Martyrs
6.3
Martyrs

Film de Pascal Laugier (2008)

Préparons-nous sérieusement, en poutrant ce monde sans douceur ni enthousiasme

Proposition d'un courage immense. Je pense que ce qu'il porte dée largement l'entendement et les intentions de ses auteurs. Ce n'est pas dit pour être désobligeante, au contraire, je crois que ce Pascal Laugier ou ceux qui l'ont inspiré ont osé s'attaquer à très gros, beaucoup plus qu'eux et ils en récoltent les lauriers. Ce film nous prend de face en nous renvoyant à la double question fondamentale : quelle est la cause première et qu'y a-t-il après la vie ? La réponse à la seconde devrait éclaircir toutes les autres.


Les religions n'ont su que nous consoler ou nous préserver la plupart du temps, à raison probablement quand on voit la faiblesse des gens, tellement désemparés quand leurs vérités pseudo millénaires menacent de s'effondrer dans l'indifférence générale ou le dédain. Que savez-vous de la mort et des voyages de votre esprit ? Rien sinon ce que vous en disent des histoires rapidement périmées. Ce sont des béquilles mais je n'ai plus de tendresse. Elles se sont avérées bien utiles dans l'Histoire mais aujourd'hui, alors que les croyances sociales les plus élémentaires deviennent grotesques ou s'effondrent, nous approchons du moment où ce face-à-face brûlant aura lieu.


À moins que les humains soient fauchés d'une quelconque manière ; je dis bien 'les humains' car je ne me sent pas solidaire, par ma constitution dégradée je peux me le permettre, c'est au moins ça la richesse de ma situation. Moi aussi je ne sais rien des mystères châtrant l'Humanité (et peut-être la vie complète !) depuis ses débuts, comme les fanatiques sans dogme de ce film et je comprends leur démarche même si elle est inique et immonde. C'est là que ce film est si renversant : nous n'avons pas (ou plus, si d'autres générations l'ont eu comme certains rêveurs bourrés aiment nous le chanter) connu de monde où nous étions prêts à payer le prix fort pour la connaissance, la puissance ou la vraie grâce.


Ce n'est pas la fille décalcinée qui est le plus subversif, bien que ce soit une abomination aidée par les montées de sauvageries du film ; c'est d'exposer franchement cette tentative d'éveil, spirituel pour faire court et en vérité d'éveil total. Mais quand nous arrêtons de nous prendre pour des animaux ou de bons gros idiots quelque chose s'ouvre qui nous terrasse et ne laisse personne retourner à sa pitoyable condition d'humain social en train de s'agiter, se justifier, calculer sa position. Même se défendre ; tout ça a tellement peu de sens, comme notre vie, si fructueuse soit-elle.


Ce qu'a vu la dame au turban est sûrement génial et elle doit donc le redre, pas par égoïsme ou par vertu, juste parce que c'est indicible et en parler ne servirait à rien. Ce serait intolérable. La clarté ne se communique pas, elle ne s'entend pas, ne se figure même pas. En attendant nous pataugerons dans notre mare pourrie, j'accepte ce sort sans humilité déplacée, mais je compte bien à terme connaître un état de grâce plus fort que moi où je pourrais m'abandonner et m'oublier éternellement, éveillée et dissoute, intégrée dans la plénitude.

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le 20 déc. 2016

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Grouie_Darling

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