Paprika
7.6
Paprika

Long-métrage d'animation de Satoshi Kon (2006)

Romantic Dreams

Paprika, c’est une « rêve » party grandeur nature, un labyrinthe de rêveries foutraques et de cauchemars grandiloquents, aux couleurs chatoyantes qui débordent d’inventivité visuelle et qui derrière cette fantaisie constante, cache ce qu’il y a de plus humain en nous. Dans un Japon contemporain, un groupe de chercheur a inventé une technologie permettant de rentrer dans les rêves pour comprendre l’inconscient humain. D’emblée, le film nous insère dans l’esprit psychique de ce flic un peu perdu, s’accrochant de branches en branches, allant de strates en strates, où chaque pièce dévoile une symbolique bien précise. Satoshi Kon voit en l’illusion et la perte de degré de réalité une thématique principale, pour mieux apprivoiser son art et refléter la véritable réalité de ce qui fait la nature propre de ses personnages à l’image de ce duo schizophrénique Atsuko Chiba vs Paprika.


Mais cette machine, appelé communément DC Mini, est convoitée et est volée par une sorte terroriste voulant devenir le maître des rêves. A partir de là, une quête pour retrouver le coupable va plonger Paprika dans frénésie virtuelle sans fin, où l’on era de la réalité au rêve ou inversement, où l’on sortira d’un rêve pour rentrer dans celui d’un autre. C’est dans ce but, que les MDC Dini avaient comme possibilité de multiplier et d’unir les rêves de tout un chacun. Satoshi Kon, part dans un délire complet, sans jamais se perdre, constituant un récit porté par un montage dantesque qui manipule autant l’esprit des protagonistes que celui du spectateur.


On y voit des hommes géants, des poupées qui parlent, des hommes se transformant en robot, une fée qui vole, toute une imagerie surréaliste enivrante, à la classe implacable. Le monde des rêveries, est un monde peuplé de folie, de trouvailles graphiques qui oscillent entre un réalisme perturbant et symbolisme lyrisme déroutant. Cela va sans dire que le dessin est grandiose, débouchant sur un spectacle d’une beauté à couper le souffle. De minutes en minutes, une intrigue à la fois attachante et quasi horrifique prend du volume, et distille en filigrane un regard singulier mettant un visage sur les torpeurs de tous ses personnages. Malgré cette démesure perpétuelle, offrant un univers onirique et surréaliste, le film n’est pas prisonnier de son dispositif transgressif à la narration alambiquée.


Jamais excluant et toujours ludique, le film pourrait se perdre dans les limbes de sa féerie, s’imaginer comme un simple délire fluorescent ant d’un monde à un autre sans aucune raison, catapultant au coup de vent des thématiques comme celle de la mise en abîme du cinéma, mais Paprika n’oublie jamais de parler de l’humain, et ce qui fait de lui un rêveur, avec cette capacité à se créer un monde miroir, mais qui a comme l’inconvénient de s’isoler et permettant de ne pas dévoiler nos plus lointains secrets. Paprika sait redescendre sur terre pour mettre un point d’honneur à retranscrire une émotion fine mais terriblement révélatrice, faisant de cette œuvre une expérience sensorielle à la densité insoupçonnable.

9
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2016

Critique lue 3.9K fois

60 j'aime

1 commentaire

Velvetman

Écrit par

Critique lue 3.9K fois

60
1

D'autres avis sur Paprika

Critique de Paprika par SanFelice

Voilà la critique pour laquelle je vais me faire huer et insulter, pour laquelle je vais recevoir des menaces de mort et perdre la moitié de mes abonnés. Je n'ai pas aimé Paprika. On m'avait vendu le...

Par

le 11 nov. 2013

105 j'aime

25

I dreamed a dream !

Paprika est clairement une oeuvre à part. Une sorte de testament cinématographique pour son réalisateur, malheureusement décédé, qui va nous faire rêver pendant 1h30. Paprika n'est pas définissable...

le 31 oct. 2013

89 j'aime

22

Romantic Dreams

Paprika, c’est une « rêve » party grandeur nature, un labyrinthe de rêveries foutraques et de cauchemars grandiloquents, aux couleurs chatoyantes qui débordent d’inventivité visuelle et qui derrière...

Par

le 16 févr. 2016

60 j'aime

1

Du même critique

Cannibal beauty

Un film. Deux notions. La beauté et la mort. Avec Nicolas Winding Refn et The Neon Demon, la consonance cinématographique est révélatrice d’une emphase parfaite entre un auteur et son art. Qui de...

Par

le 23 mai 2016

276 j'aime

13

Le lexique du temps

Les nouveaux visages du cinéma Hollywoodien se mettent subitement à la science-fiction. Cela devient-il un age obligé ou est-ce un environnement propice à la création, au développement des...

Par

le 10 déc. 2016

260 j'aime

19

La nostalgie des étoiles

Le marasme est là, le nouveau Star Wars vient de prendre place dans nos salles obscures, tel un Destroyer qui viendrait affaiblir l’éclat d’une planète. Les sabres, les X Wing, les pouvoirs, la...

Par

le 20 déc. 2015

208 j'aime

21