Le dernier James Bond en date, et conclusion de la phase Daniel Craig. Un film mal rythmé mais qui s'en sort grâce à une histoire propre aux rebondissements, dont le côté "dystopique" rappelle le dernier Mission Impossible, en moins couillon toutefois ; et des scènes d'action réussies et surtout lisibles, ce qui à notre époque peut apparaître comme une gageure : celle dans la forêt norvégienne notamment est un petit bijou d'intensité classieuse qui fait plaisir à voir.
Tenu jusqu'ici éloigné des préoccupations woke, ce volet de James Bond n'y loupe pas, plus ou moins subtilement, mais quand même, ce qui tend à m'inquiéter pour la suite. Hormis cela, le film profite de nouveau d'une production stratosphérique et démontre à quel point la saga a su parfaitement se fondre dans les conventions du blockbuster contemporain sans apparaître déée, mais au contraire comme une sorte de syncrétisme bien amené entre le lyrisme européen du personnage de Bond et la flamboyance d'une réalisation à l'américaine.
Le jeu d'acteur est bon, bien que moins impactant que dans Skyfall, où la gravitas prenait le pas sur l'aspect "conspi-NWO" (déjà ringard, car trop méta) de la société Spectre. Léa Seydoux s'affirme définitivement comme une actrice de rang international ce qui fait plaisir à voir.
En revanche le film manque de sincérité et de violence dans ses phases "calmes", ce qui tranche avec la grandiloquence du complot auquel James doit faire face. Sa hiérarchie, le poids de l'Etat où de la géopolitique (effleurés à la toute fin, mais de manière anecdotique) ne se font pas suffisamment ressentir sur lui.
La fin, parlons-en d'ailleurs. Elle est de mon point de vue un gros ratage, car œuvrant à son échelle à entretenir l'idée d'un pessimisme sur les progrès technologiques et sur la capacité des humains à y faire face. On pourra m'opposer l'argument que c'est un moyen, radical, de fermer la parenthèse Craig. Certes, mais tout de même, de là à faire mourir le protagoniste de la saga sur lequel celle-ci se fonde... Ou comment donner du grain à moudre aux défenseurs d'une vision décadentiste de la société occidentale, et de ce qu'elle incarne pour le grand public.