Si on se réfère au cinéma coréen il est important de noter que leur habileté à mêler des genres différents leur sied toujours bien. The Strangers promettait, en parallèle d'une enquête policière, une dérive surnaturelle qui pouvait nettement lever le niveau par rapport aux derniers films de genre US en la matière.
The Strangers commence bien, le personnage de loser (qu'on retrouve dans la plupart des films coréens), un flic un peu gauche mais attachant sert le film dans sa vague drôle alors qu'on est plongé d'emblée dans une sombre histoire de meurtre. Le décalage des genres fonctionne donc toujours autant. Surtout quand le film part dans des rumeurs d'histoires fantasques à faire peur.
Sa force tout autant que sa faiblesse est de partir dans différentes directions, jusqu'à prendre le risque de perdre son spectateur. Si le burlesque côtoie l'horreur, le film part tout autant dans des théories d'exorcisme, de chamanisme conjugué aux fantômes et aux zombies. Si bien que lorsqu'on croit trouver la solution à l'enquête, on est malmené par ces différentes théories.
Si l'aspect religieux prend une ampleur importante, peut importe quelle religion pourvu qu'on s'accroche à l'espoir d'un retour à la normale, le film bascule dans un bordel qui est difficile à maîtriser. De même que cette histoire avec le japonais qui voit là une occasion de parler des tensions entre la Corée et le Japon, mais je ne suis pas assez calée sur le sujet pour en saisir toute les allusions. Bientôt l'enquête e au second plan alors que tous les événements sont liés et le spectateur, lasse de voir poindre une résolution au mystère, perd patience.
Le film est long assurément, mais seulement parce qu'on s'y perd en route, car l'ambiance est réellement bien posée dès le départ. Mais le côté pataud du personnage sert trop souvent de prétexte pour rallonger le film, même si cela est plutôt bien amené, il devient difficile de donner raison au personnage quand il se lance seul à la poursuite de son suspect. Sans compter les phrases mystérieuses (attention au syndrome Lost) qui ne veulent clairement pas opter pour la facilité.
The Strangers part dans l'excès d'un montage qui se veut énigmatique et qui au final ne délivre pas la clé du mystère, qui n'est en tout cas pas assez explicite à mon goût.
Du coup le film perd de son charme, prend clairement la direction de la religion, peu importe la culture qu'on lui donne. Le spectateur voit alors la dernière demi-heure non pas comme une résolution mais comme un grand n'importe quoi. Bien des films ont laissé le champs ouvert à l'interprétation, utilisant de multiples pistes et raisonnant encore dans nos têtes alors que leur sens nous échappait ; The Strangers avait de quoi former une compréhension, mais être autant larguée m'ôte toute fascination.