Dragon Ball: The Breakers
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Dragon Ball: The Breakers

Jeu de Bandai Namco (2022PlayStation 4)

Bulma Simulator (Pas de Paf Paf)

Les jeux Dragon Ball se suivent et finissent tous par se ressembler; aussi est-il permis d'être assez enthousiaste quand une proposition interactive se veut radicalement différente de ses compères en délaissant pour une fois les péripéties aériennes de Goku et la ZTeam. Les fans le savent, Dragon Ball est souvent affaire de destruction, souvent traitée de manière désinvolte dans l’œuvre de Toriyama, plus sérieuse dans les versions animées et signe déjà éloquent d'une certaine édulcoration à venir, Dragon Ball : Battle of Gods avait consciemment délaissé les ravages occasionnés par les affrontements titanesques de la licence là où les films précédents ruisselaient de villes en ruines et de civils en proie à la panique. Ces braves civils de Dragon Ball, ces pauvres hères dont on se dit finalement que la vie ne doit pas être simple avec la menace d'une destruction massive tous les dix ans et ce pauvre Hercule / Satan comme seul rempart pour l'humanité; c'est justement ce rôle ingrat de victime infortunée que Breakers nous propose d'incarner en laissant ainsi la part belle aux seconds rôles voir même carrément aux figurants de la célèbre franchise de Toriyama.


Évidemment, le rapport de force ne joue pas vraiment en faveur de nos personnages et les excités des Kamehameha devront vite apprendre à faire preuve de patience (ou à ragequit plus vraisemblablement le jeu pour les dix autres jeux de combat qui attendent derrière) sous peine de finir la partie prématurément; le principe de Breakers est simple mais le bougre a le mérite de s'y tenir la plupart du temps : nous sommes globalement cloués au sol à guetter une silhouette inquiétante dans les cieux ou l'écho d'une explosion qu'on espère encore lointaine, notre cœur bat la chamade à l'approche du terrible ravageur et notre protagoniste se met à courir à toute allure si le méchant est dangereusement à portée de tir; on n'aurait pas cru que Dragon Ball pourrait donner lieu à de vrais moments de flippe mais pour une fois, l'imaginaire de Toriyama est ici un terrain de jeu pour une fuite désespérée et si vous avez des bons souvenirs de l'OAV dédié à Trunks et son final anti-héroique alors la proposition de Breakers ne vous paraîtra peut être pas aussi singulière qu'il n'y paraît.


Si Goku et Vegeta occupent aujourd'hui la première place de Dragon Ball, affublés de chevelures bleues d'un goût douteux, il fut un temps où Dragon Ball c'était également une affaire d'équipe et où Toriyama ne dévoilait jamais mieux son talent ludique que par la présence de nombreux protagonistes fédérés face à une menace redoutable. Breakers est ainsi l'une des rares adaptations de la licence à prendre en compte cette caractéristique puisque la coopération entre survivants s'avère primordiale pour obtenir une chance de survie; si chacun débutera la partie en solitaire en espérant obtenir un Loot avantageux et couvrir un maximum de terrain, très vite il sera nécessaire de réunir ses forces pour espérer l'emporter. Et pour épauler nos survivants dans cette épineuse situation, Breakers met à disposition du joueur une ribambelle d'outils et de capacités qui rappellent enfin que l'inventivité d'Akira ne résidait pas seulement dans des coiffures de Super Saiyan qui finiraient par solliciter toutes les teintes de l'arc en ciel; le radar de Bulma permet de retrouver plus aisément les civils ou les objets clés à trouver durant la partie (y compris les célèbres Dragon Ball), la capsule des Saiyans permet d'atteindre un point opposé de la Map en un instant, le nuage magique nous permet enfin de prendre de la hauteur tandis que la téléportation de Goku se révèle vite salutaire pour redre des alliés en mauvaise posture. Enfin, même les Dragon Ball peuvent être collectés durant la partie en permettant ainsi d'obtenir une chance significative de survie mais prudence car les méchants eux mêmes peuvent également acquérir les "boules de cristal", réitérant ainsi quelques répliques traumatisantes de la série animée.


