Pique-nique en pyjama par Bestiol
Réflexion faite, ça n'a pas l'air si difficile de réussir une comédie musicale:
– pas besoin de scénario élaboré, on n'a qu'à reprendre une pièce de Broadway (ils ne peuvent pas s'aimer. Pas pour le moment.)
– Pas besoin d'effets de mise en scène.
Des plans de coupe sur les visages ? Pourquoi faire ? On voit bien assez la coiffure de D. Day comme ça. Quant au bellâtre, son brushing a l'air dangereux. Autant pas s'approcher. On va tout filmer à distance, en bons plans-séquences, ça conservera une vue d'ensemble.
– Pas besoin que les acteurs principaux sachent danser. Les autres vont s'en charger.
– Pas besoin de savoir chanter non plus. Une voix rauque fera
l'affaire. Et plein de bonne volonté, ce sera suffisant.
Et pourtant. Et pourtant, ça marche, crescendo: des chansons qu'on aurait envie de pouvoir refredonner. Ça commence à brûle-pyjama, au milieu des défroisseuses automatiques, ça continue avec un mini-numéro de claquette, ça apothéose (un peu trop tôt ?) dans l'extraordinaire délire de couleurs qui virevoltent de partout vers partout (le pique-nique du titre français, fa-bu-lon !), et ça ne se calme pas, ça délire sévère dans un improbable bar (Fernando's Hideaway (O-lé!)), avec les deux uniques gros plans du film, sur l'impayable Gladys. Y'a même une chanson de cow-boys pour faire plaisir à Pruneau (There Once Was a Man/I love you more), et un trio délirant, le mémorable Ssssssssteam heat. Géant.