A priori, et sans s'être trop renseigné sur le film, il est clair que ce dernier parle d'emblée à une niche de spectateurs qui n'a, tout simplement, jamais eu l'occasion de voir un Kaiju eiga à 200 000 dollars. Le contrecoup, c'est que c'est produit par les ricains. Malheureusement, et je suis le premier peiné d'écrire ça, on n'a rien sans rien, et quoiqu'on en dise, il est imprudent d'espérer que la présence d'un réalisateur aussi prestigieux et talentueux que Guillermo Del Toro puisse impacter la production au point que l'on ait affaire, en définitive, à un film d'auteur.
Le film s'adresse donc au grand public, ce qui n'est pas forcément un problème pour une production de divertissement de cette envergure, mais il est garni de poncifs pas franchement biens exploités. Du duo comique qui en fait des caisses à la psychologie binaire des protagonistes principaux, ça n'est pas dans l'écriture que Pacific BIM, mais dans ses choix de représentation, au-delà même de la réalisation.
L'échelle des affrontements et l'élégance de leur représentation est inédite. La scène centrale du film fait, à cet égard, dores et déjà office de monument. La générosité du découpage et la finesse du montage contraste radicalement avec la sauvagerie des combats, qui n'ont rien de la mission militaire encadrée avec rigueur. Les kaijus sont tout aussi massifs qu'imprévisibles et tenaces, ainsi les pilotes de mechas (Jeagers) doivent improviser et s'adonnent à des joutes qui tiennent véritablement du combat de rue viscéral. C'est exceptionnel, et le plaisir qui en est retiré nous fait allègrement oublier les tares structurelles du film sans pour autant les effacer.
P.S.
Au rang des réussites, il me semble aussi important de citer les décors et notamment le hangar à Jeagers, fourmilière humaine où s'agitent indistinctement scientifiques, ouvriers et techniciens. Un temple de métal très bien mis en valeur par ces plans larges bardés de figurants dont Del Toro nous avait déjà fait l'agréable démonstration dans Hellboy 2.