Certainement le jeu le plus barré qui m'ait été donné de faire. Observer est un jeu malaisant en tout point de vue qui saura vous déstabiliser à certains moments. Je dis ceci avec une forme d'iration car il est clair qu'il s'agit bien du but recherché par les développeurs : créer un monde futuriste flippant et sale. Si j'étais de l'équipe marketing du studio, j'oserais même le classique : "Vous ne ressortirez pas indemne d'une telle aventure". Enfin "marquant", oui, mais dans quel sens ? En effet, tout dépendra de vos capacités à endurer des phases de jeu pas toujours très compréhensibles, de votre sensibilité à la peur et de votre patience car Observer a malheureusement tendance, dans le dernier tiers de l'aventure, à s'étirer pour pas grand chose.
En quelques mots, l'histoire vous met dans la peau de Daniel Lazarski, un enquêteur du futur qualifié d'"observer", c'est-à-dire qu'il a la capacité de lire et interpréter les puces électroniques insérées dans le cerveau des "humains" - sommes-nous encore humains lorsque nous sommes modifiés et augmentés ? Vous avez 3h. - afin notamment de revivre leurs derniers instants. Pratique lorsqu'on investigue sur un meurtre, n'est-ce pas ? Le héros, fatigué et solitaire, part à la recherche de son fils soudainement disparu au cœur d'un quartier pauvre de Cracovie. Nous sommes en 2084 et l'aspect cyber-punk est assumé voire carrément poussé à l'extrême. Mais un cyber-punk sale et pessimiste comme je le disais plus haut, on est loin d'un futur idéal où l'homme et la machine (voire la machine dans l'homme car la question du transhumanisme est en toile de fond dans cette aventure) vivraient en harmonie. Pour mener à bien ses investigations, votre personnage est doté de trois types de visions. La première permet de repérer et d'examiner tous les appareils électroniques. La seconde sert à analyser les éléments biologiques comme le sang. Et la troisième est une sorte de vision nocturne 2.0. C'est au cœur d'un seul et unique immeuble, aux couloirs dédalesques, que vous allez devoir comprendre non seulement où se trouve votre fils et pourquoi il a disparu mais aussi le mobile de plusieurs meurtres commis dans les divers appartements croisés sur votre chemin.
On ne comprend pas toujours le lien qu'il y a entre ces deux enquêtes, moi-même j'ai été parfois complètement paumé. Les phases d'exploration pure sont alternées avec les phases du "mange-rêve", c'est à dire le moment où Lazarski se connecte aux souvenirs d'un cadavre. Tout l'intérêt d'Observer est dans ces phases psychédéliques et terrifiantes. Les phases d'exploration sont quant à elles plutôt classiques. Vous parlez à des individus au travers de portes munies d'émetteur-récepteur pour avancer dans votre enquête. Tout est assez linéaire finalement même s'il est tout à fait possible de galérer avant de trouver la solution. Pour ce qui est des phases du mange-rêve, il n'y a pas vraiment de mot pour décrire ce que vous allez vivre. Si je devais tenter de définir je dirais que ce sont des moments complètement psyché, irréels, remplis d'effets de lumières, de transpositions où l'unité de lieux et de temps n'ont aucun sens. Attention aux épileptiques quand même car ces phases en mettent plein la gueule, on en ressort presque aussi lessivé que Lazarski ! Je tire mon chapeau aux développeurs car, à réaliser, ce doit être un boulot titanesque. Alors, on aime ou pas, je peux tout à fait l'entendre. Mais le spectacle est au rendez-vous. Dommage que le tout soit une bouillie de non-sens hardcore à comprendre dès fois. Sachez que contrairement à Layers of Fear (du même studio), il est possible de mourir lors de phases cache-cache ressemblant d'ailleurs au jeu SOMA : un monstre qui patrouille dans une zone et que vous devez esquiver sous peine d'être bouffé.
Pour avoir joué à de nombreux jeux vidéo, du haut de mes 31 ans, c'est la première fois que je vois un truc pareil. Observer s'apparente clairement à une expérience. Une expérience horrifique et surréaliste dans un futur dégueulasse où le transhumanisme a littéralement détruit l'humanité. Je souscris à 200% au scénario (même si très confus par moment) et j'adhère également à la direction artistique exemplaire ou à la réalisation graphique plus qu'honorable. Ne vous attendez pas à un gameplay transcendant. Tout est linéaire, un peu comme Layers of Fear. Cependant, si vous n'êtes pas allergiques à l'idée de vous faire chahuter un peu Observer est fait pour vous.