Beaucoup d'éloges donc pour un titre qui ne mérite clairement pas sa mauvaise réputation mais il y a néanmoins un hic, un aspect problématique qui justifie de manière plus légitime la réticence de certains envers ce titre : son exécution héritée des jeux mobiles. Pour faire simple, les héros de Dragon Ball ne sont pas totalement absents de la partie, contrairement aux apparences; il est possible en effet d'endosser brièvement l'apparence des héros de la franchise pour lutter contre le méchant : il s'agit bien d'une solution d'ultime secours et dont seule l'entraide appropriée entre survivants pourra éventuellement découler sur la défaite du méchant mais cela reste néanmoins une concession plus mercantile à cet excellent concept de base. Et cerise sur le gâteau, l'obtention de ces héros e par un système de loterie galactique, occasionnant évidemment frustration chez le joueur et envie éventuelle de casser à la caisse pour améliorer ses chances d'obtenir la perle rare; que voulez vous, on arrête pas le progrès décidément mais il est difficile de ne pas pester sur la prostitution du jeu vidéo depuis plus d'une décennie à présent où ce qui était autrefois affaire de progression et d'apprentissage s'apparente désormais à un simple jeu de hasard maladif (surtout que j'en avais déjà assez soupé personnellement avec Dragon Ball Legends). De quoi moucher mon enthousiasme à l'égard de ce titre d'autant que ce dernier est déjà alourdi par une technique pas franchement flatteuse, à des années lumières de la qualité d'un Kakarot ou de l'excellence de FighterZ qui se payait le luxe de faire carrément mieux que la série animée à bien des égards.


Fort heureusement, le jeu a un autre atout dans sa manche pour nous faire diriger cet enrobage disgracieux et il s'agit tout simplement de la possibilité d'incarner soit même le fameux méchant!


Et le principe n'est pas aussi bourrin qu'on pourrait le croire : si vous vous rappelez du jeu quelque peu oublié Evolve, Breakers en est étonnamment sa version bien mieux maitrisée et équilibrée, sous un vernis très différent : vous commencerez tout en bas de l'échelle de l'évolution avec un personnage peu puissant, vous obligeant ainsi à traquer les civils innocents ou les joueurs imprudents évoluant en solitaire pour espérer gagner en puissance et prendre l'ascendant sur les survivants. Chaque étape d'évolution offre également la possibilité d'une attaque dévastatrice qui ravagera pour de bon une partie de la carte, compliquant ainsi la tâche à vos proies et réduisant leur champ d'action. Et il n'y a pas à dire : le système est encore une fois tout bonnement excellent et offre une multitude de possibilités durant une partie; vous pouvez prendre complètement de court les survivants avant qu'ils aient la moindre chance de riposter comme vous faire ratatiner par des adversaires plus prompts à réagir que vous; rien n'est joué à l'avance et si bien évidemment, le méchant possède un avantage certain par rapport aux survivants, il y a pour le coup une vraie marge d'apprentissage à acquérir pour endosser véritablement le rôle d'un destructeur de mondes.


Et à ce tableau fort alléchant s'ajoute de surcroît une vraie variété dans les antagonistes disponibles, le jeu ayant clairement été alimenté généreusement en contenu depuis les deux années de sa parution initiale. Bien sûr, il est évident que le concept initial est beaucoup plus cohérent en étant dans les bottes de Cell et les puristes pourront certainement pester face à l'abondance de Supereries et même de GTeries proposées par les dernières mises à jour là où C17 et C18 restent de manière assez incompréhensible cotonnés aux rôles d'invocations jouables alors qu'ils sont probablement les personnages qui correspondent le mieux au concept de Breakers (et ne parlons pas des pauvres Dabra et Bojack décidément oubliés des jeux Dragon Ball de ces dernières années); néanmoins force est de constater que Breakers tire parti de la diversité de ses Guests pour apporter une variété bienvenue à ce jeu de chat et à la souris qu'il s'agisse de Zamasu épaulant Black Goku sur le champ de bataille ou de Baby Vegeta usant de fourberie pour atteindre ces cibles en endossant l'apparence d'un civil à secourir. Autant d'éléments exotiques qui pimentent les parties et évitent grandement le sentiment de redite d'ordinaire inhérent au genre. Mais encore faut-il évidemment adhérer à cette démarche inattendue pour l'univers de Dragon Ball.


Mon plus grand regret réside finalement dans l'abandon évident du jeu par la communauté des joueurs et ce malgré le crossplay récemment mis en place pour sauver les meubles; il est fort à parier qu'un certain Sparking Zero doit davantage fédérer les foules tandis que le succès de FighterZ ne se dément toujours pas et que même Kakarot a droit à un suivi inespéré, des années après sa commercialisation. Mais Breakers mérite pourtant bien mieux qu'être considéré comme le vilain petit canard de la licence car il confère enfin l'impression d'être une véritable adaptation de Dragon Ball dans toute l'ampleur de ce formidable univers et non juste une transposition interactive de ses affrontements spectaculaires. A ce stade, j'en viens à espérer que le jeu era un jour en Free To Play afin de bénéficier d'un second souffle et d'écarter peut être le scepticisme d'une grande partie du public rebuté à l'idée de jouer des sous fifres ou des seconds couteaux.


Mais si vous faîtes parti de ceux qui apprécient l'imaginaire de Toriyama jusque dans l'architecture singulière et l'inventivité de ses véhicules alors Breakers saura peut être contenter votre cœur de fan.


Et si vous me croisez un jour aux commandes de Cell, je serais sans pitié, désolé. :p

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le 23 mars 2025

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Leon9000

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