The Sweet East
6.6
The Sweet East

Film de Sean Price Williams (2023)

Moi pas Christiane F, pas 13 ans, pas droguée, pas prostituée

Une ado en fugue suit au petit bonheur la chance toutes les propositions qui lui sont faites par des inconnus, étonnamment tous sont bienveillants à son égard et mis à part que cette petite andouille ment et vole, tout se serait bien é.

Après avoir suivi un punk déglingos elle embraye sous un faut nom avec un anarchiste quadragénaire qui lui propose de l'héberger tout en pensant l'instruire à lui rebâcher les oreilles de son savoir anti-système encyclopédique. Malgré les avances en sous vêtements de la donzelle installée chez lui, il reste distant et n'est pas en recherche amoureuse ou sexuelle. Comme c'est un gars cool et sympa, se dit-elle, je vais lui piquer ce sac plein de liasses de dollars et me barrer de là !

Ce sont ensuite un et une zazous black intellos et artis nombrilistes qui l'alpaguent pour en faire une actrice. Elle cartonne sous un nouveau pseudo et c'est la gloire mais arrive le retour de boomerang: L'argent volé a laissé des mécontents qui l'ont retrouvé et qui butent toute l'équipe de tournage, ou presque. (On a donc la démonstration que le gars anti-système, même s'il est cool et sympa avec un discours qui se défend, est un foutu psychopathe sanguinaire, un leit-motiv hollywoodien maintes fois exploité !)

Un jeune assistant de plateau vient la secourir au volant d'un 4x4 et l'installe dans la planque de son grand-frère, quelques cabanes et tentes perdues profondément dans la nature. C'est un lieu d’entraînement paramilitaire et personne ne doit savoir qu'elle est là. Il est aux petits oignons et vient lui servir les repas, lui parle de sa foi chrétienne... Après quelques jours d'ennui et la découverte d'un journal qui fait état de l'arrestation des auteurs de la tuerie à laquelle ils ont échappés, elle sort et croise la bande de paramilitaires, dont le grand-frère qui fait les yeux doux alors que les autres regardent leurs pompes. Gentil, bienveillant, alors elle raconte d'autres mensonges et se tire de là pour errer le long d'une route jusqu'à la nuit où, effondrée, elle est secourue par une bande de curés plus ou moins chelous mais sans soucis. La voilà de retour parmi les siens, maman, papa, les copines, les copains... Avec sa pote, elles fument leur clope sans avaler la fumée mais on sent bien qu'elle n'est plus connectée. Elle va prendre l'air ou elle repart ? Fin.

Quelle aventure ! Elle en a pris de la graine ? Pas sûr... C'est sa nonchalance, désinvolture et son inconséquence qui ont dominé tout du long alors qu'elle laissait derrière elle un bain de sang.

Le film, qui serait une déclinaison de "Alice au pays des merveilles", se montre très conservateur avec sans doute un fond chrétien même si la protagoniste se veut athée et moque volontiers la religion. On nous a bien signifié à coups de sur-mixage et d'effets, à travers l'anar et le couple black, comme le discours "intello" la saoule, un blabla stérile dont elle s'échappe mentalement alors qu'elle reste présente à sa discussion traitant de foi chrétienne. L'anar et les deux blacks sont d'ailleurs "bien punis", l'un en prison, les autres traumatisé si pas massacrés alors que notre jeune chrétien va poursuivre le petit bonhomme de chemin dont il a vanté les mérites: simplicité, respect, harmonie avec la nature, beauté du monde, etc...

5
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le 27 août 2024

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tobor

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