Une épopée viking très forte, mais qui tranche trop avec les pilliers de la franchise.
Assassin’s Creed Valhalla avait tout pour séduire sur le papier : une plongée dans l’ère viking, un vaste monde ouvert magnifique à explorer, des systèmes de jeu solides et bien conçus, des raids jouissifs et la promesse d’un lien, même ténu, avec la mythologie des Assassins. Pourtant, après des dizaines d’heures à piller, massacrer et voir Eivor s’imposer en Angleterre, une question me hante : comment cet épisode peut-il encore prétendre faire partie de Assassin’s Creed ?
Une longueur épuisante pour un récit en roue libre
La première claque vient de la durée du jeu. Avec une campagne principale déant facilement les 50 heures et un contenu annexe interminable, Valhalla s’étire sans raison. Loin de l’élégance d’anciens titres plus resserrés comme Assassin’s Creed II ou même Origins, il s’égare dans une structure répétitive où chaque région exige de refaire inlassablement le même schéma : alliances, pillages et intrigues locales qui peinent à ionner. La quête d’Eivor devient une simple check-list, sans véritable tension dramatique, où le joueur finit par avancer plus par habitude que par enthousiasme.
Où sont és les Assassins ?
Ce qui frappe encore plus, c’est à quel point l’ADN de la série semble dilué. Certes, Basim et la Confrérie sont présents, mais ils paraissent anecdotiques. L’infiltration et l’assassinat ciblé, autrefois au cœur du gameplay et de l’identité de la série, sont relégués au second plan. Valhalla est avant tout un RPG d’action, où la discrétion est une option et où l’essence des Assassins – leur combat millénaire pour l’équilibre du monde – est écrasée sous la brutalité viking. Eivor, qui n’est même pas un Assassin à proprement parler, s’éloigne tant des idéaux de justice et de lutte contre la tyrannie qu’on peine à comprendre pourquoi cette aventure porte encore le nom d’Assassin’s Creed.
Une conquête sans conscience morale
Mais là où Valhalla échoue le plus, c’est dans son absence totale de recul sur la barbarie qu’il met en scène. La saga Assassin’s Creed a toujours été teintée d’un regard critique sur l’Histoire, mettant en scène des héros cherchant à corriger les injustices de leur temps. Or ici, la campagne viking en Angleterre est présentée comme une épopée glorifiée, où la brutalité d’Eivor et de son clan est rarement remise en question. Les pillages d’abbayes, les massacres d’innocents, la destruction de cultures locales sont traités comme un simple prétexte à engranger richesses et pouvoir. Même lorsque le jeu tente quelques réflexions sur le destin et les choix d’Eivor, il ne remet jamais en cause la nature même de cette invasion sanglante.
Un Assassin’s Creed qui oublie ce qu’il est et la narration, trop longue et répétitive, finit par même les plus patients.
Si vous cherchez une épopée viking brutale et immersive, Valhalla est un excellent jeu. Mais si vous attendiez un Assassin’s Creed fidèle à ses origines, offrant une réflexion sur la liberté et la justice, alors ce jeu n’est pas la bonne cible.