narratives (la dynamique du récit est parfaitement anticipable), toujours le même recours aux effets spéciaux (hideux, souvent, et là pour cacher périodiquement la misère du scénario et nous faire oublier le vide). Le sentiment reste inchangé : on se fout totalement des personnages interchangeables, on n'est jamais ionné par ce qui anime les uns ou les autres, et on ne croit jamais à la nécessité des actions — tout semble parfaitement cadenassé. Ici on nous sert l'histoire de la genèse d'un grand méchant, et la généricité du film est absolue. En fait, Kraven, c'est simplement un fils déçu par le comportement pas cool de son papa. Un papa interprété par Russell Crowe en roue libre totale, sans limite dans le cabotinage de l'accent russe — on se croirait 30 ans en arrière — et en ce sens au même niveau que Aaron Taylor-Johnson en termes de sérieux chevillé au corps, quelle que soit la hauteur de la vague. Kraven c'est un gentil devenu méchant nous dit-on, qui a é sa vie à chasser les chasseurs grosso modo (la fameuse logique du "c'est pas bien de tuer des animaux, du coup je tue les tueurs d'animaux et tout rentre dans l'ordre", ou encore "il y a les bons chasseurs et les mauvais chasseurs"), le tout baignant dans une histoire soporifique de famille dirigée par un patriarche trafiquant de drogue. Le plus surprenant dans ce désastre : c'est le réalisateur de "Margin Call" et "All Is Lost" (et "A Most Violent Year") qui se salit dans cette horreur, J. C. Chandor ayant en quelque sorte annoncé son virage vers le film d'action avec "Triple frontière". Difficile de ne pas être triste devant ce navet aussi moche qu'insipide et le potentiel corrupteur de l'industrie hollywoodienne.
Gladiator II (2024)
2 h 28 min. Sortie : 13 novembre 2024 (). Drame, Péplum
Film de Ridley Scott
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Aurais-je aimé "Gladiator II" si je l'avais découvert à l'âge de 15 ans comme le premier ? Je n'en suis pas du tout sûr. Ridley Scott monte d'un gros cran dans l'interprétation de l'histoire et se place ici au même niveau que son film précédent, "Napoléon", risible sur à peu près tous les plans. Évidemment ce genre de cinéma n'est pas un cours d'histoire, aussi je me garderai à titre personnel de pouffer trop fort en ce qui concerne les innombrables approximations et autres fantaisies — genre, mettre des requins tueurs dans le Colisée, au hasard... En revanche, on atteint un seuil de bêtise cinématographique et on dée la limite en l'explosant franchement, c'est plutôt là que le problème se situe. Les deux acteurs interprétant les co-empereurs Geta et Caracalla sont probablement l'exemple le plus explicite : c'est tout bonnement inable, ridicule, à un point tel qu'on songe réellement à une parodie tant le niveau de cabotinage est stratosphérique.
Plus généralement, ce film est porté par un projet de plus de 20 ans et pourtant on dirait que tout a été fait à l'arrache, c'est immonde. Les effets spéciaux sont régulièrement hideux (l'attaque navale en introduction par exemple, certains plans ressemblent à des screenshots de jeux-vidéo d'il y a 20 ans), faire de Paul Mescal le protagoniste et fils de Maximus ne fait absolument aucun sens (il a vraiment le charisme d'une palourde le pauvre, c'est effrayant), et le scénario a beau étaler sa sauce sur 2h30 elle n'en reste pas moins superficielle, inconsistante, et tout simplement moche. L'action file à toute vitesse, les rencontres arrivent aussi vite que les mises à mort ou les grands sentiments révélés... Et le pire est sans doute dans les dialogues, avec ces grands discours déclamés avec zéro conviction. C'est d'une tristesse, cet ultime monologue du héros pour réconcilier les deux armées se faisant face.
Dans ce marasme, Pedro Pascal tient à peu près la route là où Denzel Washington peine à convaincre malgré un rôle surprenant. La présence de Connie Nielsen dans le même rôle qu'en 2000 est assez appréciable en revanche. Mais le film ne fait qu'osciller entre régurgitation lourde de la mythologie du premier film et programme bourrin de blockbuster d'action en jupette. La trajectoire est la même, esclave, gladiateur, dirigeants tyranniques, blablabla. On retiendra plutôt le rhinocéros que cette peinture grotesque d'une Rome décadente.
Speak No Evil (2024)
1 h 50 min. Sortie : 18 septembre 2024 (). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de James Watkins
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Pourquoi faire un remake du film danois de Christian Tafdrup de 2012 en altérant une bonne partie de ce qui était le plus effrayant (et que l'on pourrait résumer au final, glaçant et mémorable) tout en reproduisant la tripotée de cafouillages scénaristiques qui atomise la dynamique de la narration... On ne compte plus le nombre de stupidités et autres maladresses dans ce scénario plein de trous, d'incohérences et invraisemblances flagrantes, autant de points de sortie de l'intrigue — très problématique au sein d'un thriller horrifique qui est censé nous happer. Bon clairement, quand on a déjà vu l'original, revoir quasiment la même chose, du moins exactement les mêmes ingrédients, n'est pas ce qui se fait de plus ionnant au monde. Mais bon, quand on percute que c'est dirigé par James Watkins, le réalisateur de "Eden Lake" qui m'avait laissé des souvenirs parfaitement détestables dans sa propension à ab d'opportunisme dans l'horreur, il est déjà trop tard pour faire demi-tour.
