Après le succès commercial modeste de Mega Man 1, Capcom est tenté d’abandonner la jeune franchise mais plusieurs développeurs de ce premier épisode sont sûrs que leur concept peut conquérir un large public et qu’ils sauront désormais en corriger les défauts, forts de leur expérience sur le premier opus. Ils tentent donc de lui donner une suite, malgré un temps de développement court, promettant une expérience plus aboutie et plus accessible en réponse aux critiques faites au premier épisode. Mega Man 2 est donc annoncé comme le tournant pour la franchise qui décollera ou s’écrasera avec lui. Et si son succès n’est inconnu de personne, je vous propose de découvrir ce que j’en pense en écoutant ce medley dédié au jeu issu de Super Smash Bros Ultimate.
RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★★☆☆
Mega Man 2 s’ouvre sur l’une des rares et meilleures intros de la NES avec ces premières notes reprises de la douce mélodie du thème de fin du premier opus tandis que Mega Man prend une pose héroïque avant que la musique s’emballe pour annoncer l’action frénétique qui nous attend. Et ce n’est pas le seul moment où le jeu voudra reproduire une petite mise en scène avec les moyens du bord, comme lorsque l’arrière plan bleuté s’assombrit à chaque écran au fil de l’ascension du niveau Crash Man jusqu’à représenter l’espace et ses étoiles, ça a l’air de rien mais c’est une narration environnementale réelle et appréciable.
Et c’est aussi un moyen économique plutôt malin pour assez bien exploiter les arrières-plans dans le rendu visuel malgré leur simplicité graphique évidente, pour ne pas dire leur austérité, prenant souvent la forme d’une simple couleur unie. Il faut dire qu’entre les très bonnes bases du premier épisode, les faibles moyens alloués au développement et le peu de temps qui sépare les 2 sorties sur la même machine, Mega Man 2 ne pouvait pas être une révolution graphique mais il se devait tout de même d’être meilleur et il y est parvenu.
En effet, la réalisation de Mega Man 2 profite de pas mal d’améliorations mineures comme l’intro des boss à la sélection du niveau un peu plus stylisé, les sprites des ennemis repris du premier épisode mais un peu plus détaillés et un peu mieux animés, l’interface un peu plus épurée avec la disparition des points… mais c’est surtout la meilleure fluidité qui fait toute la différence technique avec le premier épisode. Maîtrisant mieux la NES et les astuces pour soulager la mémoire utilisée, les développeurs de Mega Man 2 ont sur rendre une copie stable, sans bande noire et sans glitch de scrolling.
Plutôt que de reprendre en grande partie le chara-design des ennemis et des boss de Mega Man 1, cette suite fait l’effort d’en créer énormément d’inédits parfaitement dans l’ambiance robotique mignonne du premier épisode qui est ici renforcée et avec des boss emblématiques comme Mecha Dragon ou Guts Tank. Et les premiers fans de la saga ont été invités à partager leurs idées et leurs croquis aux développeurs pour parvenir à ce résultat qui parvient à garder cette cohérence artistique malgré quelques curiosités, comme le niveau de Heat Man qui semble être un niveau d’égout redesigné pour coller à la thématique de la chaleur, mais ça e plutôt bien.
Et bien sûr l’OST de Mega Man 2 s’est imposé comme l’une des plus légendaires de la franchise comme de sa génération. Et si l’on cite toujours, et à raison, la frénésie du premier thème du Dr Willy nous faisant rentrer de plein pied dans la forteresse, la plupart des musiques excellent dans ce registre entraînant si caractéristique de la franchise. Bien qu’au début de sa carrière, Takashi Tateishi restera principalement connu pour cette seule composition musicale et ne rempilera pas pour la suite de la franchise, faisant de cette OST un travail assez unique. Mais voyons si cette excellence et cette identité se retrouvent aussi dans son gameplay.
GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★☆☆☆
Dans un souci d’accessibilité, Mega Man 2 commence par proposer un mode de difficulté normal, en réalité facile, avant de se lancer en difficile, en réalité normal. ons ce manque de lisibilité due aux différences entre les versions internationales, sur le papier c’est plutôt intéressant mais dans les faits, c’est plutôt bâclé. Le nombre de points de vie de certains ennemis est tellement réduit qu’ils sont éliminés avant qu’on puisse voir leur attaque et les phases de plates-formes qui constituent les plus importants pics de difficulté du jeu ne sont en rien impactés par ce mode facile. Il semble donc clairement avoir été fait au dernier moment pour justifier quoiqu’il en coûte son souci d’accessibilité auprès du public occidental.
Sur une note plus positive, une fois la difficulté choisie, Mega Man 2 présente une autre de ses nouveautés majeures avant même qu’on ait pu jouer Mega Man : un système de mot de e. Alors ça n’est pas un système de sauvegarde en bonne et due forme mais c’est clairement un ajout fondamental qui manquait cruellement au premier épisode. Cela permet aussi d’être plus ambitieux en terme de contenu et on e ainsi de 6 à 8 boss, et donc de 6 à 8 armes à débloquer, par rapport au premier épisode, établissant le nouveau standard pour la suite de la saga.
Cette formule n’est pas encore tout à fait maîtrisée et on retrouve ainsi d’importants déséquilibres dans les 8 armes à débloquer, une arme étant par exemple très efficace contre 4 des 8 boss et la plupart des ennemis tout en étant facile d’utilisation et peu gourmande en ressources alors qu’une autre n’est efficace que contre un seul des 8 boss et n’aura d’intérêt que dans des situations très spécifiques, une faiblesse majeure d’un boss peut le rendre un peu plus facile à battre tout en le laissant dangereux alors que la faiblesse majeure d’un autre boss rend le combat si facile qu’il en perd tout intérêt… Mais cela n’empêche pas la progression d’être intéressante avec plusieurs cheminements recommandés possibles et la courbe de difficulté toujours cohérente entre la première et la seconde phase du jeu reprises du premier épisode tout en étant enrichies en contenu.
Le gameplay a été revu pour être un peu plus souple et agréable. Un nouvel item fait son apparition avec l’Energy Tank permettant de restaurer sa vie au moment de son choix, une très bonne idée pour rendre le jeu plus accessible de manière cette fois-ci plus intelligente que par son mode facile bancal tout en offrant une belle récompense pour certains challenges facultatifs. La distinction des items pour aider aux phases de plates-formes des armes qui pouvaient remplir cette fonction dans Mega Man 1 permet là aussi de toujours plus adoucir la difficulté de certains ages de manière subtile tout en enrichissant les mécaniques de jeu.
Le maniement a été légèrement fluidifié avec un Mega Man un peu moins glissant et un plus réactif aux commandes, c’est très subtil et ça sera encore amélioré dans l’épisode suivant, mais c’est tout de même bienvenu. Les différents niveaux présentent des situations de jeu variées, soit inédites, soit reprises du premier épisode mais améliorées. Il y a bien sûr quelques ratés ici et là avec des pics de difficulté, des moments où l’aléatoire peut sembler injuste… mais c’est dans l’ensemble une bonne réussite. Quant au système de score ni fait ni à faire du premier épisode, il est définitivement abandonné avec ce Mega Man 2 et ça me va très bien, même si on peut toujours regretter que le système n’ait pas été amélioré au profit de cette solution de facilité synonyme d’aveu d’échec.
CONCLUSION : ★★★★★★★☆☆☆
Si ses ambitions demeurent limitées par les moyens de développement alloués par un Capcom peu confiant dans le projet et par une envie d’accessibilité amenant quelques maladresses, les développeurs de Mega Man ont su réaliser la suite plus aboutie et plus plaisante qu’ils avaient promis en offrant à la NES l’un de ses jeux de plates-formes / action les plus iconiques, jusqu’à déer toutes les attentes avec un succès commercial tel qu’il sure tout le reste de sa saga sur sa génération comme sur celles à venir.