Wednesdays est un visual novel qui parle d'inceste. Il faut le dire directement et savoir où l'on met les pieds quand on le lance. Ce n'est pas facile, ce n'est pas plaisant. C'est un sujet absolument tabou et c'est ce caractère interdit qui fait que ce sujet est tu. Pour être honnête, j'ai "découvert" ce thème en écoutant le podcast Ou peut-être une nuit de Charlotte Pudlowski (qui est citée en ouverture du jeu). Son travail est absolument précieux : elle documente, elle explique les mécanismes et, surtout, elle montre qu'il y a eu de multiples tentatives de rendre le débat autour de l'inceste public, de permettre la libération de la parole sur ce sujet. Mais, à chaque fois, le public détourne le regard et, malheureusement, on tait ce sujet brûlant.
Wednesdays se termine (et ce n'est pas vraiment un spoil) sur l'importance de la parole autour des sujets liés à l'inceste. On part d'une expérience personnelle d'un homme. En tant que joueur, on revivra 16 souvenirs de manière non-chronologique. Wednesdays n'aborde pas ce thème de manière frontale en montrant qu'il y a un bourreau d'un côté et la victime de l'autre (heureusement d'ailleurs). Au contraire, on ne vivra les événements que du point de vue de l'entourage. D'ailleurs, à une exception près, on "n'incarnera" que cet entourage à travers des réponses à choix multiples. Parce que les proches ont un rôle central dans ce genre d'affaire, Wednesdays réussit le pari d'aborder ce sujet dans toute sa complexité et ses nuances.
Ce qui est très fort dans ce jeu, ce sont les mises en scène sous forme de saynètes très puissantes. L'écriture retranscrit bien la banalité du quotidien dans lequel se glisse subtilement la souf du personnage principal.
J'ai été très retourné par la fin. Allez, spoiler : c'est émouvant parce que c'est beau. Et, au regard du sujet, ce n'était pas chose évidente. Félicitations !