Tout est ainsi cousu de fil blanc. On les voit tellement, cette petite famille américaine (Mackenzie Davis et Scoot McNairy), tomber dans le piège tendu par cette autre famille (James McAvoy et Aisling Franciosi)... Ça n'a aucun intérêt. On sait exactement ce qui va se er, aussi on se concentre sur tout ce qui cloche et c'est loin d'être anecdotique. Ce schéma "situation extraordinaire comportant un comportement parfaitement débile" se répète à l'infini. Le curseur du grotesque est poussé un peu plus loin ici, notamment par l'entremise du cabotinage soutenu de McAvoy (y'a du pour, y'a du contre), mais en tous cas on n'y croit pas un instant à cette rencontre, cette promesse d'un séjour idyllique... Le pire étant bien sûr la tentative de créer un tissu psychologique cohérent : l'emprise est très mal écrite et mise en scène, au même titre que la réaction des proies (l'exemple de la peluche pour laquelle on se remet dans la gueule du loup est symptomatique) — oui parce qu'il y a tout un symbolisme autour du prédateur et du chasseur. Mais y'a rien qui colle là-dedans, pour un happy end très convenu, à tel point que le fameux "because you let me" perd son sens. Très mal ficelée cette façon d'introduire du cringe et très mal fagotée cette différence culturelle (grosso modo chasseur survivaliste brutal hypersexué contre bourgeois urbain propre frustré).
Le Vieil Homme et la Mer (1958)
The Old Man and the Sea
1 h 27 min. Sortie : 19 décembre 1958 (). Drame, Aventure
Film de John Sturges
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Moment extrêmement pénible, et en ce sens fidèle au roman d'Hemingway, que le visionnage de cette adaptation dirigée par John Sturges (après l'éviction de Fred Zinnemann) dont ce dernier ne pensait pas énormément de bien. C'est simple, tout est raté dans "The Old Man and the Sea" — à la différence du court-métrage d'animation d’Aleksandr Petrov ! Le style est plat et répétitif comme le roman, l'amitié entre l'enfant mignon et le vieux pêcheur bougon totalement factice, le décor de port cubain en carton (au même titre que l'espadon capturé, les toiles peintes, et la fausse mer), la narration épouvantable avec ce choix de voix off pour coller au texte original et décrire absolument tout ce qui se e dans la tête du protagoniste (tout sauf du cinéma quoi)... Dans ces conditions, le rêve du pêcheur est parfaitement inaccessible. Le duel entre l'homme et le poisson paraît complètement dévitalisé et vain, creux aussi, et au final le récit sur l'orgueil du vieil homme ne parvient même pas à trouver un sur lequel vivre. C'est vraiment du cinéma hors sol, qui tente quelques accélérations (avec des images de requins harponnés, génial ahem), et qui ne sait vraiment pas que faire de son interprète principal et presque unique, Spencer Tracy (vieillissant et franchement pas très inspiré pour le coup). Mais honnêtement, 1h30 sur une barque avec ce vieux perdu dans ses pensées et son combat contre l'animal, sur fond de carton défraîchi, on n'est pas loin du supplice. Et je trouve cette histoire de dignité (censée être) retrouvée toujours aussi stérile et peu convaincante.
À armes égales (1982)
The Challenge
1 h 50 min. Sortie : 1 septembre 1982 (). Action, Aventure
Film de John Frankenheimer
Annotation :
Il était donc possible de faire pire que "Black Rain" de Ridley Scott sur le thème de la civilisation japonaise percée à jour par un Américain devant puiser dans ses ressources pour accéder à l'humilité nécessaire... D'un côté on perd Michael Douglas pour cette saucisse en chef de Scott Glenn, mais de l'autre on fait tout de même rentrer dans le champ le maestro Toshiro Mifune, on aurait pu penser que le film ne pouvait pas atteindre un niveau trop bas. Grossière erreur. "The Challenge" est un maxi gloubiboulga indigeste et indigent, réalisé par John Frankenheimer à une période décidément bien peu faste de sa carrière (plutôt l'époque du très mauvais "Dead Bang" que de "Seconds", pour le dire simplement), qui mélange absolument tous les ingrédients qui lui ent sous la main comme un enfant capricieux. Du suspense, de la comédie, de l'action. Du chanbara et de l'art martiaux. Des katanas et des mitraillettes. Non vraiment cela ne fait aucun sens, encapsulé dans la laideur esthétique de sa décennie (tout y e, fringues, coiffures, chorégraphies), sur fond d'histoire d'honneur et de tragédie familiale — deux sabres d'importance capitale transitent entre États-Unis et Japon, sur fond d'opposition fratricide entre deux hommes que tout oppose, bien grossièrement, l'un est un méchant gangster capitaliste expansif et l'autre un gentil samouraï traditionnel taciturne. Le clash des cultures proposé par l'arrivée de Scott Glenn dans le paysage japonais capturé dans tout son exotisme de supermarché est d'un ridicule incroyable, on a vraiment droit à tous les clichés sur l'incompréhension de l'altérité, sur l'apprentissage en mode "Jackie Chan fait ses classes dans le jardin japonais", avec le dernier quart d'heure donné comme friandise à tous ceux qui attendaient de l'action et du Mifune — la séquence infiltration à l'arc avec les gardes qui tombent les uns après les autres est collector. Un contre cent, aucun problème. Je n'aurais jamais songé voir un jour dans ma vie Mifune dans un navet à la Chuck Norris.
