La forme sur le fond

Ca fait une vingtaine d'heures que j'y suis et j'avoue qu'en ce qui me concerne, c'est la grosse douche froide.

Le système de combat, sans être révolutionnaire, est assez dense et bien fichu, c'est clairement le seul point du jeu qui m'a poussé à insister. Les phases d'exploration sont une purge: les niveaux proposent un assemblage très archaïque d'interminables couloirs à branches ponctués de mobs ou de butin, sans minimap et sans le début d'une mécanique de plateforme qui lui donnerait un peu d'intérêt. Les lieux traversés, à quelques exceptions, sont étonnement génériques et pauvres en points d'intérêts: sorties des sempiternelles mornes plaines, sentiers rocheux ou forêts enchantées baignés de brume lumineuse bleue, blanc ou rouge, au choix, les quelques idées de décors qui se démarquent ont toutes un air de déjà vu: Paris art déco et banderoles suspendu dans les airs à la Bioshock Infinite, forteresse désertique verticale à la Journey, océan suspendu comme dans Inside... Cette remarque vaut pour l'interface: en combat c'est une redite à peine dissimulée de Persona avec une skin Dishonored, alors que l'inventaire, visiblement laissé de côté, se contente des standards d'il y a vingt ans.


Par ailleurs j'ai trouvé le jeu inutilement bavard. Les dialogues débordent de mièvreries et de situations convenues, surjouant le pathos à la nausée et ceci sans la moindre auto-dérision. Le casting est évidemment composé d'un bellâtre ténébreux et de son bataillon de jeunes femmes aux corps d'adolescentes et aux visages de mannequins de charme. Le scénario, plutôt chouette à son énoncé, se perd dans une complexité artificielle qui n'a d'autre but que de nous servir un énième climax, un énième rebondissement. Je ne m'explique pas ce concert de louanges autour de "l'écriture" du jeu. Pourquoi ce qui relèverait du nanard ou de la faute de goût s'il s'agissait d'un livre, d'une série, ou simplement d'un RPG ordinaire se trouve-t-il porté au pinacle selon les standards du JRPG? Comment un imaginaire aussi bas du front peut il susciter un enthousiasme à ce point unanime, d'autant plus lorsque tout ce qu'il propose d'à priori singulier a déjà été vu ailleurs dans d'autres jeux plus aboutis?


Je ne nie pas que le taf abattu est impressionnant pour une équipe de trente personnes. Ce dont je doute, c'est de la pertinence pour des structures de cette taille de vouloir singer à tout prix les gros studios : les efforts déployés pour cacher la misère et pondre des kilomètres de banalités surjouées en champ contre champ auraient été les bienvenus pour donner un peu de consistance à l'exploration et de la cohérence à l'univers.

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le 7 mai 2025

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FPavillon

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