Sorti en 2022, Unicorn Wars est réalisé par l’Espagnol Alberto Vázquez, figure singulière de l’animation contemporaine. Adapté de son propre court métrage Unicorn Blood (2013), le film mélange satire religieuse, fable antimilitariste et récit de guerre absurde dans un univers où des oursons soldats affrontent des licornes mythiques.
Ce qui frappe immédiatement, c’est la puissance des oppositions visuelles et narratives. Les protagonistes, à l’apparence inoffensive, se révèlent empreints de haine, d’envie et de cruauté. Le style graphique, fait de couleurs vives et de formes douces, tranche avec la brutalité des actes, générant une tension constante. L’univers militaire, tout en étant rigide, se peuple de détails déroutants qui amplifient l’ironie du propos. Le travail sur les ambiances visuelles est également remarquable : la densité de la forêt, les contrastes lumineux et l’étrangeté des licornes renforcent l’aspect mythologique et tragique du récit. Le dénouement, implacable, impose un regard amer sur l’humanité et ses dérives, et laisse une impression durable.
Mais cette ambition esthétique et narrative s’accompagne d’un recours massif à une violence difficilement justifiable. Le film enchaîne les scènes d’agression, d’humiliation et de démembrement avec une régularité éprouvante. Certaines images frisent le mauvais goût, comme ces plans explicites sur les corps des oursons qui semblent uniquement destinés à provoquer. Ce déluge graphique, loin de servir la profondeur du message, l’écrase et finit par émousser tout impact émotionnel. Le malaise s’installe, puis se fige, jusqu’à rompre l’implication du spectateur. On finit plus accablé que secoué.
Malgré ces excès, l’œuvre s’impose par son audace visuelle, son univers cohérent et son ambition intellectuelle. Elle aborde frontalement des thématiques rarement explorées avec autant de radicalité. Unicorn Wars n’est pas un film pour tous les publics, et encore moins une proposition consensuelle. Mais il possède une identité forte, et son auteur y déploie une signature artistique marquée. Une expérience inconfortable, mais notable.