Difficile d'aborder sans à priori le nouveau film de Lee Daniels: hué à Cannes où il a fait parlé de lui en mal, Zac Efron à l'affiche, Nicole Kidman (que je n'affectionne pas toujours)... Mais soyons clair, le problème de ce film ne vient pas de ces soit-disant scènes chocs qui s'avèrent finalement être de vulgaires blagues qui n'apportent rien au film, ni de Zac Efron en particulier, bien qu'il ne soit pas particulièrement brillant loin de là. C'est tout ce gâchis de potentiel qui révolte, c'est cette manière brouillonne et hautaine de réaliser qui plombe le film, c'est cette incohérence qui fait crier "Pourquoi?'.
Commençons par le début, à priori le pitch a de quoi attirer; on sent le polar américain sympa et sombre autour duquel gravite une histoire de fascination sexuelle par très catholique. Mais le fait est, Lee Daniels s'en bat totalement la race du côté polar du film, on ne voit quasiment rien de l'affaire et tous ses évènements sont tronqués, bâclés voire dans la majeure partie du temps, absents. Ce qui intéresse Daniels, c'est que Kidman elle fait grave bander Zac avec son botox et que lui ne comprend pas comment elle peut être amoureuse d'un bouseux en prison.
Je suis méchant, mais le réalisateur s'attarde tellement sur cet aspect du film que ça en est désolant, et les choses n'évoluent guère: on nous montre que Zac, il l'aime quand même vachement Nicole, et ce suffisamment pour que le plus demeuré des spectateurs l'intègre, puis le reste de la relation restera, en évitant de spoiler, très prévisible. A côté de ça, on aurait eu envie de voir autre chose ; McConnaughey est très bon, et son personnage est prometteur mais plutôt mal exploité. Et à son image, on s'accroche aux performances individuelles: la sienne et, il faut le reconnaître, celle de Nicole Kidman. On pourra parler de rôle à Oscar, certes, mais elle fait quelque chose que peu d'actrices font, jonglant habilement entre sensibilité, nervosité, grotesque et folie. Dans son rôle de Barbie Old School refaite et vulgaire, elle devient à nouveau (après Eyes Wide Shut ou Prête à tout) l'objet de tous les fantasmes qui pousse les hommes à leur perte.
Pour finir, je dirais que Paperboy est un film brouillon qui sert très mal ses acteurs. On l'impression que le réalisateur a voulu faire de tout: de la provoc, du What the fuck, du kitch, du pathos, du burlesque, du politiquement incorrect, du on-a-été-méchant-avec-les-noirs, du glamour, du sex etc etc... On ne s'y retrouve plus du coup. Et les scènes annoncées comme chocs (je ne pense spoiler personne en rappelant que Kidman fait pipi sur Efron) s'avèrent bien plus risibles qu'autre chose. Au final, Paperboy ne ressemble pas à ce qui était annoncé. Le problème, c'est qu'il ne ressemble à pas grand chose non plus.