Le 13 novembre 2015, en Tunisie, près du village de Slatnya, Mabrouk Soltani, 16 ans, est décapité par des Djihadistes alors qu'il fait paître son troupeau dans la montagne. Son cousin qui l'accompagne est laissé en vie pour apporter la tête du supplicié à sa mère et témoigner de la punition.
10 ans plus tard, Lofti Achour renomme les deux enfants Nizar et Achraf et reconstitue les évènements. La complicité des cousins, la dureté de la vie au milieu d'un désert de cailloux, la beauté et l'indépendance de la cousine convoitée, le meurtre, la peur des représailles, le deuil impossible, la recherche du corps, l'indifférence des autorités, le traumatisme d'un enfant... Achour retrace cette histoire et ses conséquences immédiates à travers le regard traumatisé d'Achraf. C'est par lui qu'Achour fait le portrait d'une jeunesse sacrifiée, assassinée ou témoin de la barbarie. Ainsi quand dans un rêve Achraf revoit Nizar et lui demande s'il a souffert, Nizar lui répond "moins que toi".
Si le film est très fort par l'histoire dont il est tiré, il l'est également par la forme de son récit qui contre-balance la violence du propos par une vision onirique des relations entre les enfants et de leur rapport à la mort. Enfin, l'esthétique du film sert parfaitement le message. La photographie est magnifique, autant dans les quelques scènes d'intérieur que dans celles en montagne ou sur le sol aride qui entoure le village. La beauté et l'excellence des comédiens, dont les jeunes Ali Helali, Yassine Samouni et Wided Dabebi, est aussi remarquable.
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