Soyons honnêtes, nous savions préalablement tous, Robert Eggers le premier, qu’il ne serait pas à la hauteur. Parce que lui, c’est le petit de bande, pas le cadet, non, mais le nain comparé aux géants.
Tous les films d’Herzog sont intéressants, oh, pas irréprochables par la forme mais affûtant l’intelligence, provocant les sentiments, exigeant l'adhésion totale du spectateur.
Le "nouveau" Nosferatu, par sa forme, est là aussi très loin d’être parfait, à certains moments même ablement ennuyeux, trop convenu lorsqu’il réussit, trop explicite là où il échoue. Il lui est bien difficile de véritablement convaincre, et c'est pourtant bien ce qu'il s'efforce à vouloir faire en permanence.
Trop convenus sont les ages obligés, les plus attendus (ici prévisibles) : du age en Orient, des ténèbres du château des Carpates, de la révélation monstrueuse du Comte, du voyage du Demeter.
Trop explicite, la relation vampirique qui unie les deux amants, trop explicite la possession de la jeune femme, trop explicite le combat féministe, pour aboutir à un personnage d’Ellen paradoxalement rationnel. Heureusement, Eggers a l’intuition de se saisir des archétypes qui jalonnait déjà la version d’Herzog. Hélas ce qu’il lui manque, c’est le jusqu’au-boutisme et le caractère démiurge d’un Herzog ou d’un Coppola, indispensable pour dompter la Bête cinématographique. Alors, les outrances du récit sonnent creux là où ceux d’Herzog et de Murnau se drapaient d’étrangeté, se nappaient d’ambiguïté, terrés dans le mystère.