Les Murs vagabonds
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Les Murs vagabonds

Long-métrage d'animation de Hiroyasu Ishida (2022)

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Des maisons à la dérive

Il y a des cinéastes qui nous marquent et d'autre qui savent satisfaire sans trop faire de vague. Soit parce que ce sont de jeunes cinéastes voulant faire des films plus simple comme Bruno Merle et son Felicità ou encore Hiroyasu Ishida qui m'avait plutôt convaincu avec son Le Mystère des pingouins. On peut alors rêver de la réunion des qualités des deux films. D'un côté le travail, on pourrait avoir tout le travail sur l'immeuble pouvant être une forme de refuge et de souvenirs menacé de disparaitre à tout jamais, qu'on va s'am à filmer comme un objet de curiosité (dans le cas de Gagarine, une fusée prête à décoller). De l'autre, on retrouverait tout le travail de Hiroyasu Ishida sur la jeunesse, et sa fascination envers les sciences de l'enfant qui viennent chercher une explication à des phénomènes surnaturels. Verdict: Ce film est fascinant.

Le film transpire, tout du long et dès ses premières scènes, d'une véritable tendresse et d'un amour fou pour son sujet. On le ressent dans la manère de filmer ces enfants avec beaucoup de bienveillance, mais aussi dans la manière qu'il a de représenter ces quartiers de logements sociaux en perpétuelle mouvement comme un être à part entière. On va avoir de nombreuses séquences, avec un thème au piano très envoutant et tendre, où l'on va voir les immeubles évoluer avec ou sans échaffaudabes, avec ou sans habitants aux fenêtres, et il est difficile de ne pas déceler une pointe de tristesse et de mélancolie dans la manière de regarder ces barres d'immeubles amenées à disparaitre qui nous font dire que le réalisateur a surement vécu cela (si ce n'est pas vrai, alors il aura tellement digéré et pris son sujet à bras le corps que cela en devient terrifiant). Tout est rendu avec une animation impeccable qui va éviter les détails superflux et la surcharge de couleur pour dépeindre une période qui n'existe plus vraiment. On n'est pas vraiment sur un film comme chateau ambulant avec des couleurs vives et des contrastes extrêmement marqué qui alourdissent parfois l'image. Ici on est dans un entre deux qui prend le meilleur des deux technique pour donner un résultat solaire et jeune au film, à l'image de ses personnages, mais tout en ayant une pointe de couleur douces et épuré qui encre l'univers dans une forme de capsule temporelle. Le tout colle magnifiquement bien avec le scénario du film et le ton du film qui joue entre les deux tons.

Le film parlent d'enfants quittant le CM2 et allant bientôt au collège, et le réalisateur a un don pour décrire avec détaille cette période très spécifique où l'on est un enfant, on est jeune, mais on rentre tout doucement dans l'adolescance sans jamais trop tomber dans une adolescance trop brutale comme un Harry Potter qui, par moment, Le Mystère des pingouins retrouveront cette sensibilité et cette tendresse pour l'enfant, mais seront surpris par les parti prix du film qui vont parfois dans un registre beaucoup plus noir. On va suivre des personnages au parcour parfois écorché vif à cause d'évènements traumatisants, qui ont détruits des amitiés voire même toute une famille, et qui vont devoir apprendre à se reconstruire à travers un évènement surnaturel qui va être une énigme pour ces personnages. Contrairement à son précédent film, ici l'énigme est beaucoup plus accessible (trop ? on y reviendra après) et est plus signifiant , et elle démarre avec une scène véritablement glassante et forte qui prend le contrepied totale avec le ton espiègle et joyeux dans lequel on démarre. Cependant cela ne vient à aucun moment comme une faute de gout mais bel et bien comme une nuance qui montre une autre face de cette période de l'âge. A cet âge il peut y avoir des disputes, des bagarres, des jeux dangereux, voire même parfois des accidents graves, et le film a bien compris que cela relevait du non sens d'éclipser cette facette de l'âge. C'est là qu'on remarque que l'on a un véritable auteur à la barre et un véritable expert des jeunes enfants rentrant tout doucement au collège (pas de sous-entendu aucun). On va alors voyager entre scène de pure juvénilité et de cruauté morale qui ferront mouche tant on est transporté dans une ambiance cohérente et tant le mystère autour de cet immeuble flotant sur les fleaux fascine. Cependant il y a un soucis, c'est que si le film est globalement très agréable et propose une véritable expérience agréable, le film est beaucoup trop long pour que cela ne soit sans défaut.

Le film ne souffre pas tant de longueurs, tant il sait écrire et rythmer ses scènes entre elle. Seulement le film n'a pas grand chose à raconter et à montrer mis à part son scénario qui aurait pu tenir en 1H20/1H30, et très vite on commence à tourner en rond et à anticiper une fin qui viendra 20 minutes voir 40 minutes plus tard. La chose est d'autant plus frustrante que le film sait bien conclure son histoire, mais qui, dans une volonté jusquauboutiste de finir les choses à sa manière, nous demande presque une demi heure de film qu'on subit comme Le Mystère des pingouins qu'il faut saluer et encourager pour permettre à son auteur de progresser de ses erreurs et attendre un point un jour où il marquera tout le monde. C'est encore balbutiant, mais je sens les prémices de quelque chose de dingue, et je serais aux premières loges pour voir son prochain film !


14/20


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le 25 sept. 2022

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Youdidi

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