J'avais commencé par écrire une critique un peu assassine, mais j'ai décidé de me raviser, car si HuniePop n'est certes pas un monument de gameplay et s'il n'est pas non plus d'une grande subtilité, je pense que je l'avais un peu trop sévèrement jugé en lui apposant l'unique étiquette d'appeau à nerds.
Le contexte : vous incarnez un loser fini - et indéfini - incapable d'approcher une fille sans détremper son t-shirt, et votre objectif va être d'en ramener le plus possible dans votre tanière, secrètement aidé par une fée (à taille humaine, et peu pudique) qui vous remettra rapidement le parfait ami du stalker : un smartphone capable de repérer et de traquer les filles, d'acheter des cadeaux à leur offrir ou de l'alcool pour accélérer un peu les choses. Pas de « With great power, comes great responsibility » ici, le but est clairement défini au début du jeu et il n'est pas bien glorieux, à l'instar de l'inventaire de notre personnage qui ne contient qu'un magazine de cul et une boite de kleenex.
La chasse se fait progressivement, puisqu'il faudra d'abord mettre la victime en confiance en lui proposant (et en réussissant) un rencard. Deux ressources : l'argent, qui s'obtient en réussissant ces derniers et permettant d'acheter des cadeaux, et le mojo (enfin, hunie je crois, mais on s'en fout) obtenu en discutant ou en offrant des cadeaux aux filles, et qui permet d'améliorer les talents de drague de notre avatar. C'est cette phase-là qui constitue l'originalité d'HuniePop : il s'agit d'aligner trois (ou plus) éléments de même nature sur une grille pour engranger un maximum de points, selon les préférences de la fille (parmi romance, flirt, talent et sexe), et les différents bonus activables par l'intermédiaire d'objets : consumer tel élément, en faire apparaître plus, augmenter les scores secondaires en fonction du nombre d'éléments présents… il y a de quoi s'adapter à pas mal de situations, et le score brut n'est pas la seule cible, puisqu'il faudra aussi s'efforcer de faire monter le niveau de ion pour espérer débloquer une petite surprise à la fin du rencard. La toute dernière phase (dans la chambre à coucher) se fait également au Match-3, mais sans limite d'actions et avec une outre percée à remplir. Si j'ose dire.
Pourquoi donc ce (léger) revirement ?
Pour commencer, sans être d'une qualité exceptionnelle, la bande son recèle quelques jolis morceaux[1] (ne vous emballez pas non plus trop vite amies fleurs bleues, il y a une boîte de nuit dont le nom pourrait être littéralement traduit par « Le nightclub des salopes ») et si la direction artistique en repoussera plus d'un, je l'ai trouvée réussie, parfaite pour représenter le type de l'anime à harem. Le gameplay, quant à lui, s'il n'est pour ainsi dire pas très touffu, est réussi et prenant.
De prime abord, ça reste un jeu de cul avec tableau de chasse et photos inavouables à la clef, où les filles ne sont que des objets et à aucun moment des actrices du jeu lui-même (il n'y a aucune interaction entre elles en dehors d'une brève introduction, et elles ne peuvent pas ref un rencard). Mais même s'il se situe à peu près à l'opposé de ce qui me ionne d'habitude (des histoires denses centrées sur des héroïnes fortes et téméraires), je ne peux pas détester ce jeu. Peut-être grâce au relatif manque de vulgarité, ou plutôt grâce à sa digne répartition, présente partout – dialogues, descriptions de cadeaux…, sauf là où ça me dérangerait vraiment : la scène de sexe proprement dite. On ne voit absolument rien, on continue à faire du Match-3, avec pour seules différences une illus dénudée et une comédienne qui prend son pied au micro lors-qu’arrive le point final.
Et bizarrement, après y avoir réfléchi un peu plus, et à défaut d'y voir une contribution forte, irréprochable et symbolique à l'égard de l'image de la femme dans le jeu vidéo, j'ai perçu dans ce « geste » une pensée bien moins hypocrite en comparaison de ce que beaucoup de jeux vidéo tentent de vendre.
Mais c'est peut-être juste moi qui fabule devant un appeau à nerds.
[1] : http://youtu.be/5umdMzSnbMg