Notes sur le film : On perçoit clairement ce qui a intéressé John Sayles dans cette histoire vraie d’une équipe de baseball américain qui se couche devant une montagne d’argent : pour ce cinéaste de gauche, c’est l’assurance de raconter un nouveau récit de la confrontation entre des pauvres aux corps suppliciés et des riches dominants, qui sont dans la légalité (le patron de l’équipe) ou dans l’illégalité (les criminels et mafieux qui entraînent les joueurs vers la corruption).
Après avoir pris soin de préparer le terrain à la possibilité de la corruption – les stars, à savoir les joueurs, sont mal payés, voire pas respectés par le patron avare de l’équipe -, John Sayles n’oublie pas d’inclure la masse d’irateurs dans l’équation, faisant des joueurs une élite issue du peuple de manière légitime, par la force de leur talent. Et par le biais du rapport du personnage de John Cusack à de jeunes enfants qui l’irent, le film inclut dans son propos la bataille morale entre l’appât du gain, qu’on peut penser légitime de surcroît, et le respect pour soi comme pour ses ers, rassemblés en une communauté soudée par la volonté de victoire, et que la corruption peut heurter.
Le récit est solide, donc, mais pourquoi Les Coulisses de l’exploit apparaît comme un film mineur du cinéaste, d’autant plus placé entre deux grandes œuvres, Matewan (1988) et City of Hope (1991) ? Peut-être parce que les choix figuratifs et musicaux de John Sayles atténuent la puissance potentielle de son film : on perçoit intellectuellement la lutte qui anime les joueurs, mais on ne la ressent jamais vraiment, alors que le style néo-classique un peu terne évoque, ironiquement pour ce réalisateur de films indépendants, les films de studio de cette période.