Pour son troisième film, Guillaume Senez a choisi de retravailler avec Romain Duris qu’il avait dirigé sur le très beau « Nos batailles ». Sa réalisation est ici discrète et basique, comme s’il laissait de côté les possibilités infinies de la mise en scène pour laisser le sujet exister uniquement par lui-même et la force de la narration. Hasard ou pas les deux films parlent, certes différemment, de paternité. Et l’acteur joue le rôle opposé de leur précédente collaboration puisque dans « Une part manquante », ce n’est pas un père qui se retrouve abandonné par la mère et obligé de se débrouiller seul avec sa fille mais un père qui tente de retrouver son enfant à Tokyo après que sa conte nippone ait choisi de le quitter, de garder sa fille et de disparaître avec elle. Le long-métrage nous parle donc d’un sujet méconnu, celui des enfants nés de parents de nationalité distincte qui sont gardés par l’épouse (mais cela fonctionne aussi avec l’époux comme le montre le personnage de Judith Chemla) et protégés par la loi du pays de l’autre cont, en l’occurrence le Japon ici. Cela montre des différences culturelles et sociales fortes entre le Japon et la dans ce genre d’affaires. Des règles, lois et traditions qui peuvent nous apparaître injustes mais qui sont indissociables de la culture nippone. Le film montre bien l’étendue du problème et l’ime istrative pour les étrangers voulant récupérer leur progéniture. La détermination de ce père qui est resté au Japon pendant neuf ans et qui fait tout pour retrouver sa fille est irable et touchante. Un hasard va lui permettre de la retrouver et « Une part manquante » débute véritablement à ce moment-là, sans montrer le chemin de croix de Jérôme (le personnage joué par Duris) durant la décennie ée, et c’est peut-être un tort.
L’immersion en terres tokyoïtes nous apparaît très juste et maîtrisée, évitant les clichés inhérents à ce pays et sa culture. Ici, le Japon est juste le pays qui permet de montrer la lutte d’un père pour retrouver sa fille et pouvoir la revoir, à défaut d’en retrouver la garde. Le cinéma français aime de manière sporadique à raconter des histoires se déroulant au Japon montrant ainsi le choc culture sur bien des points entre les valeurs occidentales et celles du pays au soleil levant. Du magistral « Stupeurs et tremblements » d’Alain Corneau adapté d’Amélie Nothomb à « Tokyo Shaking » plus récemment avec Karin Viard qui revenait sur Fukushima vu par une expatriée ou à la comédie d’action complètement idiote « Wasabi » avec Jean Reno, le pays inspire le cinéma français tout comme le cinéma américain (de « Mémoires d’une geisha » à « Lost in translation »). Mais pas toujours pour le meilleur tant « Une part manquante » prend ce pays pour décor mais qu’hormis les lois concernant la garde des enfants pour les couples binationaux, on aurait pu tourner ce scénario dans n’importe quel autre pays. En outre, le film ne nous transmet que peu d’émotion malgré l’investissement d’un Romain Duris encore une fois impeccable. Et le script manque également un peu de développements (le personnage de Jessica semble juste là pour donner un contrepoids féminin), de liant et d’ampleur sur bien des points. Un petit film quelque peu anecdotique donc, mi-figue mi-raisin, qui ne convainc qu’à moitié et ne nous touche et captive pas comme on l’aurait souhaité.
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