Après la splendide et plutôt réussie opération marketing que fut La grande aventure Lego, la franchise remet le couvert en prenant Batman pour personnage principal. Elle aurait tort de se gêner.
Toute la franchise va donc être conviée dans un délire qui se place dès les premières scènes sous l’empire bien confortable de la parodie, où l’on rit de tout, notamment des codes qu’on s’empresse néanmoins de vous resservir.
Quelques scènes plutôt amusantes entament le récit, détournant le personnage de Wayne dans un délire égomaniaque d’envergure, et revisitant la longévité de son personnage : les diapos de sa longue filmographie, remontant jusqu’au lycra embarrassant des 60’s ou au du comics porté à l’écran grâce aux bruitages affichés à l’écran sont l’occasion d’une nostalgie distanciée assez sympathique, de même que le point de départ de l’intrigue, qui consiste à questionner la répétitivité même du processus : en gros, comment expliquer que Gotham, en dépit des interventions hors norme de Batman, soit toujours la ville au taux de criminalité le plus élevé au monde, et qu’il laisse systématiquement échapper les super vilains qu’il pourchasse ?
La séquence d’ouverture, éprouvante d’hystérie, donne le ton d’un film qui alternera entre le grand n’importe quoi et le manuel Biba de l’unité de la famille. Et là, c’est pas parodique.
Quand on bastonne entre DC en convoquant l’intégralité des méchants de Gotham et toute la Justice League, c’est déjà too much (sauf peut-être la vanne de Batman considérant qu’attaquer des super méchants est une idée super naze, bonjour le mea culpa post Suicide Squad), mais lorsqu’on décide d’aller gratter dans tout le rayon Warner et les créatures libres de droit, sortez les sacs à vomi. Les Gremlins, Voldemort, King Kong, Sauron, et d’autres que je n’ai même pas reconnus inondent l’écran à grands renforts de hurlements et d’explosions, mais c’est parodique, vous comprenez.
Il ne reste pas grand-chose de la malice de Lego Movie : l’humour est une franchise comme les autres, où l’on a compris que le méta se suffit à lui-même pour paraître lucide, que le contrepoint toutes les quatre minutes est la recette de la chute, et que les vannes crypto-gay sont toujours tendance, et qu’une BO de beauf des 80’s fera son petit effet sur la parents dans la salle : Rick Astley, Wham, et même *Cutting Crew*, je les avais oubliés ceux-là, grands dieux, mais c’est parodique, vous suivez ?
Il ne reste surtout rien de la question du sujet lui-même, à savoir le jeu de construction : tout au plus a-t-on droit à un ou deux agrégats de briques en plein vol, et deux répliques qui prétendent que tout est super génial : il fut un temps où cette phrase était parodique, vous vous souvenez ?
P.S. : une utilité involontaire du film : m’avoir fait découvrir que la superbe chanson One, notamment à l’œuvre dans Magnolia, n’est pas de la superbe Aimee Mann, mais du génial Harris Nilsson.