Le statut de la Liberté ?
"T'es toujours avec ton copain ? Ouais, non, 'fin, tu vois, c'est compliqué"... Cette expression est partout, faute aux réseaux sociaux qui aiment s'emballer à la moindre complication amoureuse. Tour à tour, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande auraient pu mettre ce statut sur leur page Facebook. En effet, un agent extérieur s'est incrusté dans leurs couples respectifs, à savoir d'autres femmes. Dans ce film, c'est pareil pour Ben, personnage pantouflard joué par Manu Payet. Alors que ce trentenaire flemmard est à une semaine de se marier, la ravissante Vanessa fait irruption dans son quotidien jusque là tranquille. Or, Vanessa n'est pas n'importe qui, elle est tout simplement son plus vieux fantasme, celle qu'il a toujours fait er avant toutes les autres. Et c'est là que les malentendus s'enchaînent et que les situations se compliquent...
Après trois ans d'écriture acharnée avec son complice Romain Lévy, Manu Payet a pu enfin réaliser son fantasme. Non pas un plan à trois avec les deux femmes qui partagent l'affiche avec lui, mais er enfin à la réalisation. L'homme de radio qu'il a été sur NRJ a voulu changer de matériel, en s'essayant derrière la caméra après s'être exercé derrière le micro. Il s'est associé à Rodolphe Lauga, qu'il a rencontré sur le plateau de Radiostars. ce dernier travaillait en tant que cadreur, lui qui s'est aussi baladé sur les plateaux de "Blood Ties", "La vérité si je mens ! 3" ou encore " Supercondriaque". Et le mélange est détonnant. L'un fait valoir ses talents de scénariste tandis que l'autre met sa technique au service de l'oeuvre. Or, ce cher Manu Payet n'est pas rassasié. Et en bon gourmand, il s'attribue le premier rôle. Au moins, il connait sa partition par cœur et sait où il veut mener son personnage.
Son personnage, Ben, e par plusieurs étapes. A la fois nigaud et partisan du laisser-aller, il se retrouve pris dans le fol engrenage de la séduction. Son cœur balance entre la pétillante Juliette, qu'il va épo sous peu, et la sublime Vanessa, qui le tourmente. La première est interprétée par Anaïs Demoustier, qui fut cantonnée aux rôles dramatiques. Elle réussit ce grand saut grâce à une naïveté, une innocence, un regard et un sourire. Son élégance parvient à faire er un vocabulaire parfois cru mais jamais outrancier. Sa concurrente, c'est la ravissante Emmanuelle Chriqui. La Canadienne, peu connue dans l'Hexagone, apporte de la couleur et du sourire à une oeuvre qui n'en manque pas. Et que dire des seconds rôles, si déjantés mais qui ne tombent pas dans le déjà-vu. Certes, il y a le beau-père, le bon pote, les camarades d'école, mais tous ont une simplicité si légère qu'ils deviennent uniques.
Simple et rêveur, tels sont les qualificatifs qu'on pourrait attribuer à Ben. Sur des airs de Jean-Jacques Goldman ou Harry Belafonte, selon l'ambiance, il arrête le temps et vit l'instant présent. Ainsi se mêle la réalité et le rêve, l'humour et l'émotion. La scène du slow en est le parfait exemple, aussi belle que décalée. Pour ainsi dire, Manu Payet s'inscrit dans la courte lignée des réalisateurs français prônant le feel-good movie, ces films qui s'écartent du monde des Bisounours, mais qui donnent le smile. En effet, dans "Situation amoureuse : c'est compliqué", les engueulades et les prises de tête sont présentes, mais de courte durée. Ainsi, l'humour, les dialogues et la bonne ambiance restent maîtrisés et permettent d'oublier les détails bancals de la mise en scène.
Et voici comment, en une heure et demie, les personnes en couple vont commencer soit à douter de leur capacité à garder leur cont, soit à aimer davantage sa moitié. Et pour les célibataires, l'espoir est permis. Mais sans perdre de vue que les relations amoureuses, "c'est compliqué" !