Monkey Man
6.4
Monkey Man

Film de Dev Patel (2024)

Même les sages singent les autres

Les défauts de Monkey Man ont abondamment été mis en avant et commentés, mais lui reprocher de singer (en l'occurrence John Wick), c'est faire bien peu de cas de sa nature propre.

Evidemment, le personnage principal (Bobby) est un gentil garçon, qui a perdu un être cher, s'attache à un adorable représentant de la gente canine, se fâche, fomente une terrible vengeance , tout habillé de noir comme si déjà il portait le deuil de ses adversaires. Pourtant Monkey Man ne saurait être réduit à cette simple inspiration, l'épopée de ce catcheur looser payé pour se prendre des raclées sur le ring dissimulé derrière un masque simiesque rappelle parfois Rocky, lors de scènes d'entrainement intense qui révèlent la véritable grandeur de l'homme et ses capacités de déement.

Les imperfections de ce premier exercice sont il est vrai assez nombreuses, et d'autres, nous les aborderons plus loin, un peu plus ennuyeuses que ces emprunts ou plagiats supposés. Cependant, "Monkey Man" est également un film hautement attachant, pétri de bonnes intentions, ancré plus profondément dans un contexte social, politique que les "actionneurs" classiques. Pour ces raisons, il a été fraichement accueilli par les autorités indiennes qui ont tardé à délivrer le visa de sortie.

Patel, acteur et désormais réalisateur britannique, n'est effectivement pas tendre avec sa patrie d'origine, exhibant des rues sordides, crasseuses à l'image de la moralité de nombre de ses personnages à l'âme corrompue. Certains par choix et pour asseoir une position sociale établie, d'autres par nécessité, pour assurer leur survie. Bobby lui-même surnommé "Kid" est un ancien taulard, marqué ,(nous le découvrirons petit à petit par une succession de flashbacks un peu redondants) par l'assassinat de sa mère, serveur dans un établissement chic et se trouve témoin des abus de la classe dominante, versant dans la luxure, la drogue, un univers dans lequel les hommes achètent les femmes humilie les faibles. Ce qu'il voit alimente son côté sombre, une animalité que l'on devine présente, prégnante et lorsqu'un acte de vengeance manqué lui fait irrémédiablement perdre pied, il cède à une violence déraisonnée.

"Monkey Man" devient également un film d'action, mais ici les scènes de combat ne sont pas esthétisantes, chorégraphiées, au contraire tout n'est que fureur, expression de la fièvre vengeresse qui anime le "Kid". La caméra est posée en plein cœur des scènes, virevoltante, accentuant le sentiment d'immersion, même si l'utilisation répétée des plans de proximité donne parfois une sensation un peu claustrophobe.

Bref "Monkey Man" est bien une œuvre imparfaite, mais c'est un film fait avec un cœur et une envie énormes, et c'est déjà beaucoup...

7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ça s'est é en 2024

Créée

le 25 avr. 2024

Critique lue 479 fois

46 j'aime

Yoshii

Écrit par

Critique lue 479 fois

46

D'autres avis sur Monkey Man

Un metteur en singe prometteur...

Dans le film Monkey Man, on suit un jeune homme (Dev Patel) qui gagne péniblement sa vie en tant que combattant clandestin. Refoulant sa rage dans un monde injuste, il découvre un moyen d'infiltrer...

Par

le 7 avr. 2024

48 j'aime

2

Même les sages singent les autres

Les défauts de Monkey Man ont abondamment été mis en avant et commentés, mais lui reprocher de singer (en l'occurrence John Wick), c'est faire bien peu de cas de sa nature propre.Evidemment, le...

Par

le 25 avr. 2024

46 j'aime

Hanuman moderne

J’attendais beaucoup de ce film mêlant , vengeance et mythologie indienne. Il a même déé mes attentes même si je n’aime pas du tout l’acteur principal Dev PATEL, il est cependant très convaincant...

le 18 avr. 2024

39 j'aime

Du même critique

« Nous avons rencontré notre ennemi et c'est nous encore » *

Jamais peut-être depuis 1938 (et le canular fabuleux d'Orson Welles, qui le temps d'une représentation radiophonique de "La guerre des mondes" sema la panique aux Etats-Unis), une illustration...

Par

le 15 avr. 2024

137 j'aime

23

Space Opéra Pré-Apocalyptique

La relative déception qui accompagne la sortie de Mickey 17 n'a finalement rien de surprenant, au vu des attentes probablement démesurées suscitées par le projet depuis sa genèse. Multi récompensé,...

Par

le 5 mars 2025

105 j'aime

12

Edifice en carton

Accompagné d'une bande annonce grandiloquente, encensé avant même sa sortie par une presse quasi unanime, "The brutalist" se présente d'emblée comme l'œuvre d’un cinéaste malin, notamment par son...

Par

le 10 févr. 2025

103 j'aime

31