Le prix de l'argent souffle impitoyable, transformant la beauté du sport en simple marchandise.Tous ces petits pions à la recherche de perles rares, aux herbes toujours plus vertes, qui négocient à l'ombre des arènes. Alors, qu'importe lorsque la victoire n'est jamais seule et qu'elle enflamme les stades de scènes d'émotion, après qu'elles finissent par se noyer dans une soif de profit.
Mercato, de Tristan Séguéla, nous plonge avec plus ou moins de talent dans les coulisses de tous ces transferts de joueurs de foot. Un univers où le but n'est pas de marquer, mais de signer. Pour Driss (Jamel Debbouze), agent de joueurs, c'est une course contre la montre, où il joue sa carrière et sa réputation, mais aussi sa vie.
Contre toute attente, Jamel Debbouze, qui donnait l'impression de ne plus avoir grand-chose à dire, ni au cinéma, ni à travers ses blagues assez usées, se trouve à interpréter un agent de joueurs, loin du rire facile. Plus proche des fragilités humaines et de ces choix douteux, où se mêlent des questions sociales et économiques qui résonnent d'une manière inattendue.
Jamel Debbouze joue l'acteur de demain. Celui qui n'a plus seulement pour mission de faire rire, mais de faire réfléchir. Le costume est un peu large, mais le cynisme et la tchatche sont bien là. Ainsi, sans briller, Jamel Debbouze apporte une certaine crédibilité à son personnage, sans cesse au des meilleurs contrats. Tel un chasseur de primes à l'affût, sans scrupule ni morale, perdu aux confins obscurs des transactions.
Rien ne l'arrête, il pousse toutes les portes, petites et grandes, avec toujours cette même façon de flatter l'égo. Maîtriser les codes, sans jamais oublier d'être un frère, une mère, une nounou. Tout sauf honnête, bien sûr : l'argent avant tout.
Un thriller saisissant, au cœur de ce monde et de ces stars du ballon rond, qui aiment se voir frimer, sortir aux côtés de cet entourage toxique, dans ces clubs VIP. Entourés de ces jolis corps féminins, jamais bien loin, qui continuent le rêve, mais aussi parfois la chute.
Driss a maintenant sept jours pour sauver sa peau, en montrant tous ses talents de grand manipulateur. De promesses de carrières dorées, auprès de ce grand enfant de Bentarek (Hakim Jemili), et de toutes ces valeurs marchandes, partout dans le monde, qui ne cessent de le fuir, entre jet privé et train à grande vitesse. Espérant qu'une belle signature le sauve de l'oubli de tous ces requins affamés, qui n'attendent que de lui shooter la tête.
Et puis il y a ce jeune garçon, étrangement seul, Abel (Milo Macheso-Graner), son fils. Acteur à la maturité surprenante, au milieu de ce grand stade, cherchant désespérément le regard de son père. Un enfant différent qui n'aura connu que le manque et l'absence d'un père qui ne comprend rien à sa pauvre condition de joueur jetable et remplaçable.
Cette rencontre, c'est aussi la beauté du jeu, le football et ses mystères. Une renaissance et un soulagement. Un père qui, pour la première fois, ouvre les yeux vers son fils, par peur de n'être plus rien, de disparaître sans que personne ne se souvienne de lui. Prendre conscience que certains transferts n'ont pas de prix.