Ghostwriter
Moué, c'était pas trop mal, du niveau de le premier (et meilleur) épisode d'Arise, mais toujours ces mêmes défauts qui empêchent d’apprécier l'ensemble. Tout comme les OAVs auxquelles il fait suite,...
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le 15 nov. 2015
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Avec Higurashi et Umineko à son actif, Ryukishi07 (prononcez Ryukishi Reina) et le studio 07th Expension (dont il est le membre principal) font partis de ce cercle très fermé de créateurs de visual novel dont le travail est suivit attentivement en occident sans avoir à proposer une adaptation en série animée, age généralement quasi obligatoire pour un VN souhaitant obtenir une quelconque notoriété hors du japon.
Néanmoins, si c'est deux titres ont su créer une fanbase suffisamment forte pour garantir la traduction de leurs futurs projets, ainsi qu'une sortie steam pour Higurashi et Umineko, il reste malgré tout évident qu'une adaptation en anime reste le seul moyen pour toucher un large public ne s'intéressant pas particulièrement aux visual novel.
Ainsi les récentes créations estampillées Ryukishi07, Higanbana et Rose Guns Days n'ont eu un impact que sur une partie marginale du public des deux première, et c'est bien dommage, car elles sont toutes de qualité et très différentes, permettant de jauger l'évolution de cet auteur majeur de la scène indépendante.
Et c'est du dernier titre à ce jour que je vais décortiquer durant les prochains paragraphes.
Sortis entre 2012 et 2014, les 4 épisodes de Rose Guns Days (RGN pour faire court) dépeignent une uchronie dans laquelle le Japon est victime d'un énorme cataclysme naturel en 1944. Complètement ravagé, le pays n'a d'autre choix que de se rendre et d'accepter de l'aide humanitaire de la part des USA et de la Chine. Ces derniers utilisent alors cette occasions pour mettre en place des pseudo-colonies sur le sol nippon, colonies qui ,avec le temps et autres politiques de pacification, finiront par accoucher en 2012 d'un nouveau Japon complètement déjaponisé et cosmopolite.
Néanmoins, un organisme visant à préserver l'identité japonaise existe encore, connue sous le nom de Primaderva, cette organisation proche du syndicat du crime tente depuis sa création de protéger les intérêts et l’identité japonaise.
Le récit revient principalement sur les 4 ans, de 1947 à 1951, durant lesquels Primaderva a d'un cabaret de luxe créé pour offrir protection aux travailleuses de la nuit à une organisation quasi mafieuse tentant de restaurer dignité et coopération chez le peuple japonais brisé.
Et maintenant, je suppose qu'il est urgent que je fasse quelques clarifications regardant la politique du titre. Il est compréhensible que la première chose à er par la tête du premier venu ayant jeté un coup d’œil à ce synopsis est de soupirer, pensant avoir à faire à un titre ultra-patriotique, nationaliste et bien réac par dessus le marché. Il est en effet facile de penser une telle chose lorsqu'on voit la politique du japon par apport à l'étranger, notamment via les déclarations de certaines personnalités locale (Ishihara bisou si tu me lis), j'ai moi-même fait la moue lors de ma découverte du résumé.
J'ai donc été soulagé lors de ma lecture du traitement de ces éléments. Si je ne vais pas aller jusqu'à dire que c'est parfait, ou que ça reflète ma propre vision des choses, il faut reconnaître que Ryukishi a approché le sujet avec une certaine honnêteté intellectuelle et qu'il prend le temps de développer son discours tout en considérant plusieurs points de vue.
Le setting est plutôt bien pensé, même si de tels prémices nécessitent évidement quelques concessions à la logique pour fonctionner. Mais le récit prend bien le temps de poser le cadre, et les détails sont ajoutés au fur et à mesure selon les besoins de l'intrigue, tissant au final à une tapisserie vivante et complexe de ce Japon qui semble s'être perdu.
Côté personnages, on a du bon et du moins bon. Si tous possèdent un caractère et une personnalité bien singulière, ça ne suffit pas à les rendre tous mémorables, ni même attachants, et il n'y a rien de plus chiant que d'avoir à lire un arc centré sur un groupe qui nous laisse indifférent. Mais dans l'ensemble, il y a suffisamment à boire et à manger pour que chacun y trouve son compte.
C'est au niveau de l'ambiance et de l'histoire que RGD se démarque le plus des précédents travaux de 07th Expension. Laissant de côté l'horreur et le fantastique pour une ambiance mafieuse et un récit faisant la part belle au suspens et à l'intrigue, l'auteur dynamise beaucoup son écriture. Bon je ne vais pas mentir, on retrouve toujours les scènes d'expositions interminables dont il a le secret, mais elles sont ici plus espacées pour laisser la place à des climax plus nombreux, et si vous avez déjà lu une œuvre de Ryukishi, vous savez à quel point il est doué pour écrire des scènes chargées en suspens et action.
Et l'intrigue n'est pas en reste, elle se nourris du contexte sans cesse développé pour créer des tensions intéressantes et des dénouements épiques. Ma partie préférée reste par contre les retours de force constants qui transforment systématiquement les victoires des arcs précédents en les enjeux des arcs suivants. Cela donne un vrai poids aux actes des persos et ne fait que rendre leur continuel combat plus engageant.
Mon seul regret tient dans la conclusion que je trouve trop vite expédiée, ce qui est étonnant, surtout comparée à l’excellent développement dont le titre bénéficiait jusqu'alors.
Plus étonnant encore si l'on considère la longueur énorme du titre. Je n'ai pas compter le temps que ça m'a prix pour le finir, mais ne vous attendez pas à en arriver à bout en seulement 2-3 sessions de lectures.
Techniquement on trouve aussi pas mal de différences avec Higurashi et Umineko, à commencer par le format. Finit la fenêtre de texte recouvrant tout l'écran du NVL (novel), et place à la plus classique boite de dialogue en bas de l'écran du ADV (adventure). Au niveau de la prose, les dialogues prennent une place plus importantes que les descriptions, cela étant renforcé par le point d'encrage du récit (une journaliste recueillant le témoignage de l'actuelle dirigeante de Primaderva).
Visuellement parlant, des changements sont également présents. Si l'utilisation de photos retouchées (une grosse partie ayant été prises à Paris d'ailleurs) est toujours de mise, Ryukishi a par contre pris la décision de confier la majorité du character design à des dessinateurs professionnels, ne se laissant que 2-3 persos secondaires. Si le résultat pourra être un poil trop éclectique pour certains, je trouve personnellement que ça a son charme.
Par contre, ce qui ne change pas, c'est l'excellence de l'OST. Si je ne suis pas particulièrement fan des thèmes plus mélancoliques, c'est tout oublié dés que j'entends l'un des très nombreux morceaux bien rythmés et euphorisants qui donnent le ton aux bastons pléthoriques.
Enfin, bien que le titre ne propose aucun embranchements, il possède tout de même sa petite part d'interactions, sous la forme d'un mini jeu de réflexe prenant place lors de certaines rixes. Par contre, comme il est possible de le désactiver au début du titre, je n'y ai jamais touché et n'ai donc rien à dire dessus, si ce n'est qu'il existe.
Rose Guns Days est un sacré changement, que se soit pour l'auteur ou pour ces fans. Néanmoins je trouve que le jeu en valait la chandelle, et même s'il lui manque un casting en béton pour rivaliser Higurashi dans mon cœur, j'en conseille sans hésitation la lecture à tous les amateurs de drive-by, trench-coat et autres fedora.
Créée
le 4 août 2015
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