Sous le régime autoritaire de Park Chung-hee, la Corée du Sud s’engage aux côtés des États-Unis pendant la guerre du Vietnam en échange de promesses financières. Environ 300 000 soldats coréens ont été envoyés sur place, formant le deuxième plus grand contingent après les Américains (C'est d'ailleurs toujours un sujet de discorde entre le Vietnam et la Corée du Sud). Mais Sunny ne parle ni de batailles ni de héros. Il raconte un autre combat, plus intime : celui d’une femme.
C’est en explorant la filmographie de Jeong Kyeong-ho (Hospital Playlist, Crash Course in Romance) que je suis tombé sur ce film. Sunny (2008), réalisé par Lee Joon-ik, montre la guerre du Vietnam vue par des civils coréens. On y suit Soon-yi (Soo Ae), une jeune femme timide mais déterminée à retrouver son mari, envoyé au front après avoir choisi la guerre plutôt que la prison.
Rejetée par son mari et sa belle-famille, elle décide de le redre en devenant chanteuse dans un groupe chargé de divertir les soldats. Mais ce voyage devient surtout un chemin personnel. Un vrai chemin de croix. À mesure que le groupe s’enfonce dans le bourbier vietnamien, Soon-yi se transforme. Elle se dévêtit, au sens propre comme au figuré et se reconstruit dans un monde brutal. Loin de chez elle, elle trouve dans la camaraderie des soldats une forme de fratrie, une source d’énergie. Telle une fleur poussant dans un sol aride, elle puise au milieu de tous ces hommes, une véritable énergie. De discrète et effacée, elle devient solide, affirmée. La fin du film le montre avec force.
On aurait aimé voir le couple évoluer un peu plus, surtout qu’il s’agit d’un mariage arrangé. Et il est vrai que la guerre reste souvent une toile de fond, sans influencer complètement le récit : c’est un peu frustrant.
La bande originale, vibrante et mélancolique, accompagne avec justesse la transformation de l’héroïne. Les sous-titres des chansons en révèlent toute la portée.
Sunny est une belle histoire sur une femme qui cherche sa place, son respect et un peu d’amour. Une quête intérieure, en pleine guerre, mais surtout en plein cœur d’elle-même.