Après avoir plutôt apprécié Man of Medan (2019), premier épisode de la franchise The Dark Pictures, j’attendais de Little Hope (2020) qu’il sublime un peu la formule « film interactif » de Supermassive. Si l’exécution demeure solide et certaines idées séduisantes, l’ensemble m’a laissé finalement un sentiment plus mitigé. Voici un résumé des points positifs et négatifs du titre :
Points positifs :
- Les cinq protagonistes (quatre étudiants et leur professeur) sont stéréotypés mais plus homogènes. J’ai trouvé que leurs interactions paraissaient plus cohérentes que celles de l’équipage du premier opus. On croit volontiers à cette alliance de circonstance, et l’écriture réussit à ménager quelques échanges crédibles. Pour une fois, je n’ai pas éprouvé l’envie sadique de sacrifier tel ou tel personnage.
- La technique et éclairage sont réussis. Même en 2025, le moteur tient la route : j’ai tout poussé à fond sur PC et Little Hope s’en sort avec les honneurs. Les effets de lumière filtrant à travers la brume, les reflets sur les flaques, la fumée qui engloutit les silhouettes : visuellement, le rendu reste au-delà des espérances pour un titre AA sorti il y a cinq ans.
- La direction artistique : la bourgade brumeuse évoque efficacement Salem : église, cimetière, école abandonnée… J’ai aimé « explorer » ce petit village perdu dans la forêt. Tout est très stéréotypé façon film américain, j’ai l’impression d’avoir vu ce village dans de nombreux films, séries ou jeux vidéo.
- Les séquences de rythme cardiaque ou les actions contextuelles sont désormais paramétrables ; on évite ainsi les échecs « injustes » observés parfois dans Man of Medan. Oui, Little Hope est un titre plus facile que son prédécesseur. J’ai fait un quasi sans faute sur la totalité des QTE que propose le jeu contrairement au premier opus où il m’arrivait de me planter, idem pour Until Dawn.
Points négatifs :
- L’intrigue globalement est moins inspirée et offre moins de surprises au joueur. Les développeurs recyclent les procès de sorcières sans parvenir à susciter l’angoisse attendue. Les allers retours é/présent peinent à convaincre : voir des sosies parfaits au XVIIᵉ siècle intrigue, mais soulève vite des paradoxes (comment ces “ancêtres” peuvent ils mourir tout en laissant une descendance ?).
- Un twist final maladroit inspiré d’évidentes références (coucou Shutter Island), le dénouement arrive brusquement : je n’étais point espanté juste étonné et blasé. En fait, j’ai eu le sentiment d’avoir été pris pour un con tout au long de l’aventure ! C'est peut-être la marque d'un final réussi vous me direz ?
- Les morts arbitraires malgré une quasi perfection dans les QTE tout au long du jeu. J’ai deux personnages qui ont succombé parce que leurs barres de traits psychologiques n’étaient pas complètes. Extrêmement frustrant car on a l’impression que la survie dépend plus d’un tableau de variables invisibles que de nos performances.
- Enfin la rejouabilité forcée caractéristique de ce type de production. Terminer l’aventure une première fois ne débloque qu’une poignée de succès (12/30 pour ma part). Obtenir le fameux 100 % oblige à recommencer plusieurs sessions pour explorer d’autres dialogues et embranchements, ce qui peut paraître rébarbatif vu la nature très cinématographique/if du gameplay.
Malgré tout, Little Hope demeure recommandable pour les amateurs de la série grâce à une réalisation soignée que ce soit les environnements ou la motion capture sur les personnages, quelques sursauts réussis même si globalement le jeu ne fait absolument pas peur et un casting plus réaliste, moins pénible (mention spéciale au héros et à la vieille dame). Mais son scénario n’atteint jamais le frisson promis, et ses règles de survie reposent trop sur des statistiques cachées particulièrement frustrantes. Little Hope reste un bon jeu si vous appréciez le genre, sans plus, à classer un cran en dessous de Man of Medan que j’avais trouvé plus original et plus flippant.