J’étais plutôt enthousiaste à l’idée de découvrir En Garde ! (2023) et, lors d’un premier essai, j’ai apprécié son style cartoon, son univers de cape et d’épée dynamique, ainsi que son humour léger et omniprésent. J’ai trouvé les mécaniques de combat (esquives, parades, possibilités d’interactions avec le décor) très réussies, offrant une expérience rythmée. Visuellement, même si la technique rappelle des jeux d’une génération antérieure, cela reste agréable à l’œil.
En revanche, au fur et à mesure de mon avancée, j’ai été de plus en plus dérangé par des choix de représentation qui m’ont semblé relever d’un « wokisme » poussé et d’un féminisme militant, au point de nuire à la cohérence et à l’immersion. Le jeu nous place dans l’Espagne du XVIIIᵉ siècle, mais multiplie des éléments difficilement justifiables dans ce contexte : l’héroïne, Adalia, est une escrimeuse d’exception, présentée comme métissée, lesbienne, et supplantant sans effort tout le monde dans l’art du combat. On retrouve aussi un acolyte masculin plus « féminisé » et rarement à la hauteur lors des duels, tandis qu’un autre personnage féminin, également très compétent, entretient des sous-entendus romantiques avec l’héroïne.
D’une manière générale, je trouve que ce choix scénaristique et ces incarnations de personnages manquent de cohérence historique et donnent l’impression qu’une idéologie contemporaine est mise en avant, parfois au détriment du plaisir de jeu ou de la vraisemblance. Bien sûr, chacun peut apprécier ces partis pris s’il recherche une aventure décalée et inclusive. Pour ma part, j’ai le sentiment que cette démarche est trop appuyée et qu’elle sape, en partie, l’aspect purement divertissant et l’immersion dans un cadre supposé « d’époque ».
En Garde ! n’en reste pas moins un jeu ambitieux et attachant par certains aspects (la direction artistique, l’humour, les phases de combat interactives). Je déplore seulement que ce que je perçois comme un « agenda » trop appuyé vienne nuire à l’équilibre entre divertissement, cohérence et immersion. Les amateurs de jeux d’action légers et volontiers modernes dans leur représentation y trouveront sans doute leur compte, mais ceux qui espéraient une ambiance plus en accord avec l’époque pourraient être déconcertés.