"N'aie pas pitié des morts, (...) . Aie plutôt pitié des vivants et surtout de ceux qui vivent sans amours.", écrivait J.K.Rowling : une citation qui illustre bien ce film où l'épouvante et la tristesse font corps ensemble, où l'épouvante est possédée par les questions existentielles.
Antiphrase et ironie dans le genre, dans le scénario, jusque dans le titre:
il n'y a pas de présence dans ce film, juste de l'absence même quand les êtres, vivants comme morts sont présents.
Presence, c'est une sorte de film de mœurs qui recherche l'attention du public en utilisant l'épouvante comme pur prétexte. Prétexte qui pourtant se manifeste par l'utilisation du concept connu de la caméra subjective qui épouse le regard de l'entité qui hante la maison et qui sera principalement un témoin voyeur, faisant du spectateur l'équivalent du fantôme.
Un fantôme plutôt bienveillant, victime de certaines choses, qui va donc être effrayé par les vivants, à l'exemple des portes qui s'ouvrent seules avant de révéler l'un d'entre eux. Épouvanté davantage par ce que les vivants font, par ce qu'ils lui ont déjà fait. Notamment parce que le véritable antagoniste est, lui aussi, inversé, non spectre mais bien vivant et criminel. Un être malsain, plein d'emprise, nocif et psychotique, digne du Joker de The Dark Knight mais physiquement bien plus ordinaire et banal.
D'où un second thème sur le harcèlement, la drogue, l'abus de l'autre, la banalisation de l'humour blessant, à l'image des "p'tites bites", "", qui ne se veulent que façon d'être moderne et décomplexé et qui foncièrement fait mal. À l'image, aussi, d'un échange entre la fille de la famille avec l'ami dealer de son frère qui lui révèle une blague "trash" ourdie vis à vis d'une de leurs amies; révélation qui amène la jeune fille à demander: "qu'est-ce qu'il a contre elle ?", trahissant la frontière ténue entre blague et méchanceté. Le message que prétend porter le wokisme sans jamais le porter vraiment, idéologie politique oblige, apporté ici par un média neutre, authentique et sincère. Et, heureusement, un message qui reste secondaire.
Car le thème principal est celui, évoqué au détour d'un des dialogues: l'athazagoraphobie, la peur d'être oublié ou ignoré. La volonté d'être pris en compte, d'être aimé ou apprécié. Et c'est donc à ce niveau que ce situe l'épouvante, plus psychologique et morale, même si le phatique remède à cette peur se manifeste en effet à la manière du poltergeist classique de film dit horrifique. Le film s'illustrera aussi par la représentation des affinités électives, l'arbitraire qui fera le lien ou l'absence de lien, l'ignorance, l'absence, l'intérêt et la ... présence !
C'est donc un parti pris original et réussi qui va à rebours des habitudes. Même du point de vue du casting, Lucy Liu se faisant voler la vedette par la vedette de tous les films que l'on a coutume d'oublier: la caméra. Un rappel de ce qui fait la réelle force des films d'épouvante qui joue sans cesse avec les codes et techniques du cinéma.
Entre Ghost, Paranormal activity et The Conjuring, le tout d'une manière si originale qu'au lieu de faire frissonner, ce film d'épouvante tire des larmes.