Les Spécialistes (1985)
1 h 32 min. Sortie : 13 mars 1985 (). Action, Policier
Film de Patrice Leconte
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Buddy movie mâtiné de caper et d'action à la française dans un style aussi naze qu'improbable venant de Patrice Leconte — à une époque où il réalisait par exemple "Tandem". C'est un peu le versant sérieux de "Viens chez moi, j'habite chez une copine", dans lequel Michel Blanc a été échangé avec Gérard Lanvin, et Bernard Giraudeau toujours au milieu dans un rôle de protagoniste qui a désespérément mal beaucoup vieilli. Ah que ce film de flic déguisé en malfrat est pourri, avec ses scènes d'action absolument débiles et mal foutues, la cavale des deux gus étant un concentré de n'importe quoi. La psychologie des personnages est d'une connerie abyssale, il n'y a aucun sens dans leur comportement, et au milieu il y a Christiane Jean qui débarque dans le champ, présentée comme "un élément imprévu" histoire d'ajouter un peu plus d'entropie à ce non-sens généralisé. Une fois ce tableau de base bien pérave posé, voilà que "Les Spécialistes" se lance dans un film de casse... On pensait être préparé à tout avec le début, mais Leconte franchit un nouveau cap en proposant la composante caper du ridicule, avec une sorte de proto "Mission: Impossible" vraiment hilarant avec ses petits gadgets et ses fausses bonnes idées en carton, le genre de trucs qui font er le casse du statut d'impossible à celui de tout à fait faisable... Bref, le casse de ce casino niçois censé être inviolable est tout aussi ionnant que le reste. Dans le tas, Maurice Barrier joue un flic commandant dans l'ombre l'opération des gus, avec des motivations franchement stupides, histoire de compléter encore un peu plus la toile d'un film tout ce qu'il y a de plus sérieux, et pourtant à mourir de rire.
Heaven's Burning (1997)
1 h 36 min. Sortie : 1997 (Australie). Action, Drame, Romance
Film de Craig Lahiff
Annotation :
Un road trip australien particulièrement inutile qui ne nous sort de sa constante léthargie que pour ses accès d'humour involontaires. Russell Crowe d'avant sa consécration ("Gladiator" en 2000) avec des rouflaquettes ridicules. Une Japonaise interprétée par Youki Kudoh qui cherche à fuir son mari, ant du statut de femme mariée, timide et soumise à celui de femme indépendante, amoureuse et exubérante au seul de cet homme beau et fort. Des Afghans très méchants, la preuve, ils dépècent une bête à mains nues, et tortionnaires, particulièrement créatifs en matière de torture (enfin ça c'est la théorie, car en réalité on n'aura droit qu'à deux clous façon début de crucifixion). Des flics dans les parages, qui vont et viennent au gré d'un scénario inexistant. Un braquage de banque parmi les plus grotesques. Et un final aux velléités dramatiques qui clôt "Heaven's Burning" sur une note franchement risible.
C'est le dernier film de Russell Crowe dans une production australienne qui fera une pause états-unienne de près de 20 ans, et on peut comprendre qu'il ait voulu s'enfuir loin du tournage de ce film dans lequel son rôle de chauffeur censé être méga talentueux ne sert absolument à rien. Juste un type aux allures de semi-justicier qui sauve une femme innocente des flingues de bad guys et qui se met en fuite, pourchassé par une brochette de caricatures. Le film ne boxe pas dans la même catégorie que les plus mauvais Guy Ritchie, il est beaucoup moins clinquant et sûr de lui, mais il n'en reste pas moins inconsistant, vain, et ablement ridicule.
Emmanuelle (2024)
1 h 43 min. Sortie : 25 septembre 2024. Drame, Érotique
Film de Audrey Diwan
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
N'ayant jamais pris le temps de voir le classique érotique de 1974, je ne peux pas constater sur un plan comptable les apports de Audrey Diwan dans cette relecture de 2024. Mais il n'est pas très difficile d'imaginer ce que contenait le "Emmanuelle" premier du nom, flattant un penchant de la libération sexuelle, et par opposition, la contribution qu'est censée illustrer cette version. Les intentions sont assez claires, Noémie Merlant incarne une femme à la recherche de sa libido, paumée dans son boulot de contrôleuse qualité, errant dans un hôtel de luxe dont elle doit vérifier l'optimalité des services proposés. Et voilà le contenu de ce cru 2024 : une esthétique de porno chic croisée avec celle d'une compagnie aérienne hongkongaise, pour observer cette Française perdue dans une cité capitaliste. On n'est probablement pas dans le même niveau de clichés que "Cinquante Nuances de Grey" (mais je ne l'ai pas vu, qui sait), mais la collection est quand même conséquente ici. C'est complètement naze, la froideur de l'hôtel, les frissons des rencontres, le catalogue de plaisirs censés représenter le hors norme (masturbation, plan à trois, sexe saphique), la scène de sexe dans l'avion (qui donne le ton dès le début, au demeurant), la quête du mystérieux étranger qui se dérobe sans cesse... Assommant et soporifique. Dans le tas, on remarque Naomi Watts en responsable locale, mais c'est le seul point qui peut faire émerger de la torpeur tétanisante généralisée : le questionnement des mécanismes de la libido est nul, l'imagerie de palace de luxe semble périmée, et les enjeux sont aussi profonds que ceux d'une publicité de luxe. Si Diwan s'est inspirée de "Eyes Wide Shut" ou "In the Mood for Love" pour sa reprise du film baignant dans le fantasme aux intentions féministes, croisé avec la sensation d'errance et d'abandon à l'autre bout du monde à la "Lost in Translation", c'est incroyablement raté.
