Tori et Lokita sont un garçon et une fille, originaires d'Afrique, qui vivent en Belgique. Le plus jeune, Tori, a des papiers lui permettant d'être dans la légalité tandis que l'adolescente est en attente de ce fameux droit de visa qui lui permettrait de résider dans le pays dans le but de faire un métier en tant qu'aide-ménagère. En attendant, ils sont exploités par des dealers pour gagner un peu d'argent, jusqu'à ce que l'engrenage s'emballe...
On sait que le cinéma des frères Dardenne ne respire pas forcément la joie de vivre, mais là, il vaut mieux avoir le moral en voyant ce film, déprimant au possible, sur les galères en particulier de Lokita dans le but de décrocher ce sésame. C'est clairement une victime de ses dealers, où elle est même abusée sexuellement contre quelques dizaines d'euros, mais elle s'accroche coute que coute à envoyer un peu d'argent à sa famille en Afrique, mais aussi à ce fameux visa qui est comme un rêve qu'elle va payer très cher. C'est clairement dans un cinéma épuré, sans musique, avec la sensation que le soleil ne perce pas à l'image, mais il y a un sentiment de véracité qui en découle qu'on se surprend à être pris comme dans un thriller, notamment dans la dernière partie qui se situe dans une plantation intérieure de cannabis.
Les acteurs, pour la plupart non-professionnels, y sont excellents, on a envie d'en détester les trois-quarts, qui ne donnent pas une image reluisante de l'humanité, mais le film parle aussi d'une très belle relation entre Tori et Lokita, qui se considèrent comme frère et soeur alors qu'ils n'ont pas de lien de sang, mais comme je le disais, les 80 minutes ent comme une sorte de voyage en enfer, dans une Belgique glauque au possible.