Quiet Life
6.5
Quiet Life

Film de Alexandros Avranas (2024)

Une austérité qui frôle l’apathie

Avec Quiet LifeAlexandros Avranas tente d’explorer les séquelles psychologiques d’un traumatisme familial à travers une mise en scène épurée, voire ascétique. Malheureusement, cette rigueur stylistique finit par étouffer toute émotion, transformant une œuvre au potentiel fort en exercice aride.


Le film a pourtant un sujet intéressant, mettant en lumière un syndrome méconnu de résignation dans un cadre qui en illustre bien les causes. On sent qu’Avranas cherche à capturer un certain réalisme clinique, en s’appuyant sur une mise en scène minimaliste et une absence presque totale de musique. Si l’intention est louable, l’exécution lasse rapidement. Les plans fixes prolongés sur des visages inexpressifs et le recours systématique au champ-contrechamp donnent presque l’impression de regarder une série d’interviews plutôt qu’un drame cinématographique. Sans accompagnement sonore pour rythmer le récit, les scènes paraissent interminables et vides d’intensité.


L’interprétation, elle aussi, peine à convaincre. Si Chulpan Khamatova s’en sort avec justesse, Grigoriy Dobrygin, lui, semble figé dans une monotonie qui n’apporte rien à son personnage. Les enfants, censés être au cœur de l’émotion, peinent à exister autrement que par leurs pleurs, comme si le film considérait cela suffisant pour susciter de l’empathie. Ce manque d’épaisseur se retrouve dans l’écriture des personnages : leur é est réduit à un seul événement, l’attaque du père, alors que leur vie en Russie aurait pu offrir une richesse narrative bien plus convaincante.


Seule l’ironie involontaire des séances avec la psychologue apporte un semblant de relief. Avranas y frôle une mise en scène absurde qui, l’espace d’un instant, donne un peu d’épaisseur à ses personnages. Malheureusement, cette lueur disparaît aussi vite qu’elle est apparue, laissant place à une froideur clinique qui empêche toute immersion émotionnelle.


En voulant trop épurer son film, Avranas oublie de lui insuffler de la vie. Quiet Life s’enferme dans une austérité qui, au lieu de renforcer son propos, le vide de toute force dramatique. Difficile d’y voir autre chose qu’un exercice de style stérile.

4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films suédois

Créée

le 22 févr. 2025

Critique lue 24 fois

1 j'aime

lklgf

Écrit par

Critique lue 24 fois

1

D'autres avis sur Quiet Life

Le syndrome de la résignation

Qu'est-ce donc que le syndrome de résignation, de plus en plus en fréquent, semble t-il, chez des enfants de migrants auxquels on a refusé le droit d'asile ? Le cinéaste grec Alexandros Avranas...

le 4 oct. 2024

2 j'aime

Une austérité qui frôle l’apathie

Avec Quiet Life, Alexandros Avranas tente d’explorer les séquelles psychologiques d’un traumatisme familial à travers une mise en scène épurée, voire ascétique. Malheureusement, cette rigueur...

Par

le 22 févr. 2025

1 j'aime

La grande dépression

"C’est avec sobriété, mais surtout efficacité qu’Alexandros Avranas nous invite à découvrir les causes et conséquences d’une pathologie rarement abordée dans les œuvres de fiction. En s’inspirant de...

le 27 déc. 2024

1 j'aime

Du même critique

Sous les obus, l’Histoire vacille

Sergueï Bondartchouk poursuit son ambitieuse adaptation de Guerre et Paix, et cette troisième partie plonge pleinement dans le chaos de la bataille, offrant des visions grandioses du conflit...

Par

le 26 févr. 2025

2 j'aime

Une romance sous cloche

Avec Matt and Mara, Kazik Radwanski signe une chronique amoureuse d’un réalisme troublant, capturant avec une grande justesse la difficulté d’aimer et de s’engager.La mise en scène intimiste et...

Par

le 2 févr. 2025

2 j'aime

Critique de Reality+ par lklgf

Si l'on sent déjà les prémices de la réussite The Substance dans ce court métrage de Coralie Fargeat (process, aspect interrompu de la transformation, cicatrice dorsale), c'est tout de même moins...

Par

le 20 nov. 2024

2 j'aime