Si l'on est resté sur l'excellent souvenir d'Ex Libris (2017) qui menait une enquête éclairante sur les défis et les enjeux d'une bibliothèque publique, on prend le risque de s'égarer dans ce nouveau documentaire qui présente pourtant les mêmes qualités de savoir-faire du réalisateur-producteur : la caméra s'installe dans des scènes dont l'authenticité peut difficilement être mise en doute et la maîtrise technique du son et de la photo sont au top. Par contre l'objet de la recherche demeure obscur. Les scènes de la vie quotidienne sont d'une banalité assommante. Est-ce parce que tout est si ordinaire dans ce genre de petite ville rurale du Mid-West que les gens votent Trump comme un seul homme ? C'est en tous cas ce que semblent suggérer certaines inflexions du film ainsi que la critique. Cela n'est pas très convaincant. Pas mal de séquences constituent des petits morceaux de bravoure sans pourtant converger vers une explication d'ensemble. Par exemple, les images de l'opération effectuée par un vétérinaire pour couper la queue d'un chien sont particulièrement répugnantes et inquiétantes. Est-il pour autant honnête d'inscrire le malaise qui en découle au débit de cette population de fermiers obèses et gros consommateurs de pesticides ? Le final (plus d'un quart d'heure sur un enterrement) plombe définitivement le film en inscrivant l'ensemble de la communauté dans la mort prochaine, comme si ailleurs dans le monde les gens ne mouraient pas.