Au futur uchronique qui ouvrait Days of Future Past répond dans Apocalypse une remontée dans l’Antiquité Égyptienne : idée insolite, pour une séquence grandiose et assez jubilatoire dans laquelle on mélange le péplum et Angry Birds, un sens du grandiloquent, voire du kitsch, qui pèse ses images dans sa volonté de proposer l’épique le plus rutilant.
Puisque l’on visite toute l’Histoire sous l’égide des mutants, le très travaillé générique, toujours sous la forme de ce vortex caractéristique, s’organise sous forme de frise chronologique, poursuivant cette ambition démesurée.
S’arrêter à cette forme folle pourrait sauver ce nouvel opus ; ce serait oublier qu’il a pour charge de raconter une histoire. Autant First Class et Days of Future Past renouvelaient la franchise, autant ce paroxysme annoncé joue la carte de la paresse.
Le méchant annuel, divinité qui se voudrait à la croisée d’un Empereur de Avengers n’a d’autre projet que d’éradiquer la race humaine, et nos mutants de l’aider ou non.
Point.
La race humaine est face à eux complètement larguée, reléguée à l’arrière-plan et dans une panique à peu près totale, ce qui, reconnaissons-le, est plutôt jouissif quand il s’agit de gérer l’arsenal nucléaire ou de lâcher un Wolverine plus bestial que jamais dans une base militaire.
La principale inquiétude du film gravite autour de l’équilibre à maintenir dans sa dimension chorale : Magneto, Xavier et Jean sont les personnages les plus importants, et si l’on revient sur la genèse de quelques mutants, rien ne permet de leur donner une véritable personnalité. La gestion des différents plans d’action est fluide, dénuée de temps morts, mais justement sans aspérité, engoncée dans un cahier des charges trop lourd à porter. On pourra sauver quelques idées dans le combat par l’esprit des trois protagonistes, qui permet une couche supplémentaire au final, mais celui-ci n’échappe pas à la bouillie numérique qui avait déjà biens souillé le troisième épisode.
(Spoils à venir)
On attendait un sommet avec la nouvelle intervention de QuickSilver, qui à elle seule résume bien des soucis des blockbusters : faire mieux, plus loin, plus long, plus spectaculaire. A la douceur spiralaire de l’opus précédent succède ici une gigantesque explosion sur Eurytmics, (caution années 80) et un pendant très cartoon. C’est amusant, certes, mais dénué de la poésie initiale, inféodé sur du grandiloquent qui perd de la finesse qu’on connaissait au personnage.
Ce qui fâche vraiment s’accroit à mesure que le film avance : une sous-intrigue totalement dispensable permettant, une fois encore, à Magneto de justifier qu’il en veuille à la terre entière, une réunion des quatre serviteurs du mal qui vont ouvrager à la fin du monde avant de se dire que tout de même, ce serait un peu excessif en matière de colère.
Cette manière totalement hypocrite de résoudre une intrigue qui n’avait déjà pas de saveur rappelle bien entendu l’escroquerie Civil War : c’était pour de faux, hein, vous savez bien.
D’où une énième accolade Magneto/Xavier, qui se rapproche de plus en plus du premier volet puisqu’à la perte de ses jambes, il ajoute désormais celle de ses cheveux.
Les jeunes recrues sortent d’un cinéma après avoir vu Le Retour du Jedi, et expliquent que dans une franchise, le troisième épisode est toujours le plus nul, séquence méta bien lourde. La question est de savoir si Bryan Singer fait référence à l’épisode trois, qui clôturait une première trilogie, ou celui-ci, qui est le sixième…Tous deux sont effectivement sur bien des points les plus fragiles de la franchise.
(5.5/10)
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