Dans Les États-Unis et la Drogue : Une guerre sans fin (2012), Eugene Jarecki propose une critique lucide et percutante de la "War on Drugs", menée depuis les années 1970. À travers un montage rigoureux et des témoignages poignants, il démontre l’échec retentissant d’une politique plus destructrice que salvatrice. Ce documentaire, que j’ai noté 8.5/10, m’a profondément marqué par la clarté de son propos et la force de son engagement.
L’un des grands atouts du film réside dans sa capacité à articuler les faits de manière pédagogique tout en donnant la parole à ceux qui vivent les conséquences de cette guerre au quotidien : familles brisées, anciens détenus, juges, policiers… L’humanité qui se dégage de ces récits rend le message encore plus saisissant.
Jarecki ne s’attaque pas aux individus, mais à un système défaillant, révélant les inégalités raciales et sociales qui sous-tendent cette guerre. Son regard est critique, certes, mais toujours respectueux et nuancé. Il prend position, sans jamais imposer une vision dogmatique, ce qui rend sa démarche d’autant plus crédible.
Sur la forme, le documentaire reste sobre, presque classique, mais cette retenue sert le propos. On sent une volonté de privilégier le fond à tout artifice visuel, renforçant l’aspect documentaire au sens noble du terme. Seul bémol selon moi : certains aspects socioculturels, notamment l’influence de cette guerre dans les médias ou la culture populaire, sont à peine effleurés, là où un approfondissement aurait pu enrichir l’analyse.
En résumé, Les États-Unis et la Drogue est un documentaire puissant, à la fois engagé et mesuré, qui réussit à rendre compte d’une réalité complexe sans jamais perdre en clarté. Il s’agit d’une œuvre indispensable pour qui souhaite comprendre les rouages et les dérives d’une politique dont les impacts résonnent bien au-delà des frontières américaines.