L'Amour ouf (2024)
2 h 41 min. Sortie : 16 octobre 2024. Policier, Drame, Romance
Film de Gilles Lellouche
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Un déluge d'effets dignes d'un spectacle pyrotechnique pour raconter une histoire d'une effroyable banalité : voilà le résultat du projet que Gilles Lellouche disait porter depuis 17 ans. Plus qu'un film, c'est une compilation de techniques qu'on a pu voir au cinéma, un peu comme une publicité qui aurait des prétentions encyclopédiques. Des façons de filmer, de bouger la caméra, des lumières, des couleurs, des flashbacks... Le tout encapsulé dans une projection rétro, comme il est devenu très courant de faire, en l'occurrence dans les années 1980 et 1990 — avec deux jeux d'acteurs, un pour chaque période. C'est la fatigue qui frappe de plein fouet dès lors qu'on songe à tout ce qui aura été désagréable, le scénario, la direction d'acteur, la mise en scène : tout, absolument tout, s'inscrit dans une logique du tape-à-l'œil extrême et vise la surenchère permanente sous couverts de raconter des péripéties tumultueuses. Les références sont maxi criardes (Scorsese et Coppola notamment), et la gratuité des effets de style devient très vite gerbante (à donner autant d'intensité à tous les registres, on abandonne forcément). La sensation prédominante tient à une forme qui aurait gonflée aux stéroïdes pour essayer de nous faire oublier la trivialité du fond, à une profusion de comédiens ahurissante (Exarchopoulos, Civil, Chabat, Poelvoorde, Lacoste, Zadi, Bouchez, Leklou, Quenard, Bajon) qui peine à cacher l'inutilité de nombre d'entre eux. Lellouche a voulu en mettre plein les mirettes, y'a trop de tout partout, c'est pompeux avant d'être fort, l'utilisation de la musique est digne d'un premier film d'étudiant tout juste sorti d'école désireux d'exhiber ses goûts du moment, et finalement de la volonté de verser dans le spectaculaire on s'écrase dans une mare grotesque mêlant polar et romance bas de gamme, gavée de poncifs, étalée sur près de 2h30.
Deux sœurs (2024)
Hard Truths
1 h 37 min. Sortie : 2 avril 2025 (). Comédie, Drame
Film de Mike Leigh
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Une caricature ambulante, le dernier film de Mike Leigh, concentrant une densité létale de stéréotypes du drame social et du cinéma d'auteur. Il me semble n'avoir pas un instant commencé à y croire, à ce personnage névrosé interprété par Marianne Jean-Baptiste : c'est très simple en réalité, elle traverse le film en râlant, en engueulant, en s'énervant, en critiquant, absolument tout ce qui bouge. Même le renard numérique qui s'invite dans son petit jardin. Son personnage est inable, mais bien au-delà du caractère inable ostensiblement recherché par le scénario (écrit par Leigh himself), c'est-à-dire qu'il n'y a pas une once de vraisemblance, de fluidité, de profondeur dans ce personnage unilatéral, vide, empilant cliché sur cliché. On voit immédiatement et totalement à travers son personnage, comme si ses paroles et ses actes laissaient transparaître de manière complètement transparente le discours et les travaux préparatoires à son écriture... C'est tout particulièrement pénible, et le pire étant que ce programme ne variera pas d'un iota pendant 1h30, avec des antagonismes tout aussi artificiels dans la cellule familiale (le fils branleur, le mari qu'on a épousé juste par conformisme et peur d'être seule), dans les cercles élargis (la sœur de la protagoniste est un modèle de vertu, de calme, de sérénité) et jusque dans les lieux aléatoires (l'altercation avec la vendeuse de canapés est collector, climax de la gratuité). Je ne vois aucun intérêt à observer un personnage concentrant une telle dose de tares, agoraphobique, hypocondriaque, parano, conflictuelle en toutes circonstances... Bref, un rapport au monde systématiquement problématique, furieux, chaotique, censé illustrer des failles intérieures, une anxiété à fleur de peau, un procédé cinématographique entièrement dédié à la détestation de ce personnage avant de nous amener sur le terrain de la pitié — ben oui, si elle est aussi irascible et agressive, c'est parce qu'elle souffre ! 100% artificiel.
Venom: The Last Dance (2024)
1 h 49 min. Sortie : 30 octobre 2024 (). Action, Aventure, Science-fiction
Film de Kelly Marcel
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Laid, prévisible, paresseux. On a vraiment la sensation que les producteurs ne savaient plus quoi faire avec cette saga Venom, et qu'ils ont produit le pire pour y mettre un terme — enfin, non, pas forcément, puisque le final laisse penser, comme d'habitude, qu'il y aura une suite, avec systématiquement toujours les mêmes mécaniques, les mêmes annonces, les mêmes suggestions... C'est déprimant. La bouillie numérique atteint un niveau assez phénoménal, alors qu’un des principaux enjeux est justement lié au fait que Tom Hardy et sa créature Venom sont censés être des gros buddies... Mais bon, mis à part quelques minutes perdues dans le film, comme la séquence chez les bad guys qui maltraitent des chiens, c'est un non-sens absolu et un ratage sur tous les plans, humour, action, tragédie — oui parce qu'on essaie de nous la jouer mélancolique sur la fin, vous comprenez, la séparation entre l'homme et la bestiole, avec tous les moments heureux qu'ils ont partagés... Bref, d'une bêtise ahurissante, vraiment insultante, gonflée à bloc de scènes d'action qui n'ont aucun sens, aucun suspense, aucune sensation de vérité. Et bien sûr, comme toujours, sur fond de menace de fin du monde avec son énième très grand méchant de l'univers qui veut détruire la planète Terre pour des raisons dont tout le monde se contrefout. Chiwetel Ejiofor et Juno Temple se baladent dans l'arrière-plan, on croise Rhys Ifans en patriarche d'une famille hippie qui chante Space Oddity dans un minivan, et chaque élément pris isolément se trouve parfaitement interchangeable avec des dizaines d'autres nullités vues ces dernières années. Buddy-movie sans âme, percé de tunnels de dialogues inutiles, agrémenté de références creuses à différents objets : la vanité incarnée. Martelée, même.
