La femme qui venait d'ailleurs
Sous la peau, dans la peau, quid de la chair, des sensations, du sexe, de l'être humain, sa nature, sa solitude, sa quête, Under the skin.
C'est une combinaison miraculeuse de cinéma brut et de flashes irréels portée par une bande son sophistiquée et puissante, au cœur de laquelle la musique de Mica Levi borde de mélancolie nos sens happés. C'est la perception même qui devient intuitive.
Débarrassé de toute scorie narrative, réduisant le récit a minima, faisant le pari de nous perdre s'il le faut afin de ne surtout pas nous assommer, le film de Jonathan Glazer travaille en nous l'intime, notre rapport au corps, à la nature, au cinéma.
Catalyseur sensoriel, le personnage de Laura, extra-terrestre prédatrice et victime, étrangère au monde et à son propre corps, nous porte en son regard. Les rues d'Édimbourg, la campagne écossaise, la mer déchaînée, une boîte de nuit, une galerie marchande, les lieux deviennent emblématiques, zones d'observation et de chasse.
Mais le monde est brutal, les relations animales, les prédateurs humains. La belle alien trébuche et se perd, n'arrive plus à comprendre, devient une proie. Est-elle alors à l'image des hommes, est-elle leur double, leur miroir glacé ?
La séquence d'ouverture est sublime, les contrastes de noir et de blanc, les rencontres, les scènes en GoPro cachée, tout se conjugue à la perfection dans une installation cinématographique ambitieuse mais simple, évidente, prodigieusement intelligente. Scarlett Johansson est parfaite, méconnaissable et troublante, dispositif plastique et être de chair, fascinante.
Il faudra y revenir. Under the skin fera date.