The Dark Knight - Le Chevalier noir par MrShuffle
Sans rentrer dans les évidences du genre "Heath Ledger il est trop bon dedans trop triste qu'il soit mort", "Christian Bale, il est un peu fade non ?" ou "Ouah c'est long !", j'ai décidé de parler un peu de The Dark Knight différemment. C'est à dire pas du niveau du péquin moyen qui à 75% du temps se concentrera uniquement sur les acteurs qu'il aime ou pas et la durée pour critiquer un film. Il n'y a qu'à lire les critiques des films où Cotillard apparait, même si elle joue un quart d'heure de dos.
Donc après une intro bien prétentieuse, qu'est-ce qui fait de ce film un blockbuster différent ? Déjà absolument rien, il y a de l'action, de l'amour, de la bravoure, des moments cons, de la musique envahissante, des effets spéciaux... C'est un blockbuster comme les autres à la différence que c'est celui qu'on avait envie de voir. Commençons par les évidences, le film est beau. mais là où la plupart se ruine en CGI, en troidé ou en explosion, The Dark Knight investit dans le durable : l'iMax et les cascades. Si Nolan doit retourner un camion à pleine vitesse, il préfère le faire en vrai plutôt qu'en image de synthèse. Je ne dis pas que le film n'est pas pourri de post-production, ce serait faux, mais elle est discrète et réaliste. l'image est soignée, les scènes de combat sont chorégraphiées... Bref ça en jette. L'autre évidence, c'est évidemment Batman. Oui cela existe encore un réalisateur absolument fidèle au personnage capable d'écrire, avec son bras droit Goyer, un scénario sans se servir d'un matos de base évident (même si The Killing Joke apparait en filigrane, il parait). Bref y a du boulot sur la forme et c'est indéniable.
Le reste est moins flagrant. Si le film devrait souffrir de deux scènes. Ce serait celle des deux ferrys, qui renvoient aux scènes dégoulinantes de patriotisme de la trilogie Spiderman même si c'est moins appuyé ici. Après on peut pas trop en vouloir à Batman pris en tenaille par Le Joker de n'avoir rien trouvé de mieux à dire que "cette ville vient de te montrer qu'elle croyait encore à la bonté". L'autre est plus vicelarde mais surement pire. C'est celle où l'honnête Lucius Fox découvre l'ignoble recours de Batman pour trouver le Joker. Déjà parce que le procédé visuel est moche et ensuite parce que sous le couvert de caution morale de Batman, le brave Lucius Fox ne refuse pas moins de se servir de la machine diabolique, bien utile ma fois. La tentative de rendre le héros faillible et de le voir transgresser ses règles est louable, mais si c'était pour l'expédier d'une phrase sentencieuse ce n'était pas la peine. Le problème c'est qu'évidemment ces deux scènes apparaissent dans la dernière partie du film, sombre et peu spectaculaire. Toutes les scènes cools sont ées et s'il n'y avait pas eu cette dernière scène avec Harvey Dent et le commissaire Gordon on serait gravement resté sur notre faim.
Des détails donc, mais ce sont ces détails qui font de ce film, un extraordinaire film de gentils et de méchants. La scène où Bruce Wayne énumère le nom des flics qu'ils voient montrant que ce n'est pas juste un mec en collant, la scène où le Joker veut son coup de téléphone montrant toute l'ingéniosité de son plan (à égalité avec la réapparition de Gordon), les scènes toutes simples entre Alfred et Bruce, les truands réalistes dans un monde où seul Batman et le Joker jurent... Tout le talent du scénario tient à présenter un personnage qui n'est ni à l'aise en Bruce Wayne malgré l'apparence frivolité, ni dans son costume de Batman qu'il aimerait pouvoir quitter pour de bon. Un personnage qui n'a l'air bien que lorsqu'il blague avec son vieux majordome dans sa base secrète planquée sous des conteneurs pendant qu'il tire des balles dans des morceaux de béton pour analyser leur course. Juste un geek comme les autres.