Huit Millions de façons de mourir (1986)
8 Million Ways to Die
1 h 55 min. Sortie : 12 novembre 1986 (). Policier
Film de Hal Ashby
Annotation :
Navet de compétition, assez incroyable de la part de Hal Ashby quand même. Thriller fin de siècle dans une veine proche du néo-noir qui enfile les clichés comme des perles : cliché du flic devenu alcoolique suite à une bavure, cliché du flic qui veut se racheter mais qui souffre de ne pas avoir su protéger une femme, cliché sur les femmes (bon là la liste est beaucoup trop longue, les femmes sont des prostituées, des soumises, des nymphomanes, des volontaires pour faire la vaisselle, des "laides sans maquillages" — c'est Rosanna Arquette qui le dit, des barres de rire), cliché des grands méchants gangsters nerveux... Bref ça déborde de partout, c'est ringard de chez ringard, et c'est sans doute pire quand le film essaie de s'apitoyer sur le sort du flic rongé par la culpabilité, avec sa double dose de moraline sur les dangers de l'alcool et sur la force de l'amour (textuellement les mots de la fin tandis que Jeff Bridges marche au bord de l'eau sur une plage avec sa dulcinée). De l'autre côté de la frontière entre le bien et le mal, il y a Andy Garcia le mafieux pas gentil se vautrant dans le proxénétisme et la drogue, avec deux scènes-clés : la séquence de rencontre entre le gentil et le méchant autour d'une glace censée être le climax de la tension, et la séquence finale typée action avec fusil à pompe braqué sur madame pendant que monsieur fait le mariole avec le stock de drogue... Pathétique. Meilleure scène du film : Arquette saoule qui vomit sur les parties génitales de Bridges. Franchement consternant.
The Jane Doe Identity (2016)
The Autopsy of Jane Doe
1 h 26 min. Sortie : 31 mai 2017 (). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de André Øvredal
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
L'idée n'est pas mauvaise, mais l'exécution du programme est moins proche du film que du foutage de gueule, comme c'est si souvent le cas dans ce registre horrifico-fantastique. Bon, on n'en veut pas à André Øvredal de poser son contexte comme un bûcheron, sans délicatesse : un corp de femme est découvert dans le sous-sol d'une maison où a eu lieu un massacre, et il est envoyé à un duo père-fils de médecins légistes pour autopsie. La première partie avance comme un jeu de cluedo, les deux s'échinant à percer le mystère de la mort de cette femme en dépit de tous les indices qui ne font absolument aucun sens. Ça aurait pu faire un petit film d'horreur able, avec la particularité de se dérouler presque exclusivement autour de la table d'autopsie, avec un peu de crado (le film ne manque pas de visuels du corps nu charcuté).
Mais non, le programme va plus loin : à partir du moment où la carte du fantastique est avancée, c'est vraiment le début de la fin, et la porte ouverte aux pires facilités, automatismes, et débilités que compte le genre. Il y a un moment où vraiment tout bascule et où on nous sert la bouillie infâme du tout-venant du surnaturel, des portes qui se ferment sans cesse (mais qui s'ouvriront plus tard pour se refermer ensuite, sans que le scénario n'y prête attention), des ambiances brumeuses parce que ça fait inquiétant, des séquences censées faire monter la tensions mais paralysées par leur rigidité, bref, tout ce qui peut se faire de stupide et d'insultant pour qui veut bien regarder une telle chose. L'opposition entre rationalité des médecins et surnaturel de la sorcellerie est d'une affligeante banalité, chose que les auteurs ont dû réaliser étant donné le nombre de jump scares qu'ils se sont sentis obligés d'insérer... Sans intérêt.
Retour vers l'enfer (1983)
Uncommon Valor
1 h 45 min. Sortie : 18 avril 1984 (). Action, Drame, Thriller
Film de Ted Kotcheff
Annotation :
Ouch. Waouw. Et donc, Ted Kotcheff, le réalisateur de "Wake in Fright" et "First Blood", produisait cette sombre bouse seulement un an après le premier volet plébiscité de la saga Rambo... Largement de quoi donner envie de revoir ce classique pour vérifier qu'il tient bien la route, car rien n'est moins sûr après avoir regardé une telle chose, un tel navet d'action, contenant toute la beauferie militaire des années 80 états-uniennes. Tous les ingrédients sont là, et en grandes quantités : du pathos avec ce papounet qui veut retrouver son fils resté prisonnier (spoiler pour être encore plus triste : en fait le fiston est mort une semaine plus tôt, c'est ballot) des méchants vietnamiens au terme d'une guerre qu'ils avaient menée pour leur apprendre la vie, de l'entraînement commando express après formation éclair d'une équipe d'anciens du même régiment, des gros muscles et des gros flingues, des grosses explosions qui ponctuent la tant attendue scène d'action-sauvetage finale au cours de laquelle l'équipe de GIs trop forts font tout péter et trucide tout ce qui bouge dans ce camp situé au Laos, et bien sûr tout le vernis misogyne qu'on peut imaginer dans un tel contexte. Les États-Unis convaincus de leur bon droit à décimer des étrangers dans leur propre pays... L'ensemble de la mission est financé par un riche homme d'affaires lambda qui a aussi un fils prisonnier et qui distribue les enveloppes comme on donnerait 10€ d'argent de poche, on trouve très facilement au marché noir local assez d'explosifs pour faire péter un continent entier à prix réduit, et on retrouve dans ce triste concentré de testostérone dépourvu de neurone des têtes comme Gene Hackman (très mauvais), Fred Ward (pas exploité), Randall "Tex" Cobb (caricature de nounours brutal qui se sacrifiera grenade à la main), et même Patrick Swayze (le gros fou des armes qui doit faire ses preuves car plus jeune). Bon sang que c'est nul, et même dangereux pour la cervelle avec une telle densité de clichés guerriers grotesques. Kotcheff nous fait son propre "Rambo 2" avant l'heure, sans Stallone et dans une recette encore pire (à confirmer).
