Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty
8.1
Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty

Jeu de Konami (2001PlayStation 2)

Le grand saut dans l’inconnu

J’avais grandi, un peu. En tout cas, assez pour sentir que Metal Gear Solid 2 n’était pas juste un jeu. C’était un événement. Une sortie qui avait des airs d’alignement cosmique. La PS2 ronronnait comme une bête de course, les magazines en faisaient des caisses, et moi, avec mes souvenirs de Shadow Moses plein la tête, je trépignais.


Mais rien — rien — ne m’avait préparé à ce qui m’attendait.


On commence sur un tanker, Snake en poncho, ambiance infiltrée, pluie battante. Le kiff total. J’étais dans mon élément. Le Snake que je connaissais, les caméras, le radar, la tension… et puis bam, le générique tombe, et Snake disparaît comme un mirage.


Raiden.


Hein ? Qui ça ? Il est où Snake ? C’est qui ce blondinet maniéré en combi moulante ? Je me suis senti trahi. J’étais là pour Snake, pas pour un mannequin Calvin Klein qui se prend pour un soldat.


Mais tu sais quoi ? J’ai continué. J’ai râlé, j’ai pesté, j’ai appelé ça “le jeu où on ne joue pas Snake”… et j’ai avancé. Et petit à petit, j’ai compris que Kojima me baladait. Qu’il me testait. Qu’il me tendait un miroir.


Parce que ce jeu, c’était pas juste un jeu. C’était une mise en abyme, un troll de génie, une réflexion sur le joueur, sur le héros, sur la réalité même. À l’époque, je pigeais pas tout, mais je sentais que ça me déait — comme un bouquin qu’on relira plus tard, avec de nouveaux yeux.


Et puis y’avait tout le reste. Les boss toujours aussi fous. Vamp, l’immortel séducteur. Fortune, qui défie les balles. Solidus, ce président-samouraï-terminator. Et cet enchaînement final, là, sur le toit du Federal Hall, où Raiden affronte Solidus, katana en main, comme s’il devait enfin mériter son titre de héros.


Mais même là, j’espérais secrètement le retour de Snake. Et il était là. Présent, calme, lucide. Le vrai mentor. Celui qu’on voulait être. Ce que MGS2 m’a appris, c’est que le héros, c’est peut-être pas celui qu’on joue… mais celui qu’on devient, malgré soi.


Aujourd’hui encore, je repense à cette expérience. À ce moment précis où un jeu m’a fait sentir que je faisais partie de quelque chose de plus grand que moi. Pas juste un scénario, mais une question existentielle déguisée en blockbuster.


Et tu sais quoi ? J’ai fini par aimer Raiden. Le petit blond m’a eu. Kojima aussi.


8
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le 11 mai 2025

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Andika

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