"Millennium Mambo" séduit et déçoit à la fois. Il séduit parce que sa magnifique pertinence quant à la perte de sens de la vie moderne (le grand thème des années 60, revitalisé depuis un moment par les cinéastes taïwanais) s'appuie sur la présence sublime de Shu Qi. Il déçoit en alternant plusieurs systèmes formels, dont l'hétérogénéité finit par nuire à la force de l'ensemble : on e d'un cinéma formaliste aux thèmes et à la manière furieusement "Wong Kar Waiens" - sans le romantisme échevelé - à des scènes brutes de conflits physiques, qui ne sont pas sans rappeler Pialat et "A nos Amours" (sans parvenir au sentiment d'écorchement et d'élévation de ce dernier). Le meilleur est sans aucun doute quand Hou Hsiao Hsien est simplement lui-même, lors des magnifiques scènes d'hiver au Japon, d'une rare sensibilité et d'une étrange beauté. Enfin, on ne pourra que célébrer l'intelligence remarquable de l'utilisation de la musique, pour beaucoup dans la fascination que procurent les meilleurs scènes de "Millenium Mambo". [Critique écrite en 2006]