La Controfigura (1971)
1 h 28 min. Sortie : 5 septembre 1971 (Italie). Thriller
Film de Romolo Guerrieri
Annotation :
On peut supposer que la qualité médiocre de la seule copie disponible ne fait pas honneur au contenu de ce giallo, mais il reste néanmoins très difficile d'imaginer des conditions dans lesquelles "La controfigura" constituerait autre chose qu'un thriller italien de seconde zone et qu'un téléfilm souffrant d'une multitude de défauts. Ça commence déjà très mal : pour filmer la fusillade dans un parking souterrain servie en introduction, Romolo Guerrieri use du ralenti jusqu'à l'indigestion et le grotesque, avec en prime un pauvre Jean Sorel qui surjoue honteusement la douleur dans la mort tandis qu'il est assassiné par (ce qui semble être) un inconnu. C'est tout naze, et la suite du film poursuivra malheureusement sur cette lancée.
Alors qu'il est en train d'agoniser au sol, observant son tueur, au ralenti, on plonge dans le é du protagoniste qui se révèle être un riche architecte jouissant des finances familiales, et dont les actions récentes nous sont gratifiées au moyen de flashbacks. Régulièrement, des images au ralenti du temps présent (le sous-sol, l'agonie) sont rappelées. L'originalité de la démarche, du moins la seule trace observée, tient à la véracité des images montrées : certaines correspondent à la réalité là où d'autres semblent témoigner des pensées du personnage. Car ce pauvre bougre, en vacances dans des décors marocains paradisiques, est pris en étau entre ses multiples frustrations — on retrouve ici les grands thèmes fondateurs du giallo, mais formulés de manière incroyablement grossière, avec pour mots-clés viol, jalousie, impuissance, meurtre, etc.
Ainsi le film regorge de visions mettant en scène des relations adultères (soporifiques), des crises de jalousie (ridicules), des fantasmes semi-œdipiens (lamentables). On nous gratifie de moments collector du genre "je suis tellement jaloux de ce mec qui tourne autour de ma femme que je développe une obsession pour ma belle-mère". Et c'est là le drame, la peinture de cette obsession qui essaie tant bien que mal de noyer la frontière entre réalité et fiction mais qui, plutôt, se perd en effets de styles douteux, au point d'en oublier les fondations d'un scénario digne de ce nom. La reconstitution du puzzle est inintéressant au possible, tout comme l'éternel twist censé rehausser le niveau.
La Chose (1972)
Something Evil
1 h 13 min. Sortie : 21 janvier 1972 (États-Unis). Épouvante-Horreur
Téléfilm de Steven Spielberg
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Navet de compétition positionné en début de filmographie de Spielberg, téléfilm de seconde zone qu'on imagine parfaitement diffusé un dimanche après-midi à la télévision états-unienne en fin de siècle dernier. C'est tout naze, mal filmé, mal joué, mal écrit. On pourrait s'arrêter là tant l'histoire de maison hantée est pénible, poussive, grotesque... Mais c'est encore pire quand on prend en considération le fait que l'année suivante sortait "L'Exorciste" de Friedkin, même si on imagine des budgets très différents, l'ampleur de la différence qualitative est monstrueuse. Même "La Malédiction" de Richard Donner (1976), plus proche sur le plan thématique, fait figure de chef-d'œuvre en comparaison. Catastrophe à tous les étages, décor rural de Pennsylvanie à la truelle, gentille petite famille qui s'installe dans une maison découverte au hasard par la femme qui dessinait le paysage, grands signes annonciateurs de la dimension satanique des lieux, dialogues archi poussifs du type "Can you believe that I believe that the devil's in my house?". C'est un récit de maison hantée à prendre au sens très littéral et très catho américain, avec manifestation du diable au sens le plus premier qui soit (sans pour autant proposer de visualisation de l'entité en question, non, SPielberg se contentera de faire bouger sa caméra de manière désagréable pour ça). Spielberg s'amuse beaucoup à filmer la platitude de la vie de tous les jours pour mieux y immiscer des intrusions maléfiques, mais on s'emmerde incroyablement. La femme seule à la maison devient folle, le mari qui travaille comme un dingue bien entendu, avec en bonus des scènes de frissons d'une nullité mémorable. Le plus drôle, c'est bien que des critiques se demandent si Spielberg était influencé par "Citizen Kane" alors que c'est 100% dégueulasse... L'exercice me fascinera toujours.
