Le second long-métrage de Leyla Bouzid arrive ici à nous présenter des jeunes dans leurs premiers émois avec douceur et dans le choix d'une mise en scène naturaliste et poétique. Nous sommes épris par les images, notamment par son entrée en matière avec une séquence de douche sensuelle et "kaléidoscopique" au travers des vitraux. En effet, j'ai apprécié découvrir Ahmed d'abord par sa silhouette, puis par des plans rapprochés de son corps allant jusqu'aux gros plans des gouttelettes qui perlent sur son dos. La lumière orangée donne une grande douceur à ces premiers plans et nous prépare à toute l'ambiance du film. Ce dernier est d'ailleurs pour la plupart du temps filmer au plus proche des personnages, en longue focale et avec une profondeur de champ moindre, ce qui accentue cet effet de volupté dans les images.
Malheureusement, tout le film ne m'a pas transporté comme dans ces premières minutes. C'est avec regret que je pose ces mots, car je sens ici toute l'attention de la réalisatrice à mettre en oeuvre son film, mais je n'ai pas pu m'attacher aux personnages comme je l'espérai et je suis restée en surface de l'histoire.
En effet, malgré sa tentation de sortir des codes, ce dernier reste assez prévisible. On a beau savourer certains moments, bercés par les érotismes des poèmes arabes et celui de Farah, on reste tout de même sur notre fin.
Ici vous pouvez spoiler !
On l'est d'ailleurs encore plus quand on voit que cette dernière cloture le film sur un rapport sexuel qui ne se résume qu'à une vision simple et classique du sexe: celle de la pénétration masculine et de l'éjaculation comme aboutissant.
Heureusement, il y a des séquences qui marquent et nous donne le frisson. Je pense évidemment à cette merveilleuse scène de rue, la nuit, où l'on peut irer et écouter jouer un saxophoniste avec une intensité déroutante. (On peut d'ailleurs louer par la même occasion le travail du son dans ce film). D'autres aussi, comme la séquence où le rêve se veut sensuel et horrible à la fois.
Mais encore évidemment la séquence où Ahmed danse, presque envouté par la transe, lors du mariage de son ami.
Je conclurai donc en disant qu’une histoire d'amour et de désir est un film qui nous fait er un agréable moment, qui aborde beaucoup de choses intéressantes vis à vis de la religion et des rapports amoureux, mais qui ne m'a pas touché personnellement et qui, je pense, ne me marquera pas vraiment dans le temps.