Parmi les cinéastes d’Hollywood, Zack Snyder est, avec James Cameron, Peter Jackson et Ridley Scott, celui qui a probablement le plus joué la carte joker du Director’s cut (Watchmen, Sucker Punch, Dawn of Justice, Justice League...).
Sa première version de Rebel Moon sentait des pieds. Problème de structure, de rythme, de caractérisation... Ce n’était qu’un alignement de présentation de personnages stéréotypés qui n’avaient pas grand chose de neuf à se dire, ni même à proposer. On se fichait complètement d’eux. Cependant, il restait quelques bonnes idées.
Et voilà t’y pas que pouf pouf comme ça, sans rien dire, Netflix nous proposait quelques mois plus tard les director's cut des deux opus déjà sortis. Comme pour répondre aux nombreuses critiques négatives et leur dire que les deux premiers montages proposés n’étaient en fait que des brouillons tous publics.
Le director’s cut du premier opus, retitré Calice de sang et plus long d’une heure, est-il pour autant la preuve que la vision initiale de Snyder s’est faite charcutée au montage ?
Disons que ça devient plus appréciable. Et regardable.
Non pas que cette version évite les écueils de la précédente (les interactions entre les "héros" restent minimalistes, et les clichés gardent la vie dure : héroïne badass, vilains nazis de l’espace, princesse aux pouvoirs magiques, grand méchant restant dans l’ombre, démonstrations de cruauté du bad guy...). Mais la structure devient plus fluide, entrecoupée de flashbacks plus conséquents qui nourrissent le background de l’héroïne et sa dualité (sa discussion avec le roi), auxquelles s’ajoutent de jolies séquences contemplatives, le plus souvent dédiées au robot Jimmy, un androïde de combat dont on comprend ici mieux l’attitude ainsi que l’idée derrière le personnage : un robot fuyant la cruauté des hommes pour revenir à un état naturel auquel il n’appartient pas (voir sa manière de s’éloigner en courant comme le ferait un animal sauvage).
Moi qui mettait tout l’échec de la première version sur le compte des piètres qualités de scénariste de Snyder, j’avoue m’être peut-être trompé. Narrativement, ce director’s cut est bien plus cohérent.
S’ouvrant sur une séquence impressionnante de cruauté, rapidement suivie par une scène d’amour brute et décomplexée, Calice de sang retrouve enfin un peu de l’identité du Snyder de 300 et de Watchmen, lequel ne manque jamais, comme à son habitude, de composer des tableaux au ralenti sidérants de beauté, que l’on apprécie la Snyder touch ou pas. La violence graphique, bien plus présente, appuie aussi l’impact de certaines séquences, les rendant bien moins inoffensives que dans la première version (la mort de Sindri), tandis que le personnage d’Ed Skrein se révèle encore plus cruel et ambivalent, un meilleur méchant.
Certes, ce director’s cut ne corrige pas tous les défauts de la précédente version, le dernier acte surtout reste quasi inchangé. Mais il faut bien avouer qu’entre les deux versions, une empeste le produit mal torché là où l’autre dégage plus d’envergure et reflète mieux l’identité de son réalisateur.
Une version longue à privilégier donc.