Comme un fils (2023)
1 h 42 min. Sortie : 6 mars 2024. Drame
Film de Nicolas Boukhrief
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Nicolas Boukhrief est visiblement plus à l'aise dans le polar que dans le drame social, j'ai l'impression que les clichés sont plus facilement assimilables par l'organisme. Quel condensé de clichés, de misérabilisme, et de réflexes d'écriture en mode automatique ! C'est sidérant. On dirait un film scénarisé par un robot qui aurait été entraîné sur la base de tous les films des Dardenne. "Comme un fils", c'est un peu "Welcome" chez les Roms — et encore, il faudrait que je revoie le film de Philippe Lioret, sûr que je surnote. C'est grossier absolument dans toutes les directions entreprises, que ce soit dans les grosses ficelles de scénarios qui forment de gigantesques pirouettes prévisibles, ou dans la façon d'aborder le sujet (vraiment, c'est insultant, les Roms ne sont là que pour faire briller le personnage de Lindon). Au début on peut penser au portrait d'un homme fragilisé par son deuil récent, veuf depuis peu, sa fille s'inquiète de sa solitude, etc. On peut croire que le film va montrer une générosité déplacée, une attention exacerbée pour ce gamin qu'il ne connaît pas. Mais pas du tout, on bascule immédiatement du vol intercepté / cambriolage raté au don de soi total et sans condition, comme ça, et on nous demande d'accepter la chose sans broncher... C'est une grosse suspension d'incrédulité tout de même. Le personnage du prof qui a perdu sa vocation et qui retrouve goût à l'enseignement à travers cette expérience est une coquille totalement vide, jusque dans les derniers temps où il trouve par magie un salut dans le bénévolat au sein d'une asso (avec petite romance gratos à la clé). Un des films les plus nazes de Vincent Lindon dans sa carrière récente, qui ne fait jamais fructifier les difficultés ou les asymétries de l'échange entre adulte et adolescent. Tout ça en devient gênant.
Ravage (2025)
Havoc
1 h 45 min. Sortie : 25 avril 2025. Action, Thriller
Film de Gareth Evans
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Gareth Evans, c'est vraiment perdu pour lui. J'en viens à douter de mon appréciation pour "The Raid 2"... On nous sert ici la ration d'actioner bourrin générique en faisant er ce plat immonde pour du gastronomique, il y a des limites à la décence qui sont magistralement déées ici. Clairement le taf n'est pas fait pour poser les bases, le contexte, les personnages, avant de se lancer dans le bon gros délire régressif avec ses 1500 douilles à la minute et ses cadavres qui se comptent par paquets de 15. Tom Hardy, le flic au é trouble (montré en semi-flashback tout nazouille) mais qui garde une part d'intégrité ma bonne dame. Forest Whitaker, le politicien véreux qui ne sert absolument à rien. Jessie Mei Li, la side kick féminine et pure qui aidera le héros sans broncher. Et dans le tas, un groupe de flics corrompus, et Luis Guzmán en personnage secondaire pour prendre son billet. Soit l'histoire, toujours la même, des flics pourris qui jouent avec les limites de leurs prérogatives et qui en coulisse défient les plus gros parrains de la drogue — segment méga nul pendant lequel on ignore l'identité des méchants ayant zigouillé des méchants, et qui sera révélée entre la poire et le dessert, sans broncher. Le réseau de corruption est alors identifié de manière totalement transparente, au milieu des hordes de mafieux qui tombent comme autant de personnages de jeu-vidéo. D'ailleurs, le comportement des voitures dans les scènes d'action m'a fait penser à de très vieux GTA, du genre à rendre un 38 tonnes lancé à 200 km/h aussi maniable qu'une voiture de police. Et franchement, au bout d'un moment, les bastons et gunfights incessants avec déluge de cartouches et d'hémoglobine, ça use, d'autant plus qu'Evans est pas du genre à favoriser la lisibilité de ses plans. De quoi rendre les innombrables scènes d'action très pénibles, interminables et nauséeuses.
Free to Go (Interlude) (2004)
1 h 03 min. Sortie : 2004 (États-Unis).
Film de Andrew Noren
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Il n'y a rigoureusement aucun sens à retranscrire et expliciter une telle expérience, qui à mes yeux a davantage sa place dans un musée d'art contemporain, dans une succursale consacrée à l'expérimental pur jus. N'importe quelle description factuelle serait réductrice, j'en ai conscience quand bien même c'est le genre d'expérience que j'ai en horreur — déjà en court-métrage, ça e difficilement, alors au format long, ça relève de la torture. Mais en gros : 20 minutes d'images en noir et blanc prises vraisemblablement à bord d'une voiture sur une autoroute ; 20 minutes d'images en couleurs saturées prises dans des rues ; 20 minutes de nouveau en noir et blanc consacrées à des piétons. Présenté comme ça, fatalement, c'est pas ce qui donne le plus envie... Mais bon, la définition d'Andrew Noren lui-même ne me donnerait pas plus envie personnellement, et a posteriori ça relève vraiment du discours surréaliste : "Energy pictures; mindful kinesis. Light and shadow vigorously con, conjuring delusion of depth and duration, fiction of space and time." Mais bref, des images manipulées à l'extrême pour convertir quelque chose de tout à fait banal en quelque chose d'extraordinairement abstrait. Pas d'histoire, juste des images qu'on relie de manière épisodique à des choses concrètes, avec des effets stroboscopiques constants, et des altérations à mes yeux hideuses et insipides. Très avant-garde, très art contemporain, très pas du tout pour moi.
