On pourrait penser le sujet évident lorsque l’on va voir ce métrage, pourtant, il surprend par la multitude d’éléments abordés, avec brio disons-le, des thèmes parfois tabous ou que l’on préfère tout simplement taire, parce que nous n’avons pas envie de les voir, pas envie d’en prendre connaissance, restant dans ce petit monde bien approprié qui est le nôtre, où rien ne doit déer, surtout pas la différence. Plus que le handicap ici, on nous montre que les personnes qui en sont atteintes sont finalement des adultes comme vous et moi, qu’il faut avant tout, arrêter d’infantiliser, parce que dès lors qu’ils parviennent à appréhender les conséquences de leurs actes, que chacun d’eux connait les limites du consentement, ils peuvent choisir la façon dont ils souhaitent vivre, sans que d’autres ne décident pour eux. Malheureusement, dans notre société actuelle, il est bien difficile de faire entendre sa voix lorsque l’on est différent, parce que personne ne veut prêter une vie sexuelle, une vie amoureuse à ces êtres à part, comme s’il était impensable qu’ils puissent éprouver de l’amour, des envies, comme tout à chacun, ainsi, on brise les barrières bien établies, remettant les choses dans leur contexte et nous poussant enfin à voir une certaine réalité qu’il serait bon de ne pas dénigrer. C’est alors le lien maternel qui est exposé ici, dans tout ce qu’il a de plus complexe, parce que parfois, malgré un amour incommensurable, il est difficile de pouvoir tout gérer, les sacrifices sont nombreux, presque insurmontables, si l’on ne parvient pas à trouver une aide extérieure et là encore, le regard des autres vient peser sur tout ce que vous entreprenez, y compris lorsque vous osez prendre un peu de temps pour vous. La réalisation d’Anne-Sophie Bailly est incroyablement touchante de vérités, elle n’a pas choisi la facilité, mais elle a su maîtriser ses sujets, leur apporter le cadre idéal, dans un écrin d’une photographie superbe et tout en subtilité. Visuellement, c’est effectivement assez simple, sans extravagance, mais on laisse toute la place au réalisme, sans fards, sans fioritures, à travers des paysages qui insufflent le sentiment de liberté qui peut parfois tant manquer lorsque vous n’avez pas le choix que d’être enfermé dans un quotidien si lourd. En ce qui concerne le scénario, il n’a pas pour vocation d’être compliqué, mais de nous exposer ses sujets en toute humanité, d’une sensibilité rare, son postulat de départ vient nous pousser à réfléchir sur une multitude de questions, en faisant un récit d’une profondeur sans égale, qui restera longtemps dans nos mémoires. Ainsi, on se prend certaines vérités de plein fouet, des vérités qui méritent d’être mises sur le devant de la scène, parce qu’elles sont nécessaires, parce qu’il serait bon d’ouvrir les yeux sur certaines situations, de ne plus faire de tabou sur ce qui ne devrait pas l’être, parce que l’amour existe pour tous, peu importe votre différence, chacun de nous y a droit, sans que l’on trouve à y redire. Quant au casting, il est absolument formidable, Laure Calamy y est toujours aussi remarquable de talent, il est à noter la performance bouleversante de Charles Peccia-Galletto et j’ai été particulièrement touchée par le rôle de Geert Van Rampelberg.
En bref : Un film d’une profondeur extraordinaire, qui n’aura choisi la facilité à aucun moment, nous plongeant au cœur d’une réalité, celui du handicap, de la façon dont le monde extérieur le perçoit, à travers le lien maternel, de cet amour inconditionnel, mais également des sacrifices qui en découlent invariablement, c’est aussi une histoire d’amour, sans frontières, sans barrières, comme il devrait être, parce que personne ne devrait pouvoir juger de ce qui est possible ou non et décider à la place de ceux qui en sont tout à fait capables !
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