Kingdom Come: Deliverance II
8.3
Kingdom Come: Deliverance II

Jeu de Deep Silver (2025PlayStation 5)

Audaces fortuna juvat !

L'expérience du premier Kingdom Come: Deliverance (KCD1) n'a guère été une réussite… Le système de combat au clavier/souris était tout simplement horrible, la technique en deçà des attentes, et la tentative d’immersion se révélait lourde et ennuyeuse. Je n'ai pas laissé sa chance au jeu et, après trois petites heures (oups, le remboursement Steam !), je suis é à autre chose pour ne plus jamais y revenir.


Et puis, j'ai appris que ce "truc" sortait un deuxième épisode… Disons-le, je n'en attendais pas grand-chose, d'autant plus que c’est la suite directe du premier dont je ne connais pas l’histoire. Et pourtant ! À ma grande surprise, je me suis plongé dans cette aventure avec enthousiasme, mais cette fois sur PS5. Après avoir regardé un résumé sur YouTube pour me familiariser avec le scénario de KCD1, il était temps de me lancer !


Et c’est ainsi que commence l’introduction avec le siège d’un château à défendre. Pfiou… Les déplacements sont d’une lourdeur, recharger un carreau d’arbalète prend six secondes, la technique est correcte sans plus, l’action est relativement confuse… bref, ça sent le bourbier ! En dix minutes, je retrouve presque les mêmes défauts que ceux du premier opus. Mais quelque chose a changé…


Une fois perdu en forêt… Quelle beauté et quelle crédibilité ! Par rapport aux standards actuels, KCD2 ne mise pas sur le sensationnel. Enfin une zone ouverte sans dragons, sans vision d'aigle, sans pointeur sur la route, sans interface envahissante, sans tours d'observation, sans ténèbres ni démons. On prend plaisir à perdre son temps, à se balader en forêt, à faire des rencontres fortuites menant à des quêtes secondaires, etc. Le jeu bénéficie également d'un soin particulier en termes de bugs : ils ont appris des erreurs du premier épisode.


KCD2 favorise énormément l’immersion. Pas de combats de type arcade, mais un système qui s'est heureusement amélioré depuis le premier opus. Cela reste exigeant et très punitif, mais ce n’est pas grave : le combat est une solution parmi d’autres. Il n’y a pas de PNJ immobiles avec un point d’exclamation au-dessus de la tête : ici, chacun a sa vie. Il m'arrive même que le fermier ne soit pas à la ferme, mais à la taverne, car il est 20h. Les habitants travaillent, mangent, accomplissent plusieurs tâches, se bagarrent… Autant de détails qui donnent de la vie au monde et montrent qu’il ne tourne pas autour du joueur.


À l'image de The Elder Scrolls, on gagne en compétences par la pratique, mais avec une accessibilité moindre. Les systèmes RPG sont d’une incroyable richesse, et vous erez beaucoup, BEAUCOUP de temps dans les menus à lire et relire des explications. L'évolution du personnage récompense grandement le joueur, qui progresse en même temps que Henry. Je me souviendrai longtemps de mes débuts en tant que pouilleux découvrant les secrets de l’alchimie pour se faire de l’argent facilement.


Le jeu surprend également par la richesse de ses quêtes. Tantôt je mène l’enquête sur une disparition inquiétante, découvrant des indices auprès des habitants, comprenant que cela découle d’une histoire vieille de quinze ans, jusqu'à un climax étonnant avec des dommages collatéraux. Tantôt je tombe par hasard sur un chasseur ivre coincé dans un arbre, poursuivi par des loups, ayant perdu son cheval, m’invitant à boire un coup avec lui, avant de devoir le porter sur mon dos alors qu'il me vomit dessus en me demandant de changer de direction toutes les trois minutes… Un pur régal ! L'écriture des quêtes est excellente et réserve bien des surprises.


Cependant, certains aspects peuvent rebuter. Le réalisme poussé avec la vue à la première personne entraîne un manque de visibilité dans l’action, et on e beaucoup de temps à se balader, donc à ne rien faire. Le craft, qu’il s’agisse d’armes ou de potions, n’est pas une simple formalité : vos potions peuvent échouer si vous ne suivez pas les recettes à la lettre, vos armes s’usent et nécessitent des réparations, votre estomac se vide, la fatigue augmente, vos blessures saignent, vos membres peuvent se casser, votre hygiène se dégrade, vos vêtements se salissent, jusqu’à ce que vous finissiez par irrité le nez des habitants par votre puanteur… Tout cela entraîne des conséquences à assumer dans un monde réaliste et sans pitié. On galère beaucoup au début et il est important de le savoir avant d’acheter le jeu.


Un mot sur l’atmosphère sonore : elle est excellente. Les oiseaux chantent plus fort à la lisière des forêts, le bruit de vos pas varie selon les chaussures, le relief et la texture du sol, le silence des villages en routine, l’ambiance de camaraderie des tavernes… tout est parfaitement rendu, à l'exception des voix françaises des PNJ qui rappellent un peu trop l'époque d'Oblivion. Heureusement, les voix VF seront refaites très prochainement.


Pour conclure, si le RPG au pur jus de chaussettes reste un genre de niche, KCD2 pousse le concept encore plus loin en exigeant une certaine charge cognitive dans un cadre historique crédible et réaliste où il faut… prendre son temps. Je n’étais pas prêt en 2018, mais en 2025 je suis conquis !


Merci au studio Warhorse de laisser ainsi une trace indélébile dans le monde très concurrentiel des RPG.


Audaces fortuna juvat !

8
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Créée

le 12 févr. 2025

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Roi Pierrot

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