Me, Myself, and My Third Eye: 4 Enlightened Stories for 1 Imperfect God (2010)
55 min. Sortie : 2010 (États-Unis). Drame
Film de Adam Cooley
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Très très compliquées à regarder, ces 55 minutes qui paraissent durer des heures... Je suis même surpris, a posteriori, de découvrir que le titre n'était pas aléatoire et qu'il y avait bien derrière ce fouillis expérimental quatre histoires censées exhiber un minimum de narration traditionnelle. Personnellement je n'ai rien pigé, un peu comme l'autre excroissance expérimentale vue récemment, "Free to Go (Interlude)". Sur le papier je lis "Quatre histoires distinctes, étranges et existentielles sur des personnes dont la vie est en transition et qui se posent des questions sur elles-mêmes et leur environnement." Soit. Ce que j'ai vu, de mon côté, c'est un amas d'images bricolées sur Paint et Movie Maker, saturées, altérées, avec mon cerveau capable d'attraper au vol seulement quelques phrases prononcées — des "I’m horribly disfigured no one’s ever gonna fuck meeeee!", des histoires d'insémination de la femme du président à l'aide de sperme de dauphin, ce genre de choses. Clairement un objet confectionné avec zéro budget, appartenant à un registre expérimental extrême auquel je suis totalement hermétique. Mais j'essaie, parfois.
The Beekeeper (2024)
1 h 45 min. Sortie : 17 mai 2024 (). Action, Thriller
Film de David Ayer
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Il faut une sacrée endurance pour encaisser le choc d'un tel naufrage, et je manque manifestement d'entraînement car regarder "The Beekeeper" s'est avéré beaucoup plus pénible que ce que j'avais envisagé. C'est bête, c'est moche, c'est chiant. On dirait un film dont la mise en scène, le scénario, la direction d'acteur, la supervision des effets spéciaux et tout ce qu'on peut imaginer ont été synthétisé par un LLM qui aurait mouliné à travers tout ce que le cinéma états-unien d'action contemporain compte de pire. Non vraiment c'est d'une connerie abyssale, la nullité transpire à grosses gouttes par tous les pores, c'est d'une intensité folle. Il en devient même difficile de prendre David Ayer au sérieux quand il nous avance ce Jason Statham ancien super-héros des services secrets à la retraite, apiculteur près de chez une mamie qui est sur le point de se faire escroquer 2 millions de dollars par une arnaque téléphonique... Suite à quoi elle se suicide, et comme c'était la seule maman qu'il est jamais eue, voilà que l'homme tranquille va retrouver ses habitudes de tueur chevronné pour buter absolument tout ce qui se dresse sur son age jusqu'à la tête de cette organisation de gens pas gentils.
Il y en aura donc pour tout le monde, le FBI et les milices privées, les jeunes arrivistes aux dents qui rayent le parquet, et on ira comme ça tranquillement jusqu'à la présidence des États-Unis s'il-vous-plaît... On ne recule devant aucune ânerie dans ce navet cosmique. Évidemment c'est une suspension consentie d'incrédulité qui est demandée, mais d'une envergure déant l'entendement. J'ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut apprécier un tel spectacle qui ne fait aucun sens sur quelque tableau que ce soit. C'est d'une laideur notable en termes de chorégraphie des combats (grosso modo Statham est un héros invincible qui connaît tout et ne risque rien donc bon), c'est d'une débilité sans nom pour dénoncer les travers de notre capitalisme mercantile (ici via les jeunes identifiés comme des ingrats se complaisant dans le bitcoin et l'arnaque en tous genre), et bien sûr ça aligne les inepties scénaristiques avec une fréquence et une amplitude phénoménales — c'est affligeant à un niveau rarement atteint dernièrement. Aucune cohérence. ...
Suite https://senscritique.sitesdebloques.app/liste/Top_films_2024/3769454?page=5
Les Ambitieux (2007)
1 h 30 min. Sortie : 24 janvier 2007 (). Comédie
Film de Catherine Corsini
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Plus ça va et plus j'ai l'impression que "La Belle Saison" était un heureux incident de parcours dans la carrière pitoyable de Catherine Corsini, apparemment grande amatrice de psychologie et de sociologie de PMU et de supermarché. "Les Ambitieux" se complaît dans un parisianisme assez écœurant en prenant pour principal à son récit le microcosme bourgeois de l'édition et se lance à corps perdu dans un pastiche involontaire de Rohmer particulièrement irritant. Impossible de décerner la palme de l'inable tellement la catastrophe germe à absolument tous les niveaux. Le plus immédiat, le plus épidermique, c'est la direction d'acteur : ah bon sang qu'ils sont horribles, Karin Viard en éditrice dominatrice, Éric Caravaca en écrivain provincial benêt, Jacques Weber en présentateur télé hautain, Gilles Cohen en artiste raté...L'horreur absolue. Bien sûr, chacun est là pour porter son petit segment de morale préfabriquée, avec l'homme en manque de confiance, plein d'espoir, se rendant à la capitale dans le but de devenir célèbre, qui verra ses idéaux naïfs détruits par cette femme sûre d'elle et de sa supériorité, mais à la fin les rapports de domination s'inverseront et c'est lui qui sera l'auteur d'un enseignement hautement existentiel envers elle. Sans surprise dans ce milieu germanopratin, le sexe est régulièrement convoqué mais de manière tout autant stéréotypée, comme dans un très mauvais téléfilm qui souhaiterait faire des commentaires sociaux bien au-delà de ses capacités. Sur le plan du scénario la catastrophe prend ses aises également, le coup de la boîte contenant des notes et des photos qui stimuleront l'imagination de l'apprenti écrivain, mais qui en fait renferme son lot de secrets révélés à la toute fin, rho la la qu'est-ce que c'est drôle et ironique. Corsini n'a visiblement aucun problème avec les pires tares cinématographiques, les invraisemblances comme le larmoyant. Cette comédie sentimentale atteint un niveau de pathétique dans sa tentative de satire